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VILLIERS DE L'ISLE-ADAM PHILIPPE AUGUSTE (1838-1889)

L'homme de théâtre

Afin de s'imposer au public, il paraît avoir surtout mis son espoir dans le théâtre. Cet espoir fut souvent déçu. Elën (1865) et Morgane (1866) sont des drames écrits dans un langage somptueux, mais dont le romantisme pouvait paraître quelque peu suranné ; il ne parvint pas à faire représenter ces pièces. Il eut un peu plus de chance avec La Révolte, créée en 1870 grâce à l'intervention de Dumas fils, et qui demeure au répertoire ; il y décrivait la détresse d'une jeune femme étouffée dans ses élans par la mesquinerie bourgeoise de son mari. Six ans plus tard, un jury de concours présidé par Victor Hugo distinguait, parmi cent autres pièces, un drame de plus longue haleine, Le Nouveau Monde, composé pour le centenaire de l'indépendance des États-Unis ; après bien des tribulations, il fut joué, en 1883, mais sans succès.

Deux pièces dominent, à des titres divers, l'œuvre dramatique de Villiers. Le Prétendant, révélé par la télévision française en 1965, est une nouvelle version de Morgane, composée par un écrivain dont le métier est parvenu à une pleine maturité. Dans ce drame en cinq actes, qui a pour cadre le royaume des Deux-Siciles pendant la Révolution française, deux aventuriers de haute naissance animent une conspiration dont l'échec final ruine leur rêve de grandeur. Mais c'est un rêve d'absolu qui s'épanouit dans Axël (1872-1890) : le héros et l'héroïne sacrifient la richesse, la puissance, l'amour même et, dédaigneux des contingences terrestres, se réfugient finalement, par la mort, dans l'éternité. Villiers de L'Isle-Adam a travaillé à cette pièce pendant près de vingt ans, laissant à Huysmans le soin de la publier après sa disparition : œuvre peu jouée, peu adaptée aux exigences de la scène, mais sans égale par la sombre profondeur de la conception et par la splendeur du lyrisme.

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Pour citer cet article

Pierre-Georges CASTEX. VILLIERS DE L'ISLE-ADAM PHILIPPE AUGUSTE (1838-1889) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONTES CRUELS, Philippe Auguste Villiers de L'Isle-Adam - Fiche de lecture

    • Écrit par Guy BELZANE
    • 933 mots

    Les Contes cruels regroupent vingt-huit récits brefs rédigés par Villiers de L'Isle-Adam (1838-1889) entre 1867 et 1883 – date de la publication du recueil chez Calmann-Lévy – et pour la plupart déjà parus en revues. Il s'agit probablement, avec L'Ève future (1884), du livre...

  • AUTOMATE

    • Écrit par Jean-Claude BEAUNE, André DOYON, Lucien LIAIGRE
    • 6 648 mots
    • 2 médias
    ...grands écrivains du xixe siècle, la peur de l'automate ou ses insuffisances en feront une charge contre la machine : Hoffmann avec Coppélia, Villiers de l'Isle-Adam avec son Ève future (son androïde femelle illustre un doute philosophique dans une œuvre de science-fiction). Au-delà des...
  • PARNASSE, mouvement littéraire

    • Écrit par Pierre FLOTTES
    • 2 526 mots
    Bien que certains traits du romantisme soient épars dans tout le Parnasse, ils sont particulièrement marqués chez Villiers de l'Isle-Adam (1838-1889), poète du rêve surtout connu comme romancier ; chez Catulle Mendès (1841-1909), brillant polygraphe, poète, romancier, dramaturge et critique, au...
  • PASSAGES, architecture

    • Écrit par Jean-François POIRIER
    • 7 088 mots
    ...d'Aurevilly les boude car il y voit la matérialisation d'une modernité haïe et un lieu anti-aristocratique par excellence, un temple du commerce et de l'argent. Villiers de l'Isle-Adam compare le passage de l'Opéra à la morgue de Paris sans parvenir à déceler la moindre différence : dans l'un et l'autre, c'est...
  • SYMBOLISME - Littérature

    • Écrit par Pierre CITTI
    • 11 859 mots
    • 4 médias
    ...(nov. 1884). Ce sont d'abord des noms : Corbière, Rimbaud et Mallarmé, auxquels Verlaine ajoutera, dans une édition ultérieure de son livre, Villiers de L'Isle-Adam et lui-même. Puis une situation : le titre de Verlaine, les réflexions de Des Esseintes sur Baudelaire, Gustave Moreau...

Voir aussi