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PRÉRAPHAÉLITES

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Les précurseurs et la formation de la Confrérie

Deux facteurs importants annoncent la révolte préraphaélite. Il y eut, en premier lieu, la pénétration en Grande-Bretagne, au cours des années 1830 et 1840, du style italianisant guindé, propre aux nazaréens allemands qui travaillaient à Rome, et cela par l'intermédiaire de disciples tels que Williams Dyce, et grâce aussi aux projets conçus dans les années 1840 à l'occasion des importants concours de Westminster Hall pour les nouvelles chambres du Parlement. Des expériences furent alors tentées, portant sur la technique de la fresque, ainsi que des essais d'utilisation de couleurs pâles éliminant les forts contrastes d'ombre et de lumière de la peinture à l'huile, par des artistes tels que Dyce, Mulready et Brown.

Le second facteur déterminant fut la publication des Modern Painters (Peintres modernes) de Ruskin (vol. I., 1843 ; vol. II, 1846). Les préraphaélites découvraient le fondement même de leurs principes dans son éloge exalté de la simplicité et de la vérité de l'art italien primitif, et dans le conseil qu'il donnait à tous les jeunes peintres de retourner à la nature pour leur enseignement, « en ne rejetant rien, en ne sélectionnant rien, en ne méprisant rien, en croyant que toutes choses sont bonnes et justes, et en puisant sa joie dans la vérité ».

La première incitation à opérer une réforme vint de William Holman Hunt. S'étant mis tardivement à l'étude de l'art, il contestait déjà les pratiques habituelles lorsqu'il lut, en 1847, Les Peintres modernes. Cela le détermina à rompre définitivement avec les conventions artificielles et à pratiquer, à l'instigation de Ruskin (comme il le raconta longtemps après dans sa très importante autobiographie), « une peinture de plein air, avec un avant-plan et un arrière-plan, rendant dans leur totalité les feuillages bruns, les nuages de fumée et les encoignures sombres, peignant l'extérieur dans sa totalité, directement sur la toile elle-même, avec tous les détails que je peux apercevoir, et l'éclat du soleil lui-même ». Il décidait en même temps d'introduire dans ses sujets un contenu moral élevé.

Il convainquit Millais, son camarade d'études, de la justesse de ses vues. Millais possédait l'aisance technique du professionnel, qui faisait alors défaut à Hunt ; en outre, lauréat des écoles de la Royal Academy, il se trouvait au début d'une carrière assurée du succès. Un nouveau converti fut conquis en la personne de Rossetti, poussé à la fois par son intérêt pour la poésie de Keats et par son désir d'étudier la peinture. Rossetti introduisit Brown, qui s'essayait alors dans le style nazaréen et dans un réalisme à la Holbein ; Madox Brown donna des conseils mais resta à l'écart. Au cours de l'été de 1848, Millais montra à ses amis des gravures au trait de Lasinio d'après les fresques de Benozzo Gozzoli au Campo santo de Pise, les donnant comme le type même du style clair et simple dont ils devaient s'inspirer. À l'automne, de nouveaux adeptes, tous jeunes, se joignirent à eux ; ils décidèrent alors, dans un esprit révolutionnaire, de constituer la Confrérie préraphaélite, demandant leur inspiration aux sources de l'art italien dans la mesure où ils les connaissaient, et prenant la nature comme modèle.

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Pour citer cet article

Mary Gardner BENNETT. PRÉRAPHAÉLITES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

<it>Lorenzo et Isabella</it>, J. E. Millais - crédits :  Bridgeman Images

Lorenzo et Isabella, J. E. Millais

<it>Rienzi</it>, W. H. Hunt - crédits :  Bridgeman Images

Rienzi, W. H. Hunt

<it>The Renunciation of Elizabeth of Hungary</it> (<it>La Renonciation de la reine Élisabeth de Hongrie</it>), J. Collison - crédits :  Bridgeman Images

The Renunciation of Elizabeth of Hungary (La Renonciation de la reine Élisabeth de Hongrie), J. Collison

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

    • Écrit par et
    • 8 176 mots
    • 12 médias
    ...plus féconde se fait en marge de la Royal Academy, chez des isolés comme Samuel Palmer (1805-1881), qui a laissé d'étranges paysages visionnaires, ou dans le groupe des « préraphaélites » formé vers 1850. Néanmoins, il ne faut pas exagérer les différences d'inspiration entre les membres de ce groupe...
  • BLAKE WILLIAM (1757-1827)

    • Écrit par et
    • 5 465 mots
    • 6 médias
    ...contemporain Turner ; ce n'est pas le décor qui l'attire, mais plutôt le contenu religieux qu'il évoque. La réalité n'est pour lui, et il est en cela proche de Turner, qu'un point de départ pour l'imagination ; mais là s'arrête leur similitude, car l'œuvre de Blake annonce celle des préraphaélites.
  • ROMANTISME

    • Écrit par et
    • 22 170 mots
    • 24 médias
    ...et visionnaire, se retrouve poussé bien plus loin chez les nazaréens, en particulier les frères Olivier, et chez les peintres associés, puis chez les préraphaélites qui ont continué leur mouvement. Parmi ces derniers, Ford Madox Brown (1821-1893) va particulièrement loin dans la description de tous...
  • BROWN FORD MADOX (1821-1893)

    • Écrit par
    • 328 mots

    Peintre britannique né le 16 avril 1821 à Calais (France), mort le 6 octobre 1893 à Londres.

    Ford Madox Brown étudie l'art à Bruges et Anvers de 1837 à 1839. Ses premières œuvres sont marquées par une palette sombre et un sentiment dramatique, en parfait accord avec les sujets byroniens qu'il peint...

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