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PARADOXE

Paradoxes scientifiques

Le paradoxe cognitif, ou paracosmie, repose sur la confrontation de deux représentations du monde. Il est particulièrement présent en sciences : chaque nouvelle théorie s'oppose à celles qui la précèdent et tous les points de conflits des grands concepts en jeu sont des germes possibles de paradoxes.

Les paradoxes scientifiques les plus classiques sont les arguments de Zénon d'Élée (ve siècle av. J.-C.), qui interrogent la description continue de l'espace. Au début du xxe siècle, la relativité a, de même, suscité plusieurs paradoxes dont le plus célèbre est le paradoxe des jumeaux de Langevin. Même quand certaines théories se sont imposées scientifiquement, elles n'ont pas toujours complètement supplanté les théories précédentes, aussi les paradoxes qu'elles suscitèrent perdurent-ils. Ainsi le paradoxe de Galilée : « Supposons qu'on lâche deux corps de masse différente d'une tour et supposons que la vitesse de chute soit plus grande pour le corps le plus lourd. Relions les deux corps. S'ils ne tombent pas à la même vitesse (par hypothèse), le lien finira par se tendre et les deux corps reliés tomberont à une vitesse plus faible que le corps le plus rapide. On voit alors que le lourd (l'ensemble des deux corps) tombe plus lentement que le léger (le corps le plus rapide). »

Les paradoxes cognitifs peuvent également ne mettre en jeu que des notions extrêmement simples, d'une certaine manière hors du champ formalisé de la science. Posez, par exemple, la question suivante en forme d'énigme : « Imaginez un ruban qui entoure la Terre à la hauteur du sol. Imaginez maintenant que l'on rajoute un mètre de mou au ruban. De combien faudrait-il le hausser au-dessus du sol pour qu'il soit à nouveau tendu ? », et demandez une estimation grossière. Presque tout le monde vous donnera des quantités infimes, de l'ordre du millimètre, du micron ou encore moins. Que vous donniez la valeur juste (environ 16 cm) et l'explication (le périmètre d'un cercle vaut 2π fois son rayon) ne fera pas disparaître pour autant toute perplexité.

Ces paradoxes se résolvent en explicitant les représentations en cause, en les expliquant et en éclairant la situation décrite. Il faut parfois faire assaut de pédagogie pour lever le paradoxe. Tant que les concepts sous-jacents ne peuvent donner lieu à une représentation intuitive, et non seulement nominaliste ou calculatoire, le paradoxe cognitif ne peut être complètement levé. C'est, par exemple, le cas pour la mécanique quantique, pour laquelle aucune interprétation ne s'impose : ses paradoxes restent, à ce jour, sans solution satisfaisante, contrairement à la relativité pourtant aussi ancienne et aussi bien formalisée mathématiquement.

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Poitiers, directeur adjoint, ancien élève de l'École normale supérieure

Classification

Pour citer cet article

Yannis DELMAS-RIGOUTSOS. PARADOXE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTINOMIE

    • Écrit par Françoise ARMENGAUD
    • 372 mots

    N'est pas antinomie n'importe quelle contradiction, mais seulement celle qui joue entre des lois — soit des lois juridiques ou théologiques, soit des lois de la raison (Kant), soit des thèses déduites de lois logiques (théorie des ensembles) —, ni n'importe quel paradoxe...

  • GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - L'homme grec

    • Écrit par André-Jean FESTUGIÈRE
    • 8 602 mots
    Montrons maintenant comment le paradoxe socratique – subir l'injustice vaut mieux que de la commettre – découle du premier principe sur la dignité de l'homme. Ce paradoxe a une préhistoire, il ne surgit pas tout à coup comme une nouveauté absolue. Dans un passage célèbre de son poème ...
  • HEURISTIQUE

    • Écrit par Jean-Pierre CHRÉTIEN-GONI
    • 8 426 mots
    • 3 médias
    Chaque problème souffre d'un paradoxe initial. L'examen des fondements doit démêler le trilemme dit de Münchhausen : la recherche de fondements ultimes conduit ou à une régression à l'infini, ou à une fondation circulaire formant une pétition de principe, voire une justification autoréférentielle,...
  • LANGAGES DE MASSE

    • Écrit par Jean BAUDRILLARD
    • 3 009 mots
    • 1 média
    Ce principe de synthèse magique, corollaire de celui de tautologie, se révèle en politique comme le langage même du terrorisme et de la dissuasion : c'est le fameux Peace is war, war is peace de George Orwell (1984), ou encore « bombe propre », les retombées « inoffensives » et, encore une...
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