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NOVALIS (1772-1801)

Hymnes et Cantiques

Rien apparemment ne distingue les Hymnes à la nuit (Hymnen an die Nacht), dans leur inspiration, des Nuits de Young ou de la poésie élégiaque allemande du xviiie siècle. Mais cette invocation à la mort-renaissance et à cette nuit transfigurée rappellent plutôt Jacob Boehme et la Lucinde de Schlegel. Continuation et approfondissement des thèmes de certains fragments, la figure centrale en est Sophie, médiatrice de toute religion dans cette nuit des révélations, des « Offenbarungen ». Après la concision des fragments, c'est une prose rythmique et fluide, des vers rigoureusement agencés, car, comme le dira le poète Klingsohr à Heinrich, « dans toute poésie le chaos doit transparaître sous le voile uni de l'ordre », mais où, suprême exigence, la musique n'est pas exclue, « puisqu'il se peut bien malgré tout que musique et poésie ne fassent qu'un et s'épousent comme bouche et oreille ».

Le thème incessant de ces invocations est « une foi éternelle et immuable au ciel de la nuit ; et à celle qui en est la lumière, la bien-aimée ». Sophie devient dès lors un archétype religieux, comme la Sophie de Boehme, celle qu'il nomme aussi « la Vierge très chère de l'éternelle sagesse du Paradis ». Cette synthèse de la Religion de l'Aimée et de celle du Christ trouve son expression la plus achevée dans cet exemple d'un syncrétisme audacieux : « L'étreinte n'est-elle pas analogue à la communion ? Seul comprend le mystère du pain et du vin celui qui a bu sur des lèvres chaudes et aimées l'haleine de la vie. » Les cantiques sont, pour leur part, plus traditionnels, et sont à présent entrés dans la liturgie. Lorsqu'on songe à cette poésie, comment ne pas tenter de détruire l'image d'un Novalis transcrivant les exaltations de quelque inspiration géniale ? Ne fait-il pas dire à son maître Klingsohr ce qui resta toujours sa profonde conviction en matière de poésie : « Le jeune poète ne saurait être assez froid, assez réfléchi. L'usage authentique et mélodieux du langage exige toute l'attention d'un esprit vaste et calme. »

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Pour citer cet article

Catherine KOENIG. NOVALIS (1772-1801) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Novalis - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Novalis

Autres références

  • ALLEMANDES (LANGUE ET LITTÉRATURES) - Littératures

    • Écrit par Nicole BARY, Claude DAVID, Claude LECOUTEUX, Étienne MAZINGUE, Claude PORCELL
    • 24 585 mots
    • 29 médias
    Lorsque paraissent en 1795 Les Années d'apprentissage, tout le monde salue d'abord ce roman comme la Bible des temps nouveaux. Jusqu'au moment où Novalis (1772-1801) le dénonce comme un nouveau Candide, hostile à la poésie. La sagesse temporelle du livre négligeait selon lui l'essentiel : la vie...
  • ATHENÄUM, revue littéraire

    • Écrit par Pierre GRAPPIN
    • 768 mots
    • 1 média

    La singularité de la revue Athenäum, qui a paru de 1798 à 1800, est d'avoir été constituée expressément pour servir d'organe à une école littéraire en cours de formation, celle des romantiques allemands du groupe d'Iéna. C'est là, autour des frères August et ...

  • ROMANTISME

    • Écrit par Henri PEYRE, Henri ZERNER
    • 22 170 mots
    • 24 médias
    ...plusieurs philosophes du xviiie siècle y ont souscrit, mais ce n'est qu'avec le romantisme qu'elle prend sa forme généralisée. Schlegel et Novalis ont formulé à ce sujet un grand nombre de propositions qui ne semblent pas seulement des réflexions, mais des expériences très audacieuses au cours...
  • HEINRICH VON OFTERDINGEN (XIIIe s.)

    • Écrit par Pierre SERVANT
    • 582 mots

    C'est grâce à Novalis que le nom de Heinrich von Ofterdingen a gardé aujourd'hui toute sa puissance d'évocation ; comme il veut répliquer par un roman poétique au Wilhelm Meister de Goethe, qu'il juge trop réaliste et bourgeois, ce romantique de la première génération choisit...

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Voir aussi