OSMOSE & PRESSION OSMOTIQUE, biologie
Mouvement de solvant qui se produit entre deux solutions d'inégales concentrations au travers d'une membrane hémiperméable qui ne laisse passer que le solvant et non les solutés.
L'osmose fut découverte par Dutrochet (1826) qui imagina un appareil (osmomètre) constitué d'un réservoir de verre, sorte de cylindre vertical dont la base est obturée par une membrane hémiperméable (vessie de porc) et dont la partie supérieure est reliée à un long tube vertical de petit calibre. Si ce récipient est rempli d'une solution sucrée colorée et plongé dans un cristallisoir contenant de l'eau, les deux concentrations, interne et externe, ont tendance à s'égaliser, mais comme seule l'eau peut franchir la membrane, les échanges se réduisent à une entrée d'eau dans l'osmomètre, et le liquide monte dans le tube. Tout se passe comme si les molécules de sucre attiraient l'eau extérieure. Le mouvement se poursuit jusqu'à ce que la pression hydrostatique créée par la dénivellation dans le tube équilibre l'attraction exercée sur l'eau par la solution. Cette pression est dite pression osmotique (p.o.) de la solution. Plus elle est élevée, plus l'attraction exercée sur l'eau est grande. Deux solutions de p.o. égales sont dites isotoniques ; mises de part et d'autre d'une membrane hémiperméable, elles donnent lieu à aucun échange d'eau. Quand une solution a une p.o. plus élevée qu'une autre, elle est dite hypertonique par rapport à la seconde, celle-ci étant hypotonique par rapport à la première.
L'osmose est un cas particulier de la diffusion, mouvement spontané des particules d'un système qui tend à homogénéiser les potentiels chimiques des constituants dans les différentes parties. Quand deux solutions sont séparées par une membrane hémiperméable, le potentiel chimique de l'eau est plus bas dans la solution hypertonique que dans l'autre, d'où l'attraction exercée. Le traitement thermodynamique d'un tel système conduit à la loi de Van't Hoff : π = NRT, où π est la p.o. ; N, le nombre de particules libres, osmotiquement actives, par unité de volume ; R, la constante des gaz parfaits ; T, la température absolue. En général N s'exprime en osmoles (Osm) ou en microosmoles (mOsm) par litre, une osmole étant un ensemble de 6.1023 particules ; π étant exprimé en bars, et T en K., R vaut alors 22,4/273 = 0,082. À 0 0C une solution uniosmolaire développe une p.o. de 22,4 bars.
Les membranes biologiques, sans être strictement hémiperméables, laissent passer beaucoup plus facilement l'eau que les substances dissoutes. Aussi l'osmose joue-t-elle un rôle déterminant dans les échanges d'eau entre les tissus et leur milieu. La p.o. du plasma sanguin est d'environ 8 bars à 37 0C (310 mOsm/1), due surtout aux ions chlore et sodium (250 mOsm/1). Les globules rouges sont en équilibre osmotique avec lui ; mis en milieu hypertonique, ils se déshydratent ; en milieu hypotonique, ils se gonflent d'eau et éclatent (hémolyse). Les solutions utilisées en injection intraveineuse doivent avoir la p.o. du plasma (sérum physiologique : NaCl à 8 ou 9 p. 1 000). L'osmorégulation physiologique (rein surtout chez les Mammifères, branchies chez les Poissons) réduit les variations de p.o. du milieu intérieur dues aux absorptions et aux pertes d'eau ou de sels (boisson, transpiration) ou aux changements de milieu (poissons migrateurs).
Chez les Végétaux, l'eau vacuolaire est légèrement sous pression (turgescence), ce qui contribue au port dressé des organes. Beaucoup de déformations d'organes (prises des positions de sommeil par les feuilles ou les fleurs) ou de cellules (stomates) sont liées à des variations de turgescence. Or la turgescence est due à la p.o.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- René HELLER : professeur honoraire de physiologie végétale à l'université de Paris-VII, membre de l'Académie d'agriculture
Classification
Pour citer cet article
René HELLER, « OSMOSE & PRESSION OSMOTIQUE, biologie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Autres références
-
ABSORPTION VÉGÉTALE
- Écrit par René HELLER, Jean-Pierre RONA
- 3 908 mots
- 6 médias
-
DÉVELOPPEMENT (biologie) - Le développement végétal
- Écrit par Georges DUCREUX, Hervé LE GUYADER, Jean-Claude ROLAND
- 16 914 mots
- 14 médias
...des tanins, des pigments aromatiques (anthocyanes, flavones), des mucilages, etc. L'ensemble de ces composés attire les molécules d'eau par osmose et place la cellule en état de turgescence, nécessaire au maintien du port érigé des organes jeunes (encore dépourvus de tissus lignifiés) et... -
DE VRIES HUGO (1848-1935)
- Écrit par Universalis
- 377 mots
-
DUTROCHET ET LA PHYSIOLOGIE CELLULAIRE
- Écrit par Didier LAVERGNE, Paul MAZLIAK
- 272 mots
Le premier microscopiste ayant utilisé le mot cellule est le savant anglais Robert Hooke (1635-1703) qui désigna par ce terme les cavités présentes dans une coupe de tissu liégeux mort. Beaucoup d'autres microscopistes observèrent ensuite de vraies cellules mais le premier énoncé de la ...
-
DUTROCHET RENÉ JOACHIM HENRI (1776-1847)
- Écrit par Universalis
- 304 mots
- Afficher les 18 références