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PARADOXE

Paradoxe signifie, fondamentalement, « contre » (en grec, para) « l'opinion commune » (doxa). Pourtant, la part de vérité des paradoxes est suffisante pour que l'on ne puisse pas facilement les délaisser. Le paradoxe suscite la curiosité.

Le mot paradoxe admet trois acceptions principales, selon la force qu'on veut bien lui donner. Au sens le plus fort, il s'agit d'un récit, d'un texte, fondamentalement contradictoire. Dans un sens plus faible, étymologique, le paradoxe est simplement un jugement opposé à une opinion généralement répandue ou à un préjugé mais qui recèle, néanmoins, une part de vérité. En ce sens, Proust déclare : « Les paradoxes d'aujourd'hui sont les préjugés de demain. » Enfin, comme le paradoxe bénéficie d'une presse excellente, le mot s'est galvaudé, jusqu'à signifier une banale opposition, une simple bizarrerie ou un jugement atypique qui cherche à se faire remarquer.

Trois grandes classes de paradoxes

Au sens fort, on peut séparer les paradoxes en trois grands types, qui jouent des rôles discursifs et épistémologiques différents. Dans les trois cas, le paradoxe se présente comme un récit qui comporte, explicitement ou implicitement, trois moments logiques : le premier pose un décor, convoque des représentations d'une petite scène, souvent fort simple à comprendre ; le deuxième est un raisonnement qui mène à la contradiction ou simplement l'expose ; enfin, le troisième suggère, plus ou moins fortement, une « morale » à tirer du paradoxe, conclusion ou solution de celui-ci. Il est rare que le lecteur ou l'auditeur soit laissé complètement dans l'indécision.

Les trois types de paradoxes se distingueront par le lieu d'origine de leur contradiction. Quand le paradoxe résulte d'une contradiction entre deux représentations ou deux descriptions incompatibles ou incohérentes d'une réalité, on parlera de paradoxe scientifique ou, plus généralement, de paradoxe cognitif ou de paracosmie. Quand les représentations mises en œuvre sont cohérentes et que c'est le raisonnement menant à la contradiction qui est lui-même à l'origine de celle-ci, on parlera de paralogie. Enfin, quand et le contexte et le raisonnement sont pour l'essentiel corrects, il advient que l'on ne peut former de conclusion univoque et cohérente. On parlera dans ce cas de dilemme logique ou, simplement, de dilemme.

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Poitiers, directeur adjoint, ancien élève de l'École normale supérieure

Classification

Pour citer cet article

Yannis DELMAS-RIGOUTSOS. PARADOXE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTINOMIE

    • Écrit par Françoise ARMENGAUD
    • 372 mots

    N'est pas antinomie n'importe quelle contradiction, mais seulement celle qui joue entre des lois — soit des lois juridiques ou théologiques, soit des lois de la raison (Kant), soit des thèses déduites de lois logiques (théorie des ensembles) —, ni n'importe quel paradoxe...

  • GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - L'homme grec

    • Écrit par André-Jean FESTUGIÈRE
    • 8 602 mots
    Montrons maintenant comment le paradoxe socratique – subir l'injustice vaut mieux que de la commettre – découle du premier principe sur la dignité de l'homme. Ce paradoxe a une préhistoire, il ne surgit pas tout à coup comme une nouveauté absolue. Dans un passage célèbre de son poème ...
  • HEURISTIQUE

    • Écrit par Jean-Pierre CHRÉTIEN-GONI
    • 8 426 mots
    • 3 médias
    Chaque problème souffre d'un paradoxe initial. L'examen des fondements doit démêler le trilemme dit de Münchhausen : la recherche de fondements ultimes conduit ou à une régression à l'infini, ou à une fondation circulaire formant une pétition de principe, voire une justification autoréférentielle,...
  • LANGAGES DE MASSE

    • Écrit par Jean BAUDRILLARD
    • 3 009 mots
    • 1 média
    Ce principe de synthèse magique, corollaire de celui de tautologie, se révèle en politique comme le langage même du terrorisme et de la dissuasion : c'est le fameux Peace is war, war is peace de George Orwell (1984), ou encore « bombe propre », les retombées « inoffensives » et, encore une...
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Voir aussi