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Parades à une attaque nucléaire, moyens de protection
Il est plus difficile de contrer une attaque nucléaire et de s'en protéger que de faire front à un bombardement conventionnel. Cela tient aux grands rayons de destruction des charges mais aussi à la soudaineté de l'agression, favorisée par le faible volume des têtes ainsi que par les performances des vecteurs modernes : un transport discret et rapide accentue l'effet de surprise.
Moyens actifs
Au premier rang des moyens actifs utilisés figurent ceux qui visent à détruire les vecteurs assaillants ou à neutraliser les charges qu'ils transportent avant l'arrivée sur l'objectif. La défense contre les bombardiers bénéficie de solutions éprouvées antérieurement, encore qu'il faille les adapter à des cibles plus fugaces. Contre les missiles balistiques, on a pensé jusque dans les années 1990 que la seule riposte efficace était l'utilisation de missiles antimissiles porteurs d'armes nucléaires du type A.B.M. Les développements liés à la missile defense des Américains portent sur des systèmes d'intercepteur non nucléaires qui neutralisent leur cible par impact direct. D'autres solutions s'orientent vers l'utilisation de lasers de puissance embarqués sur un avion gros-porteur (programme américain A.B.L., Air Born Laser) voire sur satellite. Même si les possibilités de destruction en vol se confirment dans leur principe par des essais de démonstration, il faudra encore de longs délais de mise au point pour parvenir à des systèmes parfaitement opérationnels.
Moyens offensifs et défensifs
Parmi les moyens offensifs, les plus difficiles à intercepter sont les charges multiples qui saturent la défense et les missiles de croisière qui approchent leurs cibles au ras du sol. Face à ces menaces, la tâche des défenseurs n'est pas aisée et leurs acquis toujours remis en question. C'est dire l'importance d'une surveillance vigilante et d'une détection précoce qui justifient l'ampleur croissante des systèmes déployés à ces fins, dans l'espace.
En raison même de la puissance des armes, les moyens passifs de défense et de protection ne peuvent concerner que l'essentiel : préserver l'ultime riposte à l'agresseur et assurer autant que possible la survie de la population. Du point de vue militaire et dans la logique de la dissuasion, il faut sauvegarder la possibilité de réponse à une attaque. La première idée a été celle de la diversité des vecteurs et de leurs bases de lancement, associée à une dispersion dans l'espace, le sous-marin apparaissant comme le moins vulnérable. Puis le réseau de transmission d'ordres a été « durci » : postes enterrés, recours à des blindages spécifiques, etc. En même temps, on fait appel à des systèmes redondants ou parallèles. Les armées ont adapté leurs matériels à l'éventualité d'une attaque nucléaire et créé des unités spécialisées dans l'intervention et les secours en milieux contaminés. La protection des populations dépend avant tout de l'efficacité du système d'alerte et d'information, ce qui suppose l'existence de cellules de protection décentralisées, entraînées à l'action en milieu hostile et contaminé (au sens nucléaire, chimique et biologique), dotées de moyens de mesure et de communications capables de survivre à un bombardement. Cela est possible avec des ressources humaines et financières relativement modestes. Il est certain que plus ces moyens seront importants plus la proportion des rescapés augmentera. Par exemple, la simple mise en place en temps de paix de survêtements étanches, surbottes, lunettes, gants, masques respiratoires très légers puisque destinés à ne servir qu'une fois – donc peu coûteux – permettrait d'évacuer des zones contaminées en augmentant beaucoup les chances de survie. Il a été également proposé divers types d'abris, efficaces contre le souffle et les retombées. Ils peuvent être destinés à une famille, incorporés dans les sous-sols d'un immeuble en construction, ou encore préfabriqués, à enfouir dans un jardin. C'est dans tous les cas une structure compacte, aux parois en béton épais, doublées de terre, avec un accès étanche capable de résister aux agressions sans se bloquer. Un dispositif de ventilation autonome assure la régénération de l'air. À l'intérieur sont prévus des stocks d'eau et de nourriture, des couvertures et vêtements adaptés, etc. En somme, les moyens de survie doivent permettre d'attendre, avant de sortir, que la radioactivité [...]
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Écrit par :
- Paul BOUÉ : ancien adjoint du directeur scientifique au Commissariat à l'énergie atomique, professeur honoraire à l'École nationale supérieure des techniques avancées
- Thierry MASSARD : directeur scientifique au Commissariat à l'énergie atomique, direction des applications militaires
- François OLIVE : ingénieur au Commissariat à l'énergie atomique
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Pour citer l’article
Paul BOUÉ, Thierry MASSARD, François OLIVE, « NUCLÉAIRE - Applications militaires », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 28 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/nucleaire-applications-militaires/