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HARRAN

Ancien centre commercial de la Mésopotamie septentrionale, sur le Balikh, au croisement des routes caravanières qui menaient de Babylone en Syrie, en Égypte et en Asie Mineure.

Harran et son temple consacré à Sin, le dieu Lune, sont mentionnés dans une tablette de Mari (~ 2000). Le nom de la cité apparaît ensuite dans les textes hittites de Boǧazköy. Harran, possession mitanienne depuis le ~ xviiie siècle, est au nombre des villes que Mattiwaza, à la fin de l'Empire hourrite, reprendra sur Šuttarna III, dans sa vaine tentative de reconquérir la totalité du territoire qu'avait gouverné son père Tušratta.

L'Ancien Testament situe à Harran la patrie des ancêtres d'Abraham et le point de départ de ses migrations, bien que la ville d'Ur des Chaldéens pose des problèmes. C'est à partir du dernier tiers du ~ IIe millénaire, dans les inscriptions royales assyriennes, qu'il est à nouveau question de Harran. La ville a dû être conquise par les Assyriens dans leur effort pour s'étendre vers l'occident. À l'époque sargonide, Harran est une importante capitale provinciale du royaume assyrien, jouissant, au même titre que l'ancienne capitale Assur, de « franchises » en matière de corvée, de service militaire et d'impôts.

Lors de la ruine du royaume assyrien sous les coups des Babyloniens et des Mèdes, Harran fut le dernier point de résistance assyrienne. Après la prise de Ninive (~ 612), on trouve à Harran un Assour-ouballit II, « roi des Assyriens » qui continue à tenir tête aux ennemis coalisés de l'Assyrie de ~ 611 à ~ 610, année où Harran fut conquise à son tour. Assour-ouballit tenta en ~ 609 de reprendre Harran avec l'aide de l'armée égyptienne de Néchao, mais il échoua dans son entreprise. Intégré désormais à l'Empire mède, Harran sollicitait l'esprit du dernier roi de Babylone, Nabonide, que l'occupation mède empêchait de déférer à l'ordre qu'il avait reçu des dieux de relever l'E-hul-hul, « la demeure de joie », sanctuaire de Sin. La victoire de Cyrus sur Cyaxare lui permit de mener à bien son projet de restauration, mais l'engagea dans un conflit avec le clergé de Marduk à Babylone, qui devait avoir de graves conséquences pour le sort du royaume néo-babylonien.

— Valentin NIKIPROWETZKY

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Classification

Pour citer cet article

Valentin NIKIPROWETZKY. HARRAN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ASSYRIE

    • Écrit par Guillaume CARDASCIA, Gilbert LAFFORGUE
    • 9 694 mots
    • 6 médias
    ...sont portés par les Mèdes : les capitales sont prises et incendiées (Assour en 614, Ninive en 612), le roi disparaît. L'armée assyrienne, retranchée à Harran, une des villes saintes de l'empire, proclame un dernier souverain, Assour-ouballith II. Mais l'intervention égyptienne ne peut sauver Harran, qui...
  • UR ou OUR

    • Écrit par Valentin NIKIPROWETZKY
    • 427 mots
    • 5 médias

    Ville du sud de la Mésopotamie.

    L'époque préhistorique et protohistorique d'Ur remonte au ~ Ve millénaire. On la divise en trois périodes : celle d'El-Obeid, à laquelle succèdent celles d'Uruk et de Jemdet-Nasr.

    À l'époque sumérienne archaïque, entre ~ 2800 et ~ 2500,...

Voir aussi