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PHÉNOMÉNOLOGIE DE LA PERCEPTION, Maurice Merleau-Ponty Fiche de lecture

Éloge de la philosophie

La démarche philosophique ne peut-elle être que seconde, à la fois par rapport aux sciences, et dans son obsession d'un dualisme qu'elle prétend dépasser ? En quoi peut-elle elle-même s'instituer comme discours de vérité ? La Phénoménologie de la perception repoussait devant soi la question de « l'origine de la vérité ». Revenant sur la « foi primordiale » qui est toujours en amont de toute « croyance » philosophique (que ce soit celle en un « monde en soi » ou celle en un « esprit absolu »), Merleau-Ponty en vient à se demander si la spécificité de la philosophie, plutôt que d'élaborer une phénoménologie qui maintiendrait le primat du sujet, ne serait pas de maintenir une puissance d'étonnement. Dans ses notes posthumes (Le Visible et l'Invisible), l'espace et le temps apparaissent comme des « êtres à interroger », inépuisablement, et « l'interrogation comme rapport ultime à l'Être et comme organe ontologique ». Dans l'œuvre en cours, la discussion s'engageait non plus seulement avec les sciences mais aussi avec d'autres modèles de rationalité tels que la dialectique (à travers Hegel et surtout Sartre), la phénoménologie elle-même et les pensées de l'intuition (à travers Bergson).

Il s'agit moins de dépasser la dualité corps-monde que de décrire ce que Merleau-Ponty appelle « l'entrelacs – le chiasme » : une « dimension » que cherchent à traduire les notions de « visible » (de préférence à « monde ») et de « chair » (de préférence à « corps »), ou encore de « parole », nouveau lieu d'une recherche que son auteur n'a pu continuer, mais que d'autres reprendront après lui, dans la même postérité critique de Husserl ; ainsi, en France, Michel Henry, Françoise Dastur ou, à sa façon, Jacques Derrida dans La Voix et le phénomène (1967).

— François TRÉMOLIÈRES

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Pour citer cet article

François TRÉMOLIÈRES. PHÉNOMÉNOLOGIE DE LA PERCEPTION, Maurice Merleau-Ponty - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Maurice Merleau-Ponty - crédits : AFP

Maurice Merleau-Ponty

Autres références

  • LANGAGE (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 3 315 mots
    ...Merleau-Ponty (1908-1961), l’un des philosophes qui a le mieux traité de ce sujet, seront étonnamment proches de celles de Saussure. Il développe dans sa Phénoménologie de la perception (1945) un argument original qui complète ceux du linguiste suisse : « Si la parole présupposait la pensée, si...
  • LANGAGE PHILOSOPHIES DU

    • Écrit par Jean-Pierre COMETTI, Paul RICŒUR
    • 23 538 mots
    • 9 médias
    ...Merleau-Ponty : Signes (1960, en particulier « Le Philosophe et son ombre », sur la phénoménologie du langage), Le Visible et l'Invisible (1964). Ces œuvres ne sont pas une simple répétition de la philosophie des signes élaborée dans la Phénoménologie de la perception. Dans cet ouvrage, Merleau-Ponty...
  • PHILOSOPHIE (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 3 414 mots
    ...(1859-1938) vient rappeler aux savants qu’aucune découverte ne serait possible sans prendre appui sur le monde intérieur de la subjectivité. En France, Maurice Merleau-Ponty (1908-1961), dans sa Phénoménologie de la perception (1945), insistera davantage encore que son maître Husserl sur le primat de...
  • RÉALITÉ

    • Écrit par Ferdinand ALQUIÉ
    • 4 984 mots
    ...hommes, et ainsi je comprends, par la seule puissance de juger qui réside en mon esprit, ce que je croyais voir de mes yeux » (Méditation seconde). Dans sa Phénoménologie de la perception, Merleau-Ponty critique à tort cet argument, tout en montrant avec raison que l'analyse psychologique ou phénoménologique...

Voir aussi