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ATHENÄUM, revue littéraire

Novalis - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Novalis

La singularité de la revue Athenäum, qui a paru de 1798 à 1800, est d'avoir été constituée expressément pour servir d'organe à une école littéraire en cours de formation, celle des romantiques allemands du groupe d'Iéna. C'est là, autour des frères August et Friedrich von Schlegel, que se trouvèrent réunis, dans les années où la revue parut, le poète Tieck et, venu de la Thuringe proche, Novalis. À Iéna, Friedrich von Schlegel avait suivi avec passion les cours d'histoire universelle qu'y donnait Schiller à partir de 1791 ; à Iéna enseigna jusqu'en 1799 le philosophe Fichte et, à partir de 1793, August von Schlegel, spécialiste de l'histoire des littératures. C'est à la fin de 1798 que le groupe des jeunes romantiques se trouva réuni, au complet, pour moins d'un an. Le « romantisme d'Iéna », d'un idéalisme inspiré de Fichte, réunissait des artistes qui rêvaient de mettre en commun le meilleur de leur talent. Cet état de grâce donna le jour à la première et à la plus originale école romantique des pays allemands.

De cette communauté intimement unie par l'amitié, la revue Athenäum allait en être l'expression, trois années durant. Dans le préambule du premier volume (1798), la revue se définit comme un périodique littéraire et artistique ; elle évitera les sujets politiques et religieux ; elle sera essentiellement poétique, dans la mesure où la poésie est l'expression la plus noble de l'être humain. C'est cet éclat de la poésie que Friedrich von Schlegel recherchait à travers la forme du « fragment » : « Il doit, semblable à un objet d'art, demeurer distinct de tout ce qui l'entoure [...] et en soi achevé. » C'est lui qui sauvegarde le mieux la liberté de l'artiste. À cela on pourrait ajouter quelques formules du même Friedrich von Schlegel telles que : « Moralité sans paradoxe n'est que banalité », ou bien : « L'intuition intellectuelle est l'impératif catégorique de la théorie. »

Ces formulations philosophiques et esthétiques se trouvent dans les Fragments de Schlegel réunis dans le premier volume de l'Athenäum. Celui-ci contenait aussi un article d'August von Schlegel sur Les Langues et, surtout, les Grains de pollen (Blütenstaub) de Novalis qui, joints aux Fragments de Schlegel renferment les préceptes originaux de l'école d'Iéna. Schlegel devait résumer ainsi son programme : « La poésie romantique est une poésie progressive et universelle [...]. En un certain sens toute poésie est, ou bien devrait être, romantique. » Quant à la philosophie, elle est « la vraie patrie de l'ironie », qu'on pourrait définir comme étant « la beauté de la logique ». Plus aphoristiques et plus mystiques, les Grains de pollen de Novalis haussaient le romantisme à un degré supérieur : « La poésie est l'art d'éveiller le sentiment le plus profond de l'être, c'est une dynamique de l'âme. » La conséquence s'aperçoit dans la formule : « La poésie est le réel absolu de la vie. Tel est le noyau de ma philosophie. » L'art ainsi conçu fait de l'artiste le couronnement de l'humain : « Seul un artiste est capable de deviner le sens de la vie » et « Le bien suprême réside dans l'imagination. »

Plus varié, le volume suivant (1799) est constitué de plusieurs articles de critique et d'histoire écrits par August von Schlegel. Avec le troisième volume (1800), qui sera le dernier, on revient à Friedrich von Schlegel et à Novalis. Le premier apporte plusieurs textes de doctrine : Idées, Dialogue sur la poésie, Aux Allemands. Novalis fournit, de son côté, l'apport essentiel de ses Hymnes à la nuit, donnant à la revue son couronnement poétique.

Tout, dans la revue, n'était pas fragment suprême :[...]

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Pour citer cet article

Pierre GRAPPIN. ATHENÄUM, revue littéraire [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Novalis - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Novalis

Autres références

  • SCHLEGEL AUGUST WILHELM VON (1767-1845)

    • Écrit par Michel KORINMAN
    • 1 162 mots

    Né à Hanovre, August Wilhelm von Schlegel, frère aîné de Friedrich, étudie à partir de 1786 la théologie, puis la philosophie classique chez Christian Gottlob Heyne à l'université de Göttingen où l'influence de Bürger le marque profondément. Une collaboration suivie aux grandes revues de l'époque lui...

  • SCHLEGEL FRIEDRICH VON (1772-1829)

    • Écrit par Alexis PHILONENKO
    • 2 357 mots
    Schlegel n'était pas un philosophe. Il lui manquait l'art qui consiste à systématiser. Aussi bien dans l'Athenäum publié à Berlin, qu'il avait fondé en 1798 avec son frère et Ludwig Tieck – trois volumes de bon format parurent jusqu'en 1800 – il publia des fragments, mélangés à d'autres...

Voir aussi