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ÉCOLOGISTE MOUVEMENT

Les difficultés de l’écologie politique française

Le parti écologiste français connaît, depuis sa naissance, une crise de leadership due à des effectifs militants réduits et à son organisation interne. Il peine en outre à conserver le monopole politique de l'écologie et pâtit régulièrement de l'émergence de formations dissidentes ou concurrentes.

Un projet politique constamment reformulé

Formation du petit nombre, les Verts passent de 1 500  membres en 1984 à 6 000 dans les années 2020, avec un pic de plus de 10 000 membres au début des années 2000. D’une manière générale, 25 à 30 % des adhérents ne renouvellent pas leur cotisation d'une année sur l'autre. Les effectifs évoluent selon les périodes (déclin lors des périodes de tensions internes, augmentation lors des bons résultats électoraux...), mais restent faibles. Les écologistes ont peu d'élus. Ils ne sont pas non plus très riches : leurs finances dépendant des dotations de l'État, leur infrastructure reste minimale (peu de salariés, peu de moyens…).

L'organisation du parti valorise les pratiques participatives. Elle donne beaucoup de pouvoir aux adhérents et aux instances délibératives (conseil national interrégional, collège exécutif, assemblée générale, congrès...). Cette démocratie directe n'est pas sans poser certains problèmes (leadership, partage des responsabilités, continuité de l'action…). De manière récurrente, les Verts s'interrogent sur la réforme de leurs statuts, mais sans jamais réellement trancher en faveur de la délégation de pouvoir, tant ils sont attachés aux principes participatifs.

En outre, les Verts ont un problème programmatique. Ils ont longtemps été les seuls porteurs légitimes de la question écologique. Mais, en cherchant à construire une offre programmatique globale, les Verts ont contribué à brouiller les repères idéologiques des électeurs, pour qui l'écologie politique se limite à la question environnementale. Le choix de la candidature de Dominique Voynet pour l'élection présidentielle de 2007 – contre Yves Cochet, plus centré sur la question écologique – et, en 2012, celui d’Eva Joly, surtout connue pour son action contre la corruption, sont à cet égard symptomatiques. Enfin, quand les Verts parviennent aux responsabilités, les mesures qu’ils mettent en place sont souvent éphémères. Ainsi, après le départ de Lionel Jospin et de son gouvernement de « gauche plurielle » en 2002, celui de Jean-Pierre Raffarin a pu facilement relancer des programmes nucléaires suspendus, abandonner certains projets ferroviaires au profit du programme autoroutier, baisser les crédits des transports collectifs...

L’intégration de l’écologie dans le discours des droites

La diffusion de la question environnementale dans les programmes politiques de droite comme de gauche prive désormais les Verts de ce qui pouvait les singulariser. La droite s’est ainsi progressivement dotée d'un discours « écologiste ». Jacques Chirac a contribué à vulgariser la notion de développement durable et a tenté d'en faire un thème central des rapports internationaux. Il a ainsi fait adopter, en 2005, une loi constitutionnelle affirmant que « chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé », ce qui a donné un caractère officiel à l'idée selon laquelle l'écologie ne serait pas une question idéologique, mais de bon sens. Captée et intégrée a minima dans le discours de la droite, la question écologique est reprise par de nouvelles formations. La naissance de Citoyenneté Action Participation pour le xxie siècle (CAP 21) est un des exemples les plus aboutis de ce phénomène. CAP 21 a été créée en 1996 sous une forme associative par l'avocate environnementaliste Corinne Lepage, ministre de l'Environnement du gouvernement d’Alain[...]

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Écrit par

  • : professeur de science politique, AgroParis Tech, membre du laboratoire Printemps (professions, institutions, temporalités)

Classification

Pour citer cet article

Bruno VILLALBA. ÉCOLOGISTE MOUVEMENT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Nicolas Hulot et les associations de défense de l'environnement reçus à l'Élysée - crédits : Patrick Kovarik/ AFP

Nicolas Hulot et les associations de défense de l'environnement reçus à l'Élysée

Henry David Thoreau - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Henry David Thoreau

Sabotage du <it>Rainbow Warrior</it> - crédits : Sydney Freelance/ Liaison/ 3rd Party - Agents/ Getty Images

Sabotage du Rainbow Warrior

Autres références

  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République fédérale d'Allemagne jusqu'à la réunification

    • Écrit par Alfred GROSSER, Henri MÉNUDIER
    • 16 391 mots
    • 10 médias
    ...obtenant 4,3 p. 100 des voix. S'il avait réussi à faire élire des députés, la coalition S.P.D.-F.D.P. ne serait pas arrivée au pouvoir cette année-là. L'élection des députés écologistes en 1983 met fin à une longue période de tripartisme, mais sans que le jeu des institutions en soit modifié, car la coalition...
  • AUSTRALIE

    • Écrit par Benoît ANTHEAUME, Jean BOISSIÈRE, Bastien BOSA, Vanessa CASTEJON, Universalis, Harold James FRITH, Yves FUCHS, Alain HUETZ DE LEMPS, Isabelle MERLE, Xavier PONS
    • 27 355 mots
    • 29 médias
    ...sable au monde – dans le Queensland), véritables conservatoires de la nature. Les craintes liées aux conséquences des dégradations sont relayées par un courant écologiste quasi intégriste (s'apparentant à la deepecology), qui prône les valeurs de l'endémisme en proposant, entre autres, la suppression...
  • AUTRICHE

    • Écrit par Roger BAUER, Jean BÉRENGER, Annie DELOBEZ, Universalis, Christophe GAUCHON, Félix KREISSLER, Paul PASTEUR
    • 34 125 mots
    • 21 médias
    Bruno Kreisky et son parti n'ont pas compris la place nouvelle revenant à l'écologie dans la société autrichienne. En 1978,une campagne contre la mise en service de la centrale nucléaire de Zwentendorf impose un référendum, lors duquel les Autrichiens se prononcent à 50,47 % contre le nucléaire....
  • BULGARIE

    • Écrit par Roger BERNARD, André BLANC, Christophe CHICLET, Nadia CHRISTOPHOROV, Universalis, Jack FEUILLET, Vladimir KOSTOV, Edith LHOMEL, Robert PHILIPPOT
    • 26 995 mots
    • 12 médias
    ...de soutien à la perestroïka et à la glasnost, Association indépendante des droits de l'homme (pour la minorité turque) et Club de Roussé (écologiste). En février 1989 vient le tour du syndicat indépendant Podkrepa (« Soutien », en langue bulgare) puis, deux mois plus tard, la fondation par des écologistes...
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Voir aussi