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PLASTIQUES

L'ère des plastiques, sous douze espèces

Les objets de plastique qui nous ont accompagnés dans l'existence, éphémères ou pas, suscitent la nostalgie. Un début de liste inclut le Hula-Hoop et le Frisbee popularisés par Richard Knerr (1925-2008), les scoubidous, le cube de Rubik, les canots Zodiac et la Citroën Méhari, les disques 45-tours, les appareils photos jetables, le flacon d'Ambre Solaire et la boîte de pastilles de Tyrothricine, les berlingots de shampoing Dop, les pointes Bic, l'éponge Spontex...

Les exemples ci-après sont parmi les plus significatifs.

Le Scotch. Scotch tape : ce ruban adhésif ubiquitaire, présent dans tous les foyers et dans tous les bureaux, trouve maint emploi, pour l'emballage en particulier. D'ailleurs, la firme productrice Minnesota Mining and Manufacturing (3M), dont il fit la fortune et l'essor, le décline en plus de 900 variétés.

Sa toute première invention date de 1923. Richard G. Drew (1899-1980) le conçut pour les besoins des carrossiers et la peinture d'automobiles bicolores, alors en vogue. Il fallait masquer pour les protéger les parties enduites d'une première couleur. Une expérimentation édisonienne, deux ans durant, conduisit Drew à choisir du papier crépon enduit de glycérine, comme adhésif.

En 1929, Drew inventait le ruban transparent et collant qui nous est familier. Il le constitua d'un support de cellophane, et d'un adhésif dérivé du caoutchouc. La grande crise économique mondiale fit, paradoxalement, la fortune de ce produit. Par souci d'économie, il fallait augmenter la longévité des objets de la vie courante : sceller une boîte de conserves ouverte, occulter la fêlure d'un œuf, réparer des billets de banque ou des pages de livre déchirées, rafistoler des jouets d'enfants...

Après la Seconde Guerre mondiale, des polyacrylates servirent d'adhésif. Depuis lors, le ruban transparent et collant continua d'évoluer, intégrant au fur et à mesure des progrès technologiques.

Le Formica. Le Formica fut inventé dès 1912 par des ingénieurs de la société Westinghouse, Daniel J. O'Conor et Herbert A. Faber. Leur intention était de concevoir un isolateur électrique pouvant se substituer au mica – d'où le terme « formica » (for mica) –, un aluminosilicate naturel. Dans ce but, ils laminèrent sous pression des feuilles de papier ou de tissu et des couches de résine mélamine, copolymère de la 1,3,5-triazine-2,4,6-triamine et du formaldéhyde. Comme il suffit de passer une éponge pour nettoyer la surface lisse du Formica, le mobilier de cuisine l'exploita.

Conséquence des deux guerres mondiales, les femmes entrèrent dans les professions et ne furent plus confinées aux tâches ménagères. Les nouveaux matériaux plastiques abrégeaient les travaux domestiques de toutes sortes.

La diapositive. Durant la seconde moitié du xxe siècle, la diapositive servit aux présentations par projection sur un écran, du récit de vacances au cours d'histoire de l'art, sans omettre communications scientifiques, rapports d'experts et démarches de visiteurs médicaux. La société Kodak eut longtemps le quasi-monopole de sa confection. D'après l'invention de deux musiciens professionnels, Leopold Godowsky Jr. (1900-1983) et Leopold Mannes (1899-1964), elle commercialisa le film Kodachrome en 1935. Ce film dit inversible fournissait une image positive, en couleurs, au format 24 × 36 mm. La pellicule en fut de l'acétate de cellulose jusqu'en 1987, puis du triacétate de cellulose jusqu'en 1995, et enfin un polyester après 1997. Stockées à l'obscurité, les diapositives en Kodachrome ont des couleurs stables. La plus vulnérable, le jaune, perd seulement 20 p. 100 d'intensité en 180 ans, selon une estimation. En principe, les couleurs se conservent deux siècles. Préoccupant, le support acétate peut manifester de l'instabilité chimique, due[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'École polytechnique et à l'université de Liège (Belgique)

Classification

Pour citer cet article

Pierre LASZLO. PLASTIQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ACROLÉINE

    • Écrit par Dina SURDIN
    • 225 mots

    Aldéhyde acrylique

    Masse moléculaire : 56,06 g

    Masse spécifique : 0,841 g/cm3

    Point d'ébullition : 52,5 0C

    Point de fusion : —87,7 0C.

    Liquide incolore, inflammable, à odeur âcre.

    L'acroléine, ou propénal (prop-2-énal) possède les propriétés dues au groupement aldéhyde et à la présence...

  • ARCHITECTURE (Matériaux et techniques) - Plastique

    • Écrit par Hubert TONKA
    • 3 134 mots
    Lesplastiques apparurent très tardivement dans l'art. Leur usage courant, en dehors de quelques utilisations techniques précises, en faisait un matériau à la fois trop connu et étrange. Étrange, parce qu'au-delà de son apparence familière sa mise en œuvre est complexe ; elle fait appel à une chimie...
  • BAEKELAND LEO HENDRIK (1863-1944)

    • Écrit par Georges BRAM
    • 219 mots

    Chimiste américain d'origine belge né à Gand et mort à Beacon (État de New York). Après avoir effectué ses études supérieures à l'université de sa ville natale, il y obtient en 1884 un doctorat en sciences naturelles et y commence une carrière d'enseignant. En 1889, son voyage de noces l'ayant amené...

  • BAKÉLITE

    • Écrit par Olivier LAVOISY
    • 209 mots

    En 1907, le chimiste américain d'origine belge Leo Hendrik Baekeland met au point la Bakélite, nom commercial de la résine synthétique à base de phénols et de formaldéhyde. Résistante à la chaleur et à de nombreux produits chimiques, isolant électrique, légère et semi-transparente,...

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Voir aussi