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ZATOPEK EMIL (1922-2000)

L'athlète Emil Zatopek a apporté une dimension nouvelle aux épreuves de longues distances : chaussé de ses pointes de sept lieues, il sut repousser les limites humaines infiniment plus loin qu'on avait pu l'imaginer avant lui.

S'il exista des champions plus talentueux, il n'y en eut jamais aucun qui ait autant travaillé pour s'accomplir pleinement. Il fut en effet, dès son adolescence, un bourreau d'entraînement : apprenti aux usines de chaussures Bata, à Zlin, en Moravie, il courait chaque jour, à vive allure, plus de 15 kilomètres, comme s'il avait voulu échapper à un destin sans joie.

Après sa carrière, happé dans un premier temps par le régime, ce colonel de l'armée, « héros du socialisme », alla porter la bonne parole communiste dans les écoles et les usines tchécoslovaques, louant l'amitié avec le « grand frère » soviétique. Mais, patriote avant tout, il se leva lors du Printemps de Prague, s'insurgeant contre l'entrée des chars soviétiques dans son pays, ce qui lui valut d’être déchu de tout et de connaître la misère.

Emil Zatopek a remporté quatre médailles d'or et une d'argent aux jeux Olympiques (1948, 1952), il fut trois fois champion d’Europe (1950, 1954) ; il a établi dix-huit records du monde au cours de sa carrière.

Un infatigable travailleur

Emil Zatopek est né le 19 septembre 1922 à Koprivnice, en Moravie du Nord. Il est le septième des huit enfants d'un charpentier. À seize ans, il commence à travailler dans la fabrique de chaussures Bata, à Zlin. De ces années sombres, marquées, en 1939, par l'invasion des hordes nazies, Zatopek gardera le goût de l'effort et du dépassement de soi. À la libération de la Tchécoslovaquie, en 1945, il s'engage dans l'armée. Devenu aspirant, et bénéficiant de larges facilités pour s'entraîner à la compétition, il va suivre une préparation fondée non seulement sur l'endurance, mais aussi sur la résistance. Zatopek avait eu en effet très tôt conscience de ses insuffisances physiques ; à vingt-trois ans, il va donc mettre à son programme quotidien 25 kilomètres en terrain boisé et dénivelé, puis une série de cinquante 400 mètres, abattus sur piste à vive allure, avec des temps de récupération de plus en plus brefs. Associant le qualitatif au quantitatif, il devient ainsi un phénomène de récupération cardiaque.

Emil Zatopek se révèle au monde en 1948, lors des premiers jeux Olympiques de l'après-guerre, à Londres, par une chaleur caniculaire, en mettant à la torture tous ses adversaires et en s'imposant sur 10 000 mètres avec 300 mètres d'avance sur un certain Alain Mimoun, qui demeura longtemps son valeureux dauphin. Il est également médaillé d'argent du 5 000 mètres, devancé d'un souffle par le Belge Gaston Reiff (14 min 17,6 s pour Reiff, 14 min 17,8 s pour Zatopek).

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Écrit par

  • : ancien directeur de la rédaction de L'Équipe
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Robert PARIENTÉ. ZATOPEK EMIL (1922-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GUERRE FROIDE (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 3 554 mots
    Le paroxysme est atteint, naturellement, lors des jeux Olympiques, avec les victoires de l’athlète tchécoslovaque Emil Zatopek, vedette des Jeux d’Helsinki, en 1952, ou bien de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci, icône des Jeux de Montréal en 1976, qui passera à l’Ouest quelques années plus...
  • HELSINKI (JEUX OLYMPIQUES D') [1952] - Chronologie

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 3 515 mots
    Dès la première journée des compétitions d'athlétisme, trois records olympiques sont battus. Dans le 10 000 mètres, Emil Zatopek (Tchécoslovaquie), lieutenant dans l'armée, se trouve à son apogée à vingt-neuf ans : il s'impose en 29 min 17 s, avec 15,8 s d'avance sur ...
  • HELSINKI (JEUX OLYMPIQUES D') [1952] - Contexte, organisation, bilan

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 2 724 mots

    Du 19 au 21 juin 1947, le C.I.O. tient sa quarantième session à Stockholm, la réunion étant consacrée à l'élection des villes d'accueil des Jeux de la XVe olympiade, en 1952. Un an plus tôt, en juin 1946, Londres avait été choisie, sans vote formel, pour organiser les Jeux de 1948....

  • JEUX OLYMPIQUES

    • Écrit par Jean DURRY, Universalis, Pierre LAGRUE, Alain LUNZENFICHTER
    • 15 675 mots
    • 12 médias
    ...Blankers-Koen, qui remporte 4 médailles d'or en athlétisme (100 mètres, 200 mètres, 80 mètres haies, 4 fois 100 mètres). Le Tchécoslovaque Emil Zatopek gagne le 10 000 mètres, devant le Français Alain Mimoun. Les cyclistes français (3 médailles d'or) se distinguent également.
  • Afficher les 7 références

Voir aussi