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POLICE

Les enjeux de la mutualisation

La police nationale est une force civile fortement syndiquée avec de nombreuses structures spécialisées. Chaque direction a des missions particulières, et il est difficile de dire que toutes se sentent pleinement impliquées de manière égale dans la mission globale de la police nationale. La tendance naturelle consiste plutôt à créer une nouvelle formation lorsqu'un nouveau problème est identifié. Les problèmes de sécurité et de rationalisation des moyens ont conduit la police nationale à se concentrer de plus en plus dans des hôtels de police ou commissariats distants des zones de tension. En outre, la politisation du débat concernant police de proximité ou police de quartier n'est pas de nature à faciliter l'émergence de solutions rationnelles et adaptées aux réalités différenciées du terrain. Les policiers sont par ailleurs à la recherche permanente de considération et d'augmentation de leurs revenus en compensation d'un métier de plus en plus difficile et peu soutenu par l'opinion publique.

La g endarmerie nationale est une force militaire non syndiquée avec une forte culture généraliste. L'accomplissement des missions prévaut sur le temps de travail. Le logement en caserne, sur le lieu de travail, facilite une disponibilité permanente, liée à la condition militaire. Les décalages entre ce mode de vie professionnelle et celui de la société civile furent une des causes principales du mouvement social qui a agité la gendarmerie nationale en 2001. Le gendarme reste fier de sa condition, aime son travail et est bien intégré dans la population. Même s'il convient de relativiser les résultats puisque le contexte de travail est différent et les procédures de recueil des données statistiques ne sont pas homogènes, le taux d'affaires élucidées est très largement supérieur à celui de la police nationale (41,1 p. 100 en 2007 alors que l'objectif global police-gendarmerie est de 40 p. 100 en 2009-2010). Les implantations des brigades sur l'ensemble du territoire assurent à la gendarmerie une grande proximité avec les citoyens et contribuent largement aux résultats obtenus.

Est-il possible de faire travailler ensemble deux institutions si proches dans leurs objectifs mais si différentes dans leur culture ? Depuis de nombreuses années, certains cercles de pensée, certains syndicats de policiers rêvent de voir les deux forces fusionner. Au sein de la gendarmerie, certains militaires envient les avantages financiers et le temps de travail de leurs collègues policiers, mais chacun voudrait garder sa culture de service. Au moment où le gouvernement annonce la « révision générale des politiques publiques » (R.G.P.P.), des experts, étrangers aux deux institutions, ont proposé la suppression de quelque 8 000 à 10 000 emplois et la fermeture de la moitié des brigades de gendarmerie. Cette fusion est-elle souhaitable ? Les différences fondamentales de culture, d'état d'esprit et de mode de relations avec la population semblent vouer une fusion à un échec retentissant. La police nationale travaille avec des indicateurs ; la gendarmerie nationale crée ses réseaux de renseignement en s'appuyant sur « la partie saine de la population ». La police nationale est placée directement sous la tutelle du pouvoir politique et contrôle l'action de ses officiers de police judiciaire au profit de la justice ; la gendarmerie nationale applique strictement le principe de la séparation des pouvoirs et distingue son action au service du pouvoir exécutif de son action au profit du pouvoir judiciaire. Les organisations hiérarchiques très différentes ne manqueraient pas de créer de fortes tensions. En cas de fusion, les économies immédiates risqueraient de se traduire très rapidement par une dégradation globale du service public et, à terme, par des surcoûts financiers considérables.[...]

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Écrit par

  • : administrateur civil bon classe colonel de gendarmerie (CR) chargé de misssion à l'inspection générale des services préfecture de police
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul ALGRE et Universalis. POLICE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

C.R.S. - crédits : Ministère de l'intérieur - DICOM, France

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Relevé d'empreintes digitales

Autres références

  • ADMINISTRATION - Le droit administratif

    • Écrit par Jean RIVERO
    • 11 861 mots
    • 1 média
    ...qui pourraient compromettre la tranquillité, la salubrité, la sécurité, éléments essentiels de cet ordre ; à cette forme d'action, on donne le nom de police administrative ; tantôt l'administration prend elle-même en charge la satisfaction d'un besoin public, auquel l'initiative privée ne suffit pas...
  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
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    La seconde raison réside dans le fait qu’près 2010 les ALP (Afghan Local Police) incorporent toutes les milices déjà existantes. Sous l’autorité de la police nationale mais avec le soutien décisif de l’armée américaine, le gouvernement afghan met ainsi en place des ALP dans plusieurs provinces où...
  • AGENCE FRANÇAISE POUR LA BIODIVERSITÉ

    • Écrit par Denis COUVET
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    ...Ecosystem Services), la CITES (Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora), les directives Oiseaux et Habitats en Europe. L’Agence française pour la biodiversité assurera aussi des missions de police administrative et de police judiciaire, relatives aux normes édictées...
  • BANLIEUE

    • Écrit par Jean BASTIÉ, Stéphane BEAUD, Jean ROBERT
    • 6 571 mots
    ...salit l'image qu'ils ont d'eux-mêmes. Dans ce cadre d'analyse, une place centrale doit être faite à la question de la délinquance juvénile et à la forte dégradation, en banlieue, des rapports entre la police et les jeunes. Sur cette question, la comparaison historique est particulièrement pertinente.
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