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CLEMENTI MUZIO (1752-1832)

Pianiste, compositeur et éditeur de musique italien né à Rome, Muzio Clementi fut sans doute le premier à avoir, dès les années 1780, non seulement écrit mais aussi et surtout adapté sa musique au piano « moderne », et à ce titre, il influença fortement Beethoven, dont il fut, dans le domaine de la sonate pour clavier, le prédécesseur principal. Enfant prodige, organiste à neuf ans et auteur à douze ans d'un oratorio, il est remarqué en 1766 par un mécène anglais, sir Peter Beckford, qui l'emmène en Angleterre (ce pays deviendra sa seconde patrie) et le fait travailler assidûment pendant sept ans. En 1773, il s'installe à Londres comme concertiste et professeur, et exerce de 1777 à 1780 les activités de maître de clavecin au King's Theatre de Haymarket. Mais il n'atteint sa pleine maturité stylistique qu'au cours de la première grande tournée qui, de 1780 à 1783, le mènera à Paris, à Strasbourg, à Munich, à Vienne (où il se livre avec Mozart à un duel pianistique demeuré célèbre), à Zurich et à Lyon. Son séjour à Vienne a coïncidé (1781) avec les débuts officiels du style classique (installation de Mozart dans cette ville et publication des quatuors op. 33 de Haydn). De retour à Londres, auteur déjà d'un nombre imposant de sonates, Clementi y compose ses premières œuvres didactiques (Preludi ed esercizi, 1790) ainsi que cinq symphonies perdues ; il a comme élèves Johann Baptist Cramer et John Field, et fonde en 1798 une affaire florissante d'édition musicale et de fabrique de pianos. Entre 1802 et 1810, de nouveaux grands voyages le conduisent notamment à Saint-Pétersbourg, où l'accompagne John Field, et à Vienne, ainsi que, pour la première fois depuis quarante ans, en Italie. Au cours de la dernière période de sa vie, il participe à la fondation de la Royal Philharmonic Society (1813), par le biais de laquelle il diffuse en Angleterre les œuvres de Beethoven et de Cherubini ; il voyage encore plusieurs fois à travers l'Europe, et publie, de 1817 à 1826, les trois volumes de son ouvrage didactique principal, le Gradus ad Parnassum. En 1828, il se retire dans sa propriété d'Evesham (Worcestershire), et y meurt quatre ans plus tard.

Les quelques sonatines qu'on met entre les doigts de tout apprenti pianiste donnent de Clementi une image très incomplète, voire entièrement fausse. Musicalement, ses meilleures sonates (il en composa plusieurs dizaines) ne craignent aucune comparaison : ainsi celles en fa mineur op. 13 no 6 (vers 1784), en si mineur op. 40 no 2 (publiée en 1802), en sol mineur dite Didone Abbandonata, en fa dièse mineur, et bien d'autres. Ces sonates contiennent certaines particularités techniques (passages brillamment virtuoses) qui font le lien à travers Beethoven avec Weber par exemple, voire avec Liszt et Chopin. On a encore de Clementi quelques symphonies et ouvertures.

— Marc VIGNAL

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Pour citer cet article

Marc VIGNAL. CLEMENTI MUZIO (1752-1832) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FIELD JOHN (1782-1837)

    • Écrit par Universalis
    • 271 mots

    Pianiste et compositeur irlandais, né à Dublin, probablement le 26 juillet 1782 (il est baptisé le 5 septembre 1782), mort le 23 janvier 1837 à Moscou. Ses nocturnes pour piano – terme qu'il est le premier à utiliser, pour l'une de ses pièces, en 1812 – exerceront une grande influence sur Chopin....

  • PIANO

    • Écrit par Daniel MAGNE, Alain PÂRIS
    • 4 344 mots
    • 15 médias
    ...les ressources techniques du piano : sonates et études de Karl Czerny, Johann Baptist Cramer ou John Field, plus connu pour ses nocturnes. La musique de Muzio Clementi se situe à un autre niveau et cherche à réaliser une synthèse (Gradus ad Parnassum, 1817-1826) qui annonce parfois les grandes sonates...

Voir aussi