Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MAES NICOLAS (1634-1693)

Le peintre hollandais Nicolas Maes fut l'un des principaux élèves de Rembrandt, et l'un de ceux qui, dans une voie réaliste et sentimentale, surent le mieux préserver leur originalité en se spécialisant dans la peinture de genre et le portrait. On a dit parfois que Nicolas Maes avait été l'élève de Reynier Covyn à Dordrecht, mais la date de naissance de ce dernier (1635 ou 1636) suffirait à infirmer cette opinion ; c'est bien plutôt Covyn qui a été un imitateur assez littéral de Maes. Vers 1648, Maes part pour Amsterdam où il devient l'élève de Rembrandt. Il peint à ce moment-là des sujets religieux telle La Femme en prière (Rijksmuseum, Amsterdam) et ses œuvres témoignent de la leçon intelligemment comprise de Rembrandt : il utilise un clair-obscur puissant et dramatique, des rouges et des bruns chaleureux, des ombres épaisses, une pâte lourde, à tel point que les tableaux de cette période posent souvent de délicats problèmes d'attribution et de discrimination entre Rembrandt et Maes (par exemple, l'admirable Christ bénissant les enfants à la National Gallery de Londres, attribué à Rembrandt tout au long du xixe siècle). En 1654, Maes retourne à Dordrecht où il restera jusqu'en 1673. Comme Carel Fabritius dont il se rapproche souvent, Maes se spécialise alors dans la peinture de genre et pratique une sorte de rembranisme large, bien plus identifiable par sa technique chaude et robuste que par le choix des sujets trop souvent anecdotiques et familiers. Comme dans les œuvres de Pieter de Hooch ou de Hoogstraten, la lumière baigne ses intérieurs calmes où les figures silencieuses s'appliquent à quelque tâche ménagère (par exemple, La Jeune Fille plumant un canard au Museum of Art de Philadelphie). À la simple description d'un intérieur rustique s'ajoute une signification allégorique : le chat, symbole du plaisir ; le fusil de chasse, symbole de la séduction ; les cadeaux offerts à la jeune femme, etc.

Aux environs de 1660, Maes peint des portraits dans lesquels l'influence de Rembrandt est encore très sensible dans le clair-obscur ambiant et l'attitude massive et fortement construite des personnages tel L'Enfant (Museum of Art, Cincinnati) qui, appuyé à une balustrade, regarde le spectateur et n'est pas sans rappeler La Jeune Fille à la balustrade de Rembrandt à Stockholm. Vers 1660-1665, Maes fait à Anvers un voyage qui lui fait connaître les peintures de Rubens, de Jordaens et de Van Dyck : à cette date, il tend à se spécialiser dans le portrait et ses tableaux adoptent de plus en plus un théâtralisme pompeux et mondain d'essence baroque comme le montre notamment Le Portrait de famille (Fogg Art Museum, Harvard University). L'influence flamande de Jordaens et de Van Noordt joue ici un grand rôle : la facture est recherchée et Maes se complaît dans le détail où la lumière froide et pure met en valeur les plis bouillonnés des vêtements ; un coloris rare à dominante grenat ou orangé et les effets d'irisation renforcent cette nouvelle préciosité de la peinture néerlandaise qui marque tout aussi bien, à la même époque, un Netscher, un Van Noordt ou les Mieris.

— J. BOUTON

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

J. BOUTON. MAES NICOLAS (1634-1693) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • NÉERLANDAISE ET FLAMANDE PEINTURE

    • Écrit par Lyckle DE VRIES
    • 10 188 mots
    • 18 médias
    ...la faveur du public, alors que le style de Rembrandt devenait de moins en moins approprié à reproduire des modèles ressemblants. L'élève de Rembrandt Nicolas Maes, qui avait débuté comme peintre de genre, a créé dans la suite un type de portrait qui, par son élégance et son allant, s'adaptait parfaitement...

Voir aussi