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OZONE ATMOSPHÉRIQUE

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L'ozone et l'effet de serre

Comme toute molécule faite de trois atomes ou plus, l'ozone absorbe du rayonnement infrarouge thermique, ce rayonnement – fait de photons peu énergétiques (E < 0,3 eV) – pouvant exciter différents modes de vibration et de rotation de la molécule. C'est cette absorption et rémission du rayonnement infrarouge thermique émis par la Terre qui constitue l'effet de serre par lequel la chaleur est piégée dans les basses couches de l'atmosphère. L'ozone de la troposphère y contribue, comme la vapeur d'eau et le CO2, malgré leur faible abondance. Les gaz majoritaires dans l'atmosphère, azote et oxygène, ont une structure bien trop simple pour pouvoir interagir efficacement avec les photons de l'infrarouge.

Les interactions de l'ozone avec les autres gaz compliquent encore le problème du renforcement de l'effet de serre. Bien qu'ils soient très rares, les CFC sont de puissants gaz à effet de serre, car ils absorbent dans la fenêtre infrarouge. Le CO2 est beaucoup moins efficace (par molécule ajoutée), parce que chaque absorption supplémentaire opère à une longueur d'onde où il y a déjà beaucoup d'absorption par le CO2 naturel. Faut-il donc considérer les CFC comme contribuant fortement à l'intensification de l'effet de serre ? La réponse est oui si l'on ne considère pas leur effet sur l'ozone. Cependant, les CFC détruisent l'ozone de la stratosphère, surtout près des pôles. Ainsi l'effet de serre additionnel dû aux CFC est à peu près compensé – en moyenne sur la planète, mais pas aux basses latitudes – par la réduction de l'effet de serre dû à l'ozone. Cela dit, la principale raison de l'arrêt de la production des CFC reste la protection de l'ozone stratosphérique, et ce n'est pas parce que leur effet net sur l'absorption infrarouge s'annule qu'on va recommencer à en fabriquer.

Les oxydes d'azote posent aussi des problèmes. La production de ces molécules par des réacteurs d'avion volant à certaines altitudes conduit à une augmentation de la concentration de l'ozone, donc à un renforcement de la contribution de l'ozone à l'effet de serre. Le problème est-il sérieux ? Comment faire évoluer ces réacteurs ? De manière générale, il faut tenir compte non seulement des émissions propres à la technologie, mais aussi de son efficacité énergétique. Si, pour éliminer les émissions d'oxydes d'azote, on augmente trop celles de CO2, le jeu pourrait ne pas en valoir la chandelle.

Puisque les molécules d'ozone agissent dans l'effet de serre, les modifications anthropiques des concentrations atmosphériques de l'ozone interviennent nécessairement dans les processus de changement climatique. En même temps, le changement climatique, qu'il soit naturel ou anthropique, ne peut manquer d'affecter les processus de destruction ou de formation de l'ozone, que ce soit dans la stratosphère ou dans la troposphère. Là où le nombre d'orages électriques augmente, la foudre plus fréquente produira davantage d'oxydes d'azote naturels précurseurs d'ozone troposphérique. Mais si l'humidité augmente près de la surface, cela pourra limiter l'augmentation de l'ozone pollution, voire la réduire. Cependant, une étude récente de l'Agence pour la protection de l'environnement (E.P.A., États-Unis) tend à montrer que, globalement, le changement climatique des prochaines décennies augmentera le risque d'épisodes de stagnation atmosphérique au cours de l'été et de pollution dangereuse par l'ozone (plus de 84 ppb d'ozone pendant plus de 8 heures) dans le nord-est et le centre des États-Unis, à moins que l'on ne renforce sensiblement les exigences de réduction des émissions anthropiques d'oxydes d'azote.[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire du C.N.R.S., laboratoire de météorologie dynamique, École polytechnique, Palaiseau

Classification

Pour citer cet article

Robert KANDEL. OZONE ATMOSPHÉRIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Médias

Formation et destruction de l'ozone stratosphérique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Formation et destruction de l'ozone stratosphérique

Couche d'ozone - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Couche d'ozone

Protubérance solaire - crédits : E. Gibson/ MPI/ Getty Images

Protubérance solaire

Autres références

  • TROU DANS LA COUCHE D'OZONE

    • Écrit par
    • 315 mots
    • 1 média

    L'ozone (O3) situé dans la stratosphère joue un rôle protecteur en absorbant les rayons ultraviolets. Une diminution de sa teneur a pour conséquence d'augmenter le bombardement de la surface terrestre par les U.V., ce qui a des effets néfastes sur tous les êtres vivants.

    En 1974,...

  • AÉRONOMIE

    • Écrit par
    • 4 157 mots
    • 11 médias
    ...pour assurer la conservation de l'énergie :
    Dans la stratosphère, il existe une autre réaction très efficace :
    donnant lieu à la formation de l' ozone (O3). Cependant, les molécules d'ozone peuvent être détruites par la réaction :
    ou peuvent être photodissociées suivant le processus :...
  • AIR

    • Écrit par
    • 2 154 mots
    • 2 médias
    ...moins en partie, régulée par sa dissolution dans l'eau et par la présence d'énormes masses de calcaires à la surface du globe. Le protoxyde d'azote et l'ozone sont synthétisés dans la haute atmosphère, à une altitude supérieure à 25 kilomètres. L'énergie du rayonnement ultraviolet solaire est en grande...
  • ANTARCTIQUE

    • Écrit par , , , et
    • 16 481 mots
    • 24 médias
    Formé de trois atomes d'oxygène, l'ozone (O3) est un constituant présent dans l'atmosphère en très faible quantité, équivalente à une épaisseur de quelques millimètres dont environ 90 p. 100 entre 20 et 50 kilomètres d'altitude. Son rôle est cependant essentiel, car il absorbe très efficacement...
  • ATMOSPHÈRE - La couche atmosphérique terrestre

    • Écrit par
    • 7 816 mots
    • 7 médias
    ...0,93 p. 100 pour l’argon) conservent une proportion quasiment constante jusqu’à une altitude proche de 80 à 100 kilomètres. Les proportions moyennes en ozone font exception à cette règle : alors qu’elles ne dépassent pas 5 × 10-6 p. 100 (soit 50 molécules d’ozone par milliard de molécules d’air)...
  • Afficher les 29 références