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OPPENORD ou OPPENORDT GILLES MARIE (1672-1742)

Fils d'un ébéniste du roi, d'origine hollandaise, Gilles Marie Oppenord dut au milieu d'artisans protégés par le roi et logés au Louvre dont il faisait partie de recevoir une formation très complète. Envoyé à Rome, il fit un grand nombre de dessins d'après l'antique et d'après des édifices de Bernin et de Borromini, mais aussi, fait plus rare à une époque où les artistes s'intéressaient à Rome avant tout, il étudia en Italie du Nord les œuvres de Palladio et de Bramante. À son retour en France, il ne put s'intégrer aux équipes de Versailles, Hardouin-Mansart lui préférant Lepautre, et il se consacra surtout à des projets d'églises, dont la tendance baroque est nettement marquée. Sa première grande commande, l'hôtel de Pomponne, date de 1714. Les boiseries, connues par les dessins d'Oppenord, sont caractérisées par une très grande richesse décorative : des trophées de chasse sont suspendus à des arbres très naturalistes. Dans les panneaux secondaires, il adapte pour la première fois à la sculpture de boiseries les motifs de l'arabesque : rinceaux, lambrequins, etc.

Son originalité à cette époque réside surtout dans l'utilisation nouvelle de certains éléments décoratifs. Il donnera sa mesure lorsqu'il sera nommé premier architecte du duc d'Orléans. Il travaille alors au Palais-Royal, en commençant par les appartements privés du duc avant les grands appartements. Oppenord peut appliquer dans ces appartements ses théories sur le décor libre. Il y utilise certains éléments qui se retrouvent dans le style Louis XV, les panneaux entourés de baguettes qui s'incurvent en haut et en bas, les motifs de fleurettes stylisées, les ailes de chauve-souris, les coquilles déchiquetées. Pourtant, Oppenord est retenu dans ses recherches par le poids de sa formation italienne. Les éléments architectoniques restent primordiaux pour lui, et certaines réminiscences du baroque italien, son âge aussi peut-être, font qu'il n'est pas un fondateur du style rocaille, au même titre que Meissonnier ou Pineau, mais seulement un précurseur. Comme François Antoine Vassé, son contemporain, Oppenord est le grand artisan du style de transition de la période Régence.

L'abondance de ses dessins (plus de deux mille), rachetés en 1742 par le graveur Huquier qui les publia à partir de 1748 dans des recueils familièrement désignés sous les noms de Petit, Moyen et Grand Oppenord, lui assura pendant tout le xviiie siècle une extrême célébrité.

— Colombe SAMOYAULT-VERLET

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur au Musée national du château de Fontainebleau, professeur à l'École du Louvre

Classification

Pour citer cet article

Colombe SAMOYAULT-VERLET. OPPENORD ou OPPENORDT GILLES MARIE (1672-1742) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BLONDEL JACQUES-FRANÇOIS (1705-1774)

    • Écrit par Michel GALLET
    • 3 057 mots
    ...son ami, il fut l'élève de son oncle Jean-François. Selon l'amateur Antoine-Joseph Dezallier d'Argenville, il reçut aussi les leçons de l'ornemaniste Oppenord, mais les créations de ce maître n'ont pas trouvé grâce aux yeux de son élève, qui se borne à reconnaître en lui l'un des grands dessinateurs...
  • ORNEMANISTES

    • Écrit par Marianne ROLAND MICHEL
    • 2 572 mots
    ...L'ornemaniste aura donc des prétentions architecturales, même s'il n'est pas architecte lui-même. Les critiques adressées aux projets architecturaux de Gilles Marie Oppenord et de Juste Aurèle Meissonnier – deux ornemanistes qui ont assurément plus dessiné qu'exécuté – font clairement apparaître la distorsion...
  • ROCOCO

    • Écrit par Georges BRUNEL, François H. DOWLEY, Pierre-Paul LACAS
    • 21 059 mots
    • 14 médias
    Gilles-Marie Oppenord (1672-1742) fut considéré par ses contemporains comme l'un des principaux chefs de file du nouveau style. Les planches gravées par Huquier d'après ses dessins sont le témoin de sa vogue. Dans les panneaux de boiserie qu'il exécute vers 1710 pour l'hôtel de Pomponne, on voit, accrochés...

Voir aussi