Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

KHROUCHTCHEV NIKITA SERGUEÏEVITCH (1894-1971)

Le combat pour le pouvoir

La paix revenue, Khrouchtchev retourna en Ukraine. Il fallait reconstruire cette république et en même temps éliminer les combattants qui, par hostilité au pouvoir soviétique et à la russification, tenaient le maquis. La tâche était si lourde que, pendant quelques mois, Kaganovitch dut supplanter son protégé. Celui-ci n'eut pas trop à souffrir du demi-échec qu'il avait subi. En 1949, il reprit la direction du parti pour la ville de Moscou et fut nommé secrétaire du comité central. Il était chargé plus particulièrement des questions agricoles.

Lorsque Staline mourut (mars 1953), Khrouchtchev ne figurait pas sur la liste des candidats à la succession. Les hommes importants du régime s'appelaient Malenkov, Beria, Molotov (Skriabine, de son vrai nom). Khrouchtchev était l'un des membres du bureau politique et l'un des secrétaires du comité central. D'autre part, il avait été nommé président de la commission qui organisait les obsèques de Staline. Cependant, la bataille pour le pouvoir commençait. Malenkov fut, pendant quelques jours, à la fois chef du gouvernement et responsable du parti. Dès le 14 mars 1953, il dut renoncer à son poste de secrétaire du comité central pour se consacrer entièrement à son travail gouvernemental. Un bref communiqué signalait alors que Khrouchtchev était libéré de ses fonctions de premier secrétaire de la ville de Moscou afin de donner tout son temps au comité central. En septembre, il en devint officiellement premier secrétaire.

Il marqua son entrée en fonctions par un coup d'éclat. En effet, dans un rapport très réaliste sur la crise de l'agriculture, il dénonçait les carences de la politique stalinienne. À la même époque, il se heurtait à Malenkov, le chef du gouvernement, qui essayait de gagner la popularité en promettant le bien-être aux citoyens et en prônant à l'extérieur une politique de défense. Khrouchtchev passait alors pour le champion de l'orthodoxie. Il défendait le dogme de la priorité absolue de l'industrie lourde, affirmait que les Soviétiques devaient se sacrifier pour renforcer la défense nationale et fournir une aide matérielle aux Chinois. En s'appuyant sur l'appareil du parti, il obligea Malenkov, son rival le plus dangereux, à quitter la direction du gouvernement et à céder la place au maréchal Boulganine. Mais sa position était précaire parce qu'il était étroitement contrôlé par les autres membres du bureau politique. Il essaya de briser les résistances lors du XXe Congrès (févr. 1956). Il ne put guère modifier la composition du bureau politique, mais, par le congrès, il fit élire ses amis en majorité au comité central. Surtout, il profita de l'occasion pour présenter son célèbre rapport sur les crimes de Staline.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chef adjoint du service étranger du journal Le Monde

Classification

Pour citer cet article

Bernard FÉRON. KHROUCHTCHEV NIKITA SERGUEÏEVITCH (1894-1971) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Khrouchtchev aux Nations unies - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Khrouchtchev aux Nations unies

Nikita Khrouchtchev et Tito, 1963 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Nikita Khrouchtchev et Tito, 1963

L'arrestation d'un policier - crédits : Jack Esten/ Getty Images

L'arrestation d'un policier

Autres références

  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande

    • Écrit par Georges CASTELLAN, Rita THALMANN
    • 19 516 mots
    • 6 médias
    Le XXe congrès du P.C. de l'U.R.S.S. (du 14 au 25 février 1956) et la condamnationpar Khrouchtchev des crimes de Staline furent assurément une surprise pour les dirigeants de la R.D.A. : le message de vœux envoyé par le S.E.D. au congrès le 14 février 1956 se terminait en effet par : « Vivent...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République fédérale d'Allemagne jusqu'à la réunification

    • Écrit par Alfred GROSSER, Henri MÉNUDIER
    • 16 391 mots
    • 10 médias
    ...faisait preuve de la même prudence et de la même continuité dans son attitude que les Occidentaux. Pendant plusieurs années, à partir de novembre 1958, Khrouchtchev avait bien brandi la menace d'un traité de paix séparé avec « son » Allemagne – la R.D.A. – et répété que le quadripartisme était mort. Mais,...
  • BOULGANINE NIKOLAÏ ALEXANDROVITCH (1895-1975)

    • Écrit par Georges HAUPT
    • 345 mots
    • 1 média

    Maréchal de l'U.R.S.S., Boulganine fut président du Conseil des ministres de l'Union soviétique de 1955 à 1958. Fils d'un employé de bureau de Nijni-Novgorod, Boulganine adhère au Parti bolchevik en 1917. De 1918 à 1922, il travaille dans la Tcheka, puis il est affecté jusqu'en 1927 au Conseil supérieur...

  • BREJNEV LEONID ILITCH (1906-1982)

    • Écrit par Georges HAUPT
    • 722 mots
    • 1 média

    Né en Ukraine dans une famille d'ouvriers, Leonid Brejnev entre au Komsomol en 1923 et au P.C.U.S. (Parti communiste de l'Union soviétique) en 1931. Après avoir obtenu en 1935 son diplôme d'ingénieur métallurgiste, il devient permanent du parti en 1937 et travaille en Ukraine sous la direction...

  • Afficher les 26 références

Voir aussi