Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ONGULÉS

À la suite de Linné, on continue de désigner sous le terme « Ongulés » un ensemble de Mammifères Euthériens, pour la plupart végétariens, dont les extrémités sont fréquemment munies de sabots. Ces animaux se distinguent encore, de façon indiscutable, de tous les autres Mammifères par leur structure dentaire, par le squelette des extrémités de leurs membres et enfin par la présence éventuelle de bois ou de cornes.

Cependant, s'il est commode d'utiliser le terme Ongulés dans le langage zoologique courant, il ne faut pas se dissimuler que les animaux ainsi désignés forment un ensemble hétérogène : autrefois considérés comme un super-ordre, les Ongulés n'ont plus aujourd'hui aucune signification du point de vue de la classification, les limites de cet ancien super-ordre ayant évolué avec l'exploration phylogénétique.

Classification

On classe les formes actuelles des Ongulés en cinq ordres, voire six : Perissodactyla (ou Mesaxonia), une partie des Cetartiodactyla (celle qui correspond à l’ancien ordre des Artiodactyla – ou Paraxonia – puisque celui-ci forme aujourd’hui, avec les Cétacés, l’ordre des Cetartiodactyla), Hyracoidea, Proboscidea, Sirenia – auxquels on ajoute parfois celui des Tubulidentata. Ces ordres se répartissent actuellement en deux ensembles très distants l'un de l'autre ; d'un côté sont assez étroitement apparentés les Cétartiodactyles et les Périssodactyles, qui font partie du super-taxon des Laurasiathères ; de l'autre, les Proboscidiens, les Hyracoïdes, les Siréniens – qui forment un groupe naturel, les Téthythères –, ainsi que les Tubulidentés appartiennent au super-taxon des Afrothères (cf. mammifères). Ces six ordres comprennent en réalité, exception faite des Cétartiodactyles, des types hautement spécialisés, souvent en voie de disparition, qui semblent représenter le terme d'une longue évolution au cours de l'ère Cénozoïque, jalonnée par de nombreuses espèces fossiles : tels sont les cas des Éléphantidés, des Équidés, des Rhinocérotidés, pour ne citer que les groupes dont l'histoire est la mieux connue. D'autres ordres ne nous sont connus que par leurs représentants fossiles. Certains, qui semblent assez bien annoncer les ordres actuels, ou qui ont évolué parallèlement, sont souvent rassemblés en un super-ordre des Protongulés : les Condylarthra, connus au Paléocène (Amérique du Nord ; Europe ; probablement Asie, avec le Phenacolophus de Mongolie ; enfin Amérique du Sud, avec les Didolodontidés) ; on trouve en outre des formes plus évoluées : Notoungulata ou Notongulés (Amérique du Nord et Mongolie au Paléocène ; confinés ensuite, jusqu'au Pléistocène, en Amérique du Sud), Astrapotheria (Paléocène-Miocène) et Litopterna (Paléocène-Pléistocène), ces deux derniers exclusivement sud-américaines.

On peut encore ranger dans les Ongulés lato sensu divers autres groupes entièrement fossiles : les Xenungulata et les Pyrotheria d'Amérique du Sud, et l'ensemble des formes qualifiées d'Amblypodes par H. F. Osborn, c'est-à-dire les Pantodonta et Dinocerata, dont l'évolution s'est déroulée pour l'essentiel en Mongolie et en Amérique du Nord. Tous ces types étaient relativement spécialisés. Cet extraordinaire buissonnement de lignées évolutives dès le début du Cénozoïque constitue un des cas les plus curieux de l'histoire des Mammifères ; il explique les difficultés de la systématique non phylogénétique en ce domaine.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès sciences, maître assistant à l'université de Paris-VII
  • : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, ancien directeur des collections

Classification

Pour citer cet article

Robert MANARANCHE et Michel TRANIER. ONGULÉS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) - L'archéologie environnementale

    • Écrit par Stéphanie THIÉBAULT
    • 4 223 mots
    ...analyses isotopiques sur les restes humains indiquent que l'alimentation des hommes, qu'ils soient Néandertaliens ou modernes, était fondée sur les grands ongulés : cheval, renne, bison et cerf notamment. Ces animaux vivent dans des biotopes très caractéristiques, tirant eux-mêmes leur alimentation d'une...
  • HYRACOÏDES

    • Écrit par Robert MANARANCHE
    • 306 mots

    Mammifères euthériens appartenant au superordre des ongulés, les hyracoïdes sont des animaux dont l'allure générale rappelle celle de la marmotte. Les membres sont terminés par des doigts nombreux (quatre à la main et trois au pied), eux-mêmes terminés par des sabots, l'axe du membre passant...

  • MAMMIFÈRES

    • Écrit par Pierre CLAIRAMBAULT, Robert MANARANCHE, Pierre-Antoine SAINT-ANDRÉ, Michel TRANIER
    • 10 795 mots
    • 20 médias
    Le regroupement des divers ordres pour constituer le superclade des Ongulés n'est étayé que par quelques caractères anatomiques dont les changements d'état d'une espèce à l'autre n'étaient pas assurés. La classification actuelle retient à peine ce superclade (selon la place du départ du taxon des Carnivores,...
  • MEMBRES

    • Écrit par Claude GILLOT, Armand de RICQLÈS
    • 15 056 mots
    • 13 médias
    Chez les Mammifères, l'adaptation à la course est particulièrement intéressante à suivre dans le grand groupe des Ongulés. C'est toujours l'autopode qui subit l'essentiel des transformations : comparativement au membre plantigrade à structure « généralisée », l'autopode s'allonge et ses divers segments...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi