Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NEUROSCIENCES COGNITIVES ET DOULEUR

La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à un dommage corporel potentiel ou à tout événement sensoriel supposé subjectivement refléter un dommage corporel. La douleur est liée en situation normale à l’activation, à la surface de la peau ou dans les viscères, de récepteurs sensoriels particuliers appelés nocicepteurs. Les nocicepteurs sont caractérisés par un seuil élevé d’activation, c’est-à-dire par la capacité de ne s’activer en condition normale qu’en réponse à des stimuli – thermiques, mécaniques ou chimiques – de forte intensité et potentiellement nocifs. La nociception est l’ensemble des processus permettant de coder, de transmettre et de traiter le message nerveux issu des nocicepteurs. Les termes de nociception et de douleur ne doivent donc pas être confondus : le premier correspond au mécanisme de transformation du signal sensoriel entrant, le second correspond à l’une des réponses possibles à cette transformation, à côté d’autres réponses comme des comportements moteurs et des réponses végétatives dont la fonction générale est de préserver l’homéostasie.

Un système spécifique ou non spécifique ?

S’il existe un système de codage et de transport spécifique pour la nociception, soit le double système d’afférence associé aux fibres nerveuses Aδ et C, l’existence d’un système spécifique de transformation de l’information nociceptive en douleur au niveau du cortex cérébral est largement débattue. À ce niveau, le message nerveux issu de l’activation des récepteurs et fibres nociceptives est projeté dans un réseau de régions cérébrales comprenant principalement les aires somatosensorielles primaire et secondaire, l’insula et le gyrus cingulaire. Certaines études de neuro-imagerie ont montré qu’une augmentation de l’intensité douloureuse était associée à une augmentation de l’activité des réponses dans ce réseau cortical, laissant supposer que ce dernier participerait spécifiquement au traitement de l’information nociceptive et à sa transformation en perception de la douleur. Cependant, la transmission du signal nociceptif peut déjà être modulée au niveau de la moelle épinière par l’activité issue des fibres somatosensorielles non nociceptives et par des messages descendants en provenance des régions sous-corticales et corticales. Ces différents mécanismes permettent donc de contrôler la douleur par l’activité des autres modalités sensorielles ainsi que par les activités cognitives. De même, des études récentes ont montré qu’il est possible de susciter des réponses dans ce réseau cortical non seulement par des stimuli somesthésiques non nociceptifs, mais également par des stimuli non somesthésiques comme des stimuli auditifs et visuels, et de rompre ainsi la relation entre l’activité neuronale de ce réseau et l’intensité subjective de la douleur. Ainsi, ce réseau cortical serait plutôt impliqué dans la détection et le traitement des informations ayant une importance pour l’intégrité du corps, quelles que soient les modalités sensorielles d’origine ; il aurait donc une fonction d’alerte non spécifique.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chercheur qualifié au Fonds de la recherche scientifique de Belgique, chargé de cours à l'université catholique de Louvain (Belgique)

Classification

Pour citer cet article

Valery LEGRAIN. NEUROSCIENCES COGNITIVES ET DOULEUR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi