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COMANECI NADIA (1961- )

La parfaite démonstration de la Roumaine Nadia Comaneci lors des jeux Olympiques de Montréal en 1976, devant cinq cents millions de téléspectateurs subjugués, a durablement modifié le visage de la gymnastique féminine. Avant son irruption, le succès allait à d'élégantes jeunes femmes à la plastique classique, qui exécutaient avec grâce des exercices convenus – la Tchécoslovaque Vera Cáslavská (1964, 1968), la Soviétique Lyudmilla Touritcheva (1972) –, quand d'autres, telle la Soviétique Olga Korbut, tentaient de rivaliser en osant diverses acrobaties, le plus souvent accompagnées d'un inévitable désordre artistique. Nadia Comaneci, frêle jeune fille (1,55 m, 40 kg) de moins de quinze ans, réussit en quelques instants magiques à combiner grâce et difficultés techniques, ouvrant un chapitre de ce sport qui verra désormais le triomphe des poupées-gymnastes et connaîtra une médiatisation nouvelle, à l'instar du patinage artistique.

Privée d'un nouveau triomphe aux Jeux de Moscou en 1980, Nadia Comaneci sera d'abord l'instrument de propagande d'un régime discrédité puis l'otage de celui-ci, connaîtra des années difficiles dans la Roumanie de Ceau̧sescu, avant de fuir aux États-Unis pour tenter de se construire une nouvelle existence.

Nadia Comaneci - crédits : Alain  DeJean / Sygma/ Getty Images

Nadia Comaneci

Nadia Comaneci a obtenu cinq médailles d'or, trois d'argent et deux de bronze aux jeux Olympiques, deux médailles d'or et deux d'argent aux Championnats du monde, neuf médailles d'or, deux d'argent et une de bronze aux Championnats d'Europe.

La petite fée de Montréal

Nadia Comaneci naît le 12 novembre 1961, à Onesti, dans la partie moldave de la Roumanie, d'un père mécanicien et d'une mère qui fut danseuse étoile – ses parents divorceront rapidement. À six ans, sa mère la conduit au gymnase, pour canaliser son énergie débordante. Là, l'entraîneur Béla Károlyi décèle les exceptionnelles qualités de cette fillette au caractère affirmé, qui allie sang-froid et équilibre. À raison de huit heures d'entraînement quotidien, il martyrise son corps, en lui imposant plus de vingt fois le même exercice. Surpris par sa constance et sa maîtrise, il exige d'elle la perfection tout en la « mécanisant » à outrance – quitte à lui voler son enfance.

À treize ans et demi, Nadia Comaneci est récompensée de son travail à l'occasion des Championnats d'Europe de Skien (Norvège), en 1975 : elle remporte le concours général et obtient trois autres médailles d'or dans les épreuves par appareils.

Nadia Comaneci, fine adolescente qui force son sourire quand elle exécute son programme pour retrouver son visage triste en coulisse, se présente en favorite aux jeux Olympiques de Montréal, en 1976. Comme délivrée des lois de la pesanteur, elle enchaîne les difficultés les plus audacieuses, obtenant, aux barres asymétriques et à la poutre, plusieurs fois la note maximale de 10,00 – jamais attribuée auparavant –, son premier 10,00 bloquant le système informatique, lequel n'avait pas été conçu pour cette idéale perfection. Nadia Comaneci est championne olympique du concours général, avec le total record de 79,275 points sur 80, aux barres asymétriques, effectuant une époustouflante démonstration qui s'achève par une sortie en saut périlleux avant avec demi-tour, ce qui lui vaut un improbable 20 sur 20. À la poutre, elle évolue sans trembler sur ce madrier de 10 centimètres de largeur (19,95 sur 20). Ses rivales soviétiques – Lyudmilla Touritcheva, Nellie Kim et Olga Korbut – sont réduites au rang de faire-valoir. Nadia obtient également la médaille d'argent au concours par équipes et la médaille de bronze au sol. Pour les médias, elle devient la « Petite Fée de Montréal » : radios et télévisions du monde entier font de cette enfant une célébrité. Grâce à elle, la gymnastique bénéficie d'un engouement médiatique sans précédent.[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification

Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. COMANECI NADIA (1961- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Nadia Comaneci - crédits : Alain  DeJean / Sygma/ Getty Images

Nadia Comaneci

Autres références

  • GUERRE FROIDE (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 3 554 mots
    ...est atteint, naturellement, lors des jeux Olympiques, avec les victoires de l’athlète tchécoslovaque Emil Zatopek, vedette des Jeux d’Helsinki, en 1952, ou bien de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci, icône des Jeux de Montréal en 1976, qui passera à l’Ouest quelques années plus tard.
  • JEUX OLYMPIQUES - Les dissensions au sein du bloc de l'Est et les Jeux

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 1 810 mots

    Quand débutent les compétitions olympiques à Melbourne, la Hongrie est à feu et à sang. Le pays souhaite se libérer du joug stalinien, un vaste mouvement populaire prend forme en octobre 1956, de grandes manifestations s'organisent, les travailleurs créent des conseils ouvriers et prennent la...

  • MONTRÉAL (JEUX OLYMPIQUES DE) [1976] - Chronologie

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 3 428 mots
    ...L'U.R.S.S. s'impose avec une faible marge (3,20 points) devant la Roumanie, mais la reine de la soirée est une frêle et jeune Roumaine de quatorze ans et demi, Nadia Comaneci (1,56 m, 41 kg) : elle obtient, aux barres asymétriques et à la poutre (où elle réalise un saut périlleux latéral avec flip-flap), la note...
  • MONTRÉAL (JEUX OLYMPIQUES DE) [1976] - Contexte, organisation, bilan

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 3 273 mots

    Le 12 mai 1970, lors de sa soixante-neuvième session tenue à Amsterdam, le C.I.O. choisit, au second tour de scrutin, par quarante et une voix contre vingt-huit en faveur de Moscou, Montréal pour organiser en 1976 les XVIIIes jeux Olympiques d'été. La capitale de l'U.R.S.S. était en tête au premier...

Voir aussi