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NOMBRES

Numération

Exprimer des nombres, pour communiquer avec autrui, en garder trace ou calculer, tel est le but des numérations. Geneviève Guitel, dans Histoire comparée des numérations écrites (1975), les classe en numérations figurées (à l'aide de nœuds de couleur, comme ceux des quipu incas, de cailloux ou d'autres objets), parlées ou écrites, ces dernières étant regroupées en trois grands ensembles : d'addition, hybrides ou de position.

Il semble que toutes les langues ont des mots pour désigner un, deux et trois, mais que certaines ne vont pas au-delà. Parmi les noms anciennement inventés, celui désignant le plus grand nombre semble être un mot sanskrit signifiant 10421.

Dans une numération écrite d'addition, dont on trouve des exemples à Sumer, dans l'Égypte, la Chine et l'Inde anciennes ou chez les Aztèques, les symboles sont librement placés et leurs valeurs numériques sont additionnées. Une inscription de ce type se trouve sur une tête de massue attribuée au roi Narmer (période prédynastique, soit avant 5600 avant J.-C. selon la chronologie longue d'André Pochan), découverte dans le temple de Hiérakonpolis, ville de la rive gauche du Nil : en numération hiéroglyphique sont dessinés, sous et à côté d'une chèvre, un dieu assis les bras levés (un million), quatre têtards (quatre fois cent mille), deux doigts levés (deux fois dix mille) et deux fleurs de lotus (deux fois mille), ce qui signifie donc un million quatre cent vingt-deux mille chèvres. La numération syllabique d'Āryabhạta (Inde, vie siècle) est de ce type ; elle comporte 462 signes, dont un valant 1018.

Dans les numérations écrites hybrides, présentes par exemple chez les Akkadiens ou sur des stèles mayas, les places des symboles ou chiffres ne sont que partiellement déterminées.

Dans une numération écrite de position, présente par exemple avant 2000 avant J.-C. dans la Babylone antique (où elle était issue de celle de Sumer à deux bases), les chiffres sont enchaînés et il y a une base (souvent dix), dont les diverses puissances servent à exprimer les nombres.

En langage mathématique actuel, on peut dire qu'une numération écrite de position de base b utilisant le zéro emploie b chiffres, et qu'un nombre entier naturel écrit dans cette base anan–1 ... a1a0, où chacun des ai (i appartenant à {0, 1, ..., n}) est l'un de ces chiffres, est égal à anbn + an–1bn–1 + ... + a1b + a0 (par conséquent, la base b s'écrit « 10 » en base b). Les ordinateurs travaillent en base deux, et lorsque l'on considère des bases supérieures à dix, on ajoute des lettres aux chiffres de 0 à 9 (par exemple α pour dix et β pour onze, en base douze). Les opérations élémentaires (additions, soustractions, multiplications, divisions) sont évidemment faites en écrivant les nombres concernés en une même base.

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Écrit par

  • : diplômé en sciences de l'éducation, mathématique, économie, philosophie, ethnologie et bibliothéconomie

Classification

Pour citer cet article

Jean-Marie PRUVOST-BEAURAIN. NOMBRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PERCEPTION DU NOMBRE

    • Écrit par Véronique IZARD
    • 1 297 mots

    Notre perception prend très souvent en compte les quantités. Au supermarché, par exemple, nous évaluons combien de personnes sont présentes aux caisses pour savoir laquelle choisir ; nous estimons rapidement la monnaie qu’on nous rend ou encore, lorsque nous nous déplaçons en petit groupe, nous nous...

  • ACALCULIES

    • Écrit par Mauro PESENTI
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    ...l'établissement de classifications s'est réduit et a fait place à l'étude des dissociations chez les patients présentant des atteintes de certaines composantes des traitements numériques. Les architectures actuelles (citons le « modèle modulaire » proposé par Michael McCloskey aux États-Unis et le « modèle du triple-code...
  • ACQUISITION DU NOMBRE ET DU CALCUL

    • Écrit par Jean-Paul FISCHER
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    L’école, par une étude systématique des compositions additives des nombres, d’abord inférieurs à 10, puis à 20, approfondit la connaissance des nombres. L’une des compositions additives, à savoir celle qui lie un nombre au précédent, 4 c’est 3 + 1 par exemple, est particulièrement importante, car un...
  • BOLZANO BERNARD (1781-1848)

    • Écrit par Jan SEBESTIK
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    Dansla construction du concept de nombre naturel, Bolzano se laisse guider par l'idée euclidienne du nombre comme collection d'unités. Cependant, il souligne l'aspect ordinal du nombre en le définissant comme terme d'une suite de sommes de multitudes, suite formée par une même loi récurrente. Pour détacher...
  • CALCUL MENTAL

    • Écrit par André DELEDICQ
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    – Cela m'étonne de vous, lui répondit Ramanujan du tac au tac, c'est pourtant le plus petit nombre entier qui s'exprime de deux manières différentes comme la somme de deux cubes : ceux de 1 et 12, mais aussi de 9 et 10.
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