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ODOACRE (433 env.-493) roi des Hérules (476-493)

Depuis 455, les empereurs d'Occident sont désignés par des chefs barbares. Le plus connu, le Skire Odoacre, fils du prince Édicon, est né vers 433. Il a passé sa jeunesse à la cour d'Attila. Devenu roi des Hérules en 476, il intervint dans la vie publique de l'Italie.

En 475, l'ancien secrétaire d'Attila, Oreste, avait chassé du trône l'empereur d'Occident, Népos, et mis à sa place son propre fils, Romulus appelé Augustule ; l'année suivante, Odoacre se présenta à lui pour exiger le statut de fédéré. Devant le refus d'Oreste, il déposa le jeune souverain et renvoya à Constantinople les insignes de la monarchie. Cet acte porte en lui une grande signification symbolique : l'Empire d'Occident, qui n'existait déjà plus en fait, cessait aussi d'exister en droit.

Une seule institution avait survécu : le Sénat de Rome. L'illustre assemblée, qui avait plus de prestige que de pouvoir, était très hiérarchisée. À sa tête se trouvait le groupe des illustres, membres de neuf grandes familles, auxquels venaient s'ajouter quelques bureaucrates de Ravenne et des militaires germains. Au-dessous se trouvaient les spectabiles et les clarissimes. Odoacre chercha leur appui en les comblant de faveurs. Il restaura le consulat ordinaire, créa un chef officiel du Sénat (le caput Senatus) qui contrôlait le préfet de la ville, supprima l'impôt spécial qui pesait sur les membres de ce corps et les dispensa de l'obligation de fournir des recrues. De plus, il leur donna des terres ainsi que des satisfactions d'amour propre en faisant frapper sur les monnaies la légende « Ex Senatus consulto », en leur réservant des gradins au Colisée et en les utilisant comme ambassadeurs auprès de la cour de Constantinople.

Odoacre put donc renforcer sa position. À la demande du Sénat reconnaissant, il reçut de l'empereur d'Orient, Zénon, le titre de patrice, puis il devint « roi des peuples barbares », gouvernant au nom du monarque byzantin. En 483, c'est encore un sénateur qu'il choisit pour le représenter lors de l'élection du pape Félix III. Il agrandit aussi son domaine : il obtint la Sicile de Genséric, roi vandale d'Afrique, et s'empara de la Dalmatie à la mort de Népos (480) ; le Norique fut occupé puis évacué.

Ces ambitions inquiétèrent Zénon qui, en 488, chargea Théodoric de reconquérir l'Italie avec ses Ostrogoths et lui donna le titre de patrice. En 493, Odoacre fut assassiné. Les Italiens, qui l'avaient plébiscité, accueillirent de fort bonne façon son successeur, leur nouveau maître, Théodoric.

— Yann LE BOHEC

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Pour citer cet article

Yann LE BOHEC. ODOACRE (433 env.-493) roi des Hérules (476-493) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FIN DE L'EMPIRE ROMAIN D'OCCIDENT

    • Écrit par Patrick PÉRIN
    • 278 mots

    Le règne du dernier empereur romain d'Occident, Romulus Augustule, ainsi surnommé en raison de son jeune âge, fut aussi bref (475-476) que celui de ses prédécesseurs, renversés ou assassinés, tandis que s'accroissaient les troubles intérieurs en Italie. Il fut placé sur le trône impérial en octobre...

  • HÉRULES

    • Écrit par Joël SCHMIDT
    • 226 mots

    Puissant peuple germain venu de Scandinavie, les Hérules contribuent avec d'autres Barbares à l'invasion de l'Empire romain et à sa lente destruction. Au iiie siècle, ils s'installent sur les bords de la mer Noire et s'allient aux Goths pour attaquer les Romains. En 263 ils pillent...

  • INVASIONS GRANDES

    • Écrit par Lucien MUSSET
    • 16 104 mots
    • 8 médias
    ...Balkans, déjà ruinés, le tentaient peu pour un établissement définitif. Sous couvert de servir l'empereur Zénon contre le chef rebelle des armées d' Italie, Odoacre, il se fit donner en 488 la mission d'occuper la péninsule. Entraînant beaucoup de peuplades abandonnées à elles-mêmes par l'effondrement de l'empire...
  • ITALIE - Histoire

    • Écrit par Michel BALARD, Paul GUICHONNET, Jean-Marie MARTIN, Jean-Louis MIÈGE, Paul PETIT
    • 27 498 mots
    • 40 médias
    ...coexistence de l'empereur et du maître des milices (généralement barbare) et la supériorité de fait de celui-ci sont communes au ve siècle. Aussi le skire Odoacre, maître des milices et chef d'armées barbares au service de l'Empire, installées selon le régime de l'hospitalitas (considérés...

Voir aussi