Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PIERRE-PETIT (1922-2000)

Les habitués des salles de concert parisiennes et des grands festivals ont régulièrement croisé Pierre-Petit durant un quart de siècle, arborant toujours un gilet coloré et un nœud papillon, depuis qu'il était devenu critique musical au Figaro. Mais derrière cette « signature » se cachait l'un des musiciens les plus doués et les plus actifs de sa génération, compositeur, pédagogue, directeur de l'École normale de musique, un musicien complet. Il avait décidé de se faire appeler Pierre-Petit, car il trouvait que « Monsieur Petit, ça ne fait pas sérieux ».

Né à Poitiers le 21 avril 1922, Pierre Petit mène de front, à Paris, études générales et musicales : khâgne au lycée Louis-le-Grand, lettres classiques à la Sorbonne, écriture (1932-1938) avec Nadia Boulanger, puis le Conservatoire de Paris, où il travaille l'analyse avec Georges Dandelot, la fugue avec Noël Gallon et la composition avec Henri Büsser (il obtient un premier prix de composition en 1945). Pour échapper au Service du travail obligatoire en Allemagne, il tient le tuba dans l'orchestre des cadets du Conservatoire, fondé à cet effet par Claude Delvincourt. En 1946, il remporte le premier grand prix de Rome de composition. À peine revenu de la Villa Médicis, en 1948, il présente une opérette, La Maréchale Sans-Gêne, au Châtelet, et un ballet, Zadig, à l'Opéra de Paris. La première sera jouée plus de quatre cents fois. Sa curiosité sans limite le pousse dans tous les chemins de la musique : il enseigne au Conservatoire de Paris (professeur d'histoire de la civilisation à partir de 1951) et à l'École polytechnique, et fonde la Revue du Conservatoire. Il compose un Concerto pour piano (1956) pour son ami Samson François. Entre 1960 et 1975, il occupe divers postes à la Radiodiffusion française (qui deviendra l'O.R.T.F.) : il y est responsable du service de musique légère (1960-1965), des créations musicales (1965-1970) et de la musique de chambre (1970-1975). En 1958, son opéra bouffe Furia italiana est sélectionné pour le prix Italia. En 1963, il est nommé directeur général de l'École normale de musique de Paris, poste qu'il ne quittera que peu avant sa mort. On le retrouve à la télévision, animant des émissions de musique classique destinées au grand public avec une verve et un humour sans égal : « Presto », « Contre-ut », « Figaro-ci, Figaro-là », « Accords parfaits ». Après avoir assuré un temps la critique musicale au Figaro littéraire, il succède à Bernard Gavoty (Clarendon) au Figaro en 1975, dans la droite ligne d'illustres critiques compositeurs comme Berlioz, Dukas, Fauré ou Reynaldo Hahn (les deux derniers avaient été ses prédécesseurs au Figaro). À Radio-Télé-Luxembourg, il est également conseiller musical, à partir de 1980, et producteur, à partir de 1983. Ces multiples activités pèsent sur sa carrière de compositeur, mais il continue à écrire pour ses amis interprètes : Jean-Pierre Rampal (Petite Suite, pour flûte et piano, 1963), Ida Presti et Alexandre Lagoya (Concerto pour deux guitares, 1964), l'Orchestre de Paris, pour qui il compose un pastiche d'une grande finesse, Storia (1971), le corniste Georges Barboteu (Quatre pour cinq, pour quintette de cuivres, 1974). En 1982, il devient président du jury du Concours international Marguerite Long-Jacques Thibaud. La même année, la S.A.C.E.M. lui décerne son grand prix de la musique. Actif jusqu'à ses derniers jours, il meurt à Paris le 8 juillet 2000.

Pierre-Petit aimait autant la musique que la vie. Il avait un sens de l'amitié poussé à l'extrême et était capable de se mettre au piano pour improviser avec ses complices Samson François, Rampal ou Lagoya pendant des soirées entières. Doté d'un humour légendaire, il savait toujours trouver la phrase ou le mot qui fait mouche dans un style direct et enjoué. Sous[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. PIERRE-PETIT (1922-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi