MORT Les sociétés devant la mort

Étudier d'un point de vue anthropologique les questions relatives à la mort, c'est essayer d'esquisser les grandes lignes des comportements des hommes face à la mort, au cours des âges et dans les principales aires culturelles de l'humanité.

Le présent article n'examinera cependant pas le cas des sociétés préhistoriques sur lesquelles, au fond, on ne connaît que peu de choses certaines. De même, laissant de côté les attitudes individuelles, il se situera, à la fois diachroniquement et synchroniquement, à deux niveaux :

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– Celui des types de comportements ethniques ou nationaux réglés par la coutume, inspirés par les croyances, ordonnés par le contrôle social. À l'évolution dans le temps s'ajoute la disparité dans l'espace : c'est ainsi qu'à Madagascar les Merina manifestent une grande intimité avec les morts, que les tribus de la côte est excluent les défunts de la communauté et bannissent même leur souvenir et que les pêcheurs Vezo de la côte ouest défendent une position intermédiaire.

–  Celui des systèmes philosophiques et religieux nécessairement moins nombreux que les types de comportements, mais qui, simultanément, les expriment et les justifient. À cet effet, on pourrait distinguer trois périodes inégalement actualisées selon les aires de civilisation : celle de la pensée « archaïque » (faute d'un terme meilleur) ou des sociétés sans machinisme ; celle des grandes religions monothéistes ; enfin, la période moderne où la laïcisation, l'urbanisation et l'industrialisation deviennent des faits majeurs et des idées-forces. Mais, par-delà les différences qu'on peut rencontrer, un certain nombre d'archétypes universels semblent devoir s'imposer.

Les groupes humains, même les plus « archaïques », n'ont pas manqué d'être frappés par la brutalité et l'inévitabilité de la mort. Néanmoins, la conscience collective, s'emparant des réalités perçues ou vécues, les insère en des complexes imaginaires, parfois d'une étonnante originalité. C'est ainsi que la mort a pu être rapprochée du sommeil, de l'évanouissement, de la possession, du cauchemar, de la maladie mentale (sociétés primitives) ou transformée en technique de libération (civilisation de l'Inde), voire de rédemption (christianisme), ou définie comme un moment nécessaire du cycle de la vie « magiquement enraciné dans une éternité de représentation » (mythe de l'éternel retour des stoïciens, des Chaldéens, des Indiens d'Amérique).

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En Occident, aujourd'hui, malgré l'apport du christianisme et les consolations qu'en retirent les adeptes, la mort est vécue avant tout comme destruction : avec elle, l'être devient non-être ; par elle, la présence se mue en absence. À l'inverse, il n'est rien de tel aux yeux du brahmane ou du bouddhiste, pour qui mourir c'est quitter l'apparence illusoire des êtres et des choses afin de retrouver la solidité de l'Un-Tout ; rien de tel non plus en Afrique animiste, où les morts continuent fréquemment d'exister avec les vivants qui les cajolent, les nourrissent, les invoquent ; rien de tel enfin dans la très ancienne Égypte, en Inde (chez les Gonds notamment), en Nouvelle-Guinée où les défunts sont enterrés dans la maison des vivants.

Partout dans le monde, le défunt a été l'objet d'attentions particulières ; même l'abandon du cadavre aux animaux avait une signification rituelle en Mongolie, chez les nomades du Tibet. Il y a, tout d'abord, la toilette des morts, quasi universellement connue. Ainsi, les musulmans pratiquent trois opérations essentielles : le ghusl (ou toilette proprement dite), le kafn (ou mise en linceul), le tahnit (ou embaumement), souvent réalisées par les femmes (association symbolique avec la toilette du nouveau-né). Puis, les attitudes face à la décomposition dont on sait qu'elle est source, le plus souvent, d'horreur, voire d'épouvante ; là est l'origine des multiples rites de la séparation (interdit à propos des deuilleurs, mise à l'écart ou destruction des objets ayant appartenu au défunt, tabou des noms). Tantôt on s'efforce de supprimer la décomposition : crémation du cadavre avec conservation des cendres (columbaria des Romains, urnes funèbres des Zapotèques au Mexique) ou avec dispersion des cendres (Koriaks de Sibérie ; en Inde, les ghat, ou bûchers, répartis selon les castes, sont placés près des cours d'eau, voire de la mer où les cendres seront jetées) ; actes d'endocannibalisme direct (nécrophagie rituelle des Indiens d'Amérique ou des Négro-Africains) ou indirect (Otto Rank a montré que l'abandon des cadavres aux vautours en Inde, aux chiens au Tibet et en Sibérie, aux hyènes en Afrique, n'est qu'un transfert du cannibalisme des funérailles) ; enfin embaumement et momification (ancienne Égypte, Indiens du Pérou, Navahos). Parfois, on se contente de la décomposition naturelle : tours de silence de l'Inde, ensevelissement (Chine, Europe et Amérique contemporaines, pays sémites, Méditerranée classique). Les tombes sont alors d'une infinie variété : tumuli, pyramides, grottes funéraires naturelles ou creusées, paniers ou nattes dans les arbres (en Afrique surtout), maisons ordinaires, etc. Toutefois, le stade du pourrissement étant foyer d'anomie et d'impureté, on saisit pourquoi, d'une part, on s'efforce de l'accélérer (exposition au soleil, au feu), de le retarder (onctions ou frictions), de s'en préserver (isolement du cadavre), et pourquoi, d'autre part, des êtres « asociaux » (sorciers, criminels) sont privés de funérailles et deviendront des mânes errants, des fantômes inconsolables, des morts obsédants ou des vampires.

Certaines professions semblent liées directement à la mort. En Chine, par exemple, les funérailles réunissaient les géomanciens en quête de lieux fastes pour les tombes, les fabricants de catafalques et de bières, les comédiens, les artificiers, les artisans qui façonnaient les tablettes des morts et les figurines de papier ; dans l'ancienne Rome, les libitinaires lavaient les corps et fournissaient chanteuses, pleureuses, musiciens et gladiateurs ; le Tibet avait ses dépeceurs de chair, la Thaïlande ses incinérateurs patentés, l'Égypte ses constructeurs de tombeaux, comme la société d'aujourd'hui a ses employés des pompes funèbres. Il va sans dire que les riches et les pauvres, les nobles et les gens de la plèbe, les castes supérieures et les castes inférieures n'accèdent pas au même faste funéraire.

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Cette étude insistera plus spécialement sur les moyens mis en œuvre par les sociétés pour lutter contre les effets dissolvants de la mort.

Les conduites rassurantes

Les attitudes symboliques

On a remarqué, et cela de façon quasi générale chez les populations sans machinisme, que les cérémonies sont plus rapprochées dans la période où le chagrin est le plus intense : les gens du lignage se réunissent pour boire, manger, chanter les louanges du disparu, ce qui constitue une manière de prolonger son existence ici-bas. Des sacrifices sont alors offerts pour engager l'âme du mort à passer dans le « monde des esprits » (l'inconscient ?) sans causer d'ennuis ; il faut bien qu'après les derniers honneurs le défunt chargé de cadeaux se résolve à accomplir son destinpost mortem. Ce qui frappe, en tout cela, c'est l'effort de « présentification » du disparu. Ainsi, le mort préside parfois ses propres funérailles, revêtu de ses plus beaux habits, majestueusement assis et donnant l'impression d'être encore vivant. Ne faut-il pas voir dans cette coutume un mécanisme de dépassement de la mort, un moyen conçu par le groupe pour agir contre le chagrin ?

D'autres comportements visent le même but. Il arrive, en effet, notamment chez les Mossi (Burkina Faso), qu'un parent de la personne décédée, une femme de préférence, revête les oripeaux du mort, imite ses gestes, sa manière de parler, ses disgrâces physiques, porte éventuellement sa canne ou sa lance ; les enfants du défunt l'appelleront « père », les épouses « mari ». Les Yoruba (Nigeria) connaissent une coutume dans laquelle un homme masqué représente le défunt, rassure les vivants sur son nouvel état et leur promet une abondante progéniture. Il y a bien là des procédés de reniement ou d'incorporation qui protègent contre l'extinction de la personnalité, car la mort, évidemment, s'attache toujours à l'individu ; ils permettront au groupe de recouvrer son unité et sa stabilité un instant perturbées. Le culte des reliques s'inscrit dans une telle finalité : il s'agit, le plus souvent, soit d'objets ayant appartenu au défunt (les armes plus spécialement), soit de symboles susceptibles de provoquer une présence, soit d'ossements.

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Les rites de conjuration du chagrin prennent parfois une forme inattendue dont le but principal est de fournir une progéniture au mort. De fait, chez les Nuer (Soudan), chez certains groupes bantu et quelques populations du Burkina Faso et du Bénin, si le défunt n'a pas d'enfant, un membre de sa famille, son frère de préférence, s'accouple avec une femme quelconque, le plus souvent avec la veuve («   mariage fantôme ») ; les enfants qui naîtront de cette union appartiendront effectivement au défunt (« père », mais non géniteur), continueront son existence ici-bas, le « rassureront » dans sa vie future. Il en va de même si le mort est une femme : son époux entretiendra des relations sexuelles avec une sœur de la défunte ; les enfants qui viendront au monde auront la morte comme « mère », tandis que la génitrice se cantonnera dans son rôle de tante maternelle ; en aucun cas il ne s'agit de mariage effectif comme cela se produit dans le lévirat et le sororat. Il faut voir dans cette coutume non seulement un moyen d'honorer le mort, mais aussi et surtout un procédé pour lui assurer des enfants qui sacrifieront à son intention, sinon les risques de ne pouvoir devenir ancêtre sont grands.

Vis-à-vis du mort, deux attitudes restent concevables. Les pleurs, tout d'abord, à condition qu'il soit obéi à des canons culturels précis ; il n'est pas permis à quiconque de manifester ostensiblement sa douleur et sous n'importe quelle forme. D'où l'existence des pleureuses, ces « fonctionnaires de la tristesse », si nombreuses chez les Juifs de l'Ancien Testament, chez les Indiens du Pérou et surtout en Afrique noire (vociférations chez les Bambara du Mali et les Sara du Tchad). L'autre procédé, qu'on rencontre chez divers Indiens d'Amérique latine et dans l'Afrique animiste, s'adresse moins au mort qu'à la mort. Il s'agit de manifester son mépris ou son indifférence moqueuse : d'où, par exemple, les actions parodiques au cours des funérailles, les comportements burlesques, les accoutrements ridicules, les cris joyeux.

Les phénomènes de participation

Parmi les modes de relations privilégiées entre les défunts récents et les vivants conçues par l'imagination pour lutter contre l'action perturbatrice de la mort, les phénomènes de participation – réelle ou symbolique – occupent une place de choix, comme les faits de possession et la réincarnation.

La possession

Si le chamanisme, ou voyage mystique de l'âme qui rivalise avec les dieux, caractérise avant tout les populations mongoliques et amérindiennes, la possession est plus spécialement africaine. On peut y déceler deux types principaux. Le premier voit le sujet envahi par une puissance hostile, dangereuse, qu'il faut rejeter par exorcisme ou simplement neutraliser. Ainsi les Thonga (Afrique du Sud) craignent-ils d'être possédés par les «   esprits ancestraux » des Zulu, leurs voisins. La maladie, et notamment la maladie mentale, a souvent une telle origine. Le second, au contraire, procède de l'épiphanie, la puissance qui possède, exalte et enrichit le possédé tandis que l'exorcisme cède la place à l'adorcisme, fait qu'il est loisible de retrouver chez les Songhay (Niger), les Yoruba (Nigeria), les Éthiopiens de Gondar.

Certes, les deux formes s'expriment souvent – du moins avant l'intervention du groupe social qui extirpe l'âme étrangère (premier cas) ou consacre sa présence (deuxième cas) – par des comportements semblables (désordres psychomoteurs, hystérie, catalepsie, hébétude, mutité ou loghorrée, etc.) et, dans les deux situations, la collectivité se sent également concernée tant il est vrai que le bien et le mal ne s'attachent que rarement à l'individu isolé. Toutefois, théologiquement, la distinction est importante. L'adjonction d'une âme nouvelle provoque la désorganisation totale ou partielle de la personnalité dans la « possession maléfique », mais accélère sa promotion, la vivifie dans la « possession bénéfique ».

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La possession avec ou sans transe, qu'elle soit attitude mystique, technique thérapeutique (selon le schéma : possession → exorcisme → fixation du génie dans un autel → adorcisme) ou pure théâtralité, déborde le domaine ici étudié, puisque l'individu « habité » ou « monté », comme disent les Hausa (Niger), peut l'être par une autre entité que le défunt.

La réincarnation

La croyance en la réincarnation des défunts est admise par de nombreuses religions « orientales » (orphites de l'ancienne Égypte, pythagoriciens, manichéens, certains néo-platoniciens) et asiatiques (brahmanistes) ; elle joue encore, en Afrique noire, un rôle prépondérant. En effet, « les morts récents ont tendance à renaître dans leurs petits-enfants à la différence des ancêtres fondateurs, dont la place symbolique est fortement marquée à la base du code ou de la loi commune, ces morts-renaissants reflètent plus directement une dénégation de la mort. Une dénégation, c'est-à-dire une façon de faire « comme si » la mort n'existait pas pour la famille. Dans cette famille immortelle, l'individualité ne serait, à la limite, qu'un accident de l'espèce » (M. C. et E. Ortigues). Qu'elle soit symbolique (c'est-à-dire nominale) ou réelle (ontologique), la réincarnation a pour fin majeure d'assurer à la fois, malgré les interruptions de la mort, la continuité de la vie sociale, son renouvellement (le re-naissant n'est que très exceptionnellement la reproduction de ce qu'il était) et son éventuel enrichissement (puisque le nouveau-né a une force vitale supérieure à celle du vieillard). Elle permet, en outre, de rattacher plus intimement le monde d'ici-bas à celui de l' au-delà, d'autant que le même sujet se réincarne, la plupart du temps, plusieurs fois, voire indéfiniment. Chez les Ashanti du Ghāna, c'est le « sang » qui renaît dans la lignée utérine, tandis que le « principe masculin » rejoint les ancêtres et que l'« âme » retourne au Créateur. Chez les Kikuyu du Kenya, seule l'âme « collective » qui participe du phylum social se réincarne, tandis que l'autre âme se tourne vers les ancêtres.

On peut rattacher à la réincarnation les faits de métempsycose (ou réincarnation ouverte sur les animaux, voire les plantes). Faut-il voir, dans cette union homme-animal, la preuve d'une étroite affinité qui caractériserait tous les vivants humains et non humains ? C'est possible. Toutefois, la réincarnation dans un animal apparaît tantôt comme une punition, tantôt comme un temps de purification, ou tout simplement comme une technique de « présentification » du défunt aux vivants.

Le culte des ancêtres

On ne doit pas mettre sur le même plan le culte des ancêtres – activité rituelle, canonique, réglée par la liturgie, authentique institution – et le sentiment de la présence des morts, singulièrement des êtres récemment décédés. Même si le défunt ne possède pas d'autel, même si l'on ne sacrifie pas sur son crâne, il reste souvent présent : il peuple les rêves des survivants. Les morts sont alors tenus pour des vivants d'un genre particulier avec qui il faut compter ou composer et avec qui on s'efforce d'avoir des relations de bon voisinage ; on ne saurait, à ce niveau, parler de religion stricto sensu. De même, il importe de séparer, d'une part, le culte des morts – respect serait un mot plus juste –, qui se manifeste notamment par les conduites de maternage lors des funérailles, le soin accordé aux reliques, éventuellement support d'un rite authentique, voire les diverses techniques pour écarter les mânes encombrants, et, d'autre part, le culte des ancêtres proprement dit. Cette attitude, cette fois clairement religieuse, vis-à-vis des morts « se fonde sur l'idée tout à fait juste que l'homme est un élément du divin, qu'il soit fait à l'image de Dieu, ou qu'il ait reçu de la divinité une entité spirituelle qui est sa véritable substance vitale, ou encore qu'il descende directement de la divinité par la chaîne de ses ancêtres et participe au divin par le miracle de la génération et de la naissance. Ce sentiment d'un lien entre la divinité et l'homme mène logiquement à certaines croyances concernant les relations entre les vivants et les morts » (A. E. Jensen).

Le culte des ancêtres est la plus antique religion pratiquée par les Chinois. Mille ans avant notre ère, alors que les tisserands jouaient un rôle social prépondérant (la femme possédait la maison, le mari était avant tout un gendre), seuls pouvaient se réincarner les ancêtres maternels à qui se destinait le culte. Quand, ultérieurement, les forgerons s'imposèrent, une mutation profonde s'effectua au bénéfice des ancêtres paternels dont on célèbre toujours le souvenir par des tablettes placées sur leurs autels : les offrandes sont déposées par le patriarche du groupe familial. L'ancêtre reste le modèle à suivre et, chaque fois qu'un vivant accomplit un exploit, c'est l'ancêtre qu'on décore. Enfin, tout homme s'efforce d'avoir de nombreux enfants afin, quand il aura rejoint les défunts, d'être honoré comme il se doit (M. Granet, 1929). Le shintoïsme, ou religion traditionnelle du Japonais, accorde une place de choix aux kami, ou esprits des défunts. De fait, les kami de la famille, du clan, du village et de la nation (esprit des ancêtres de l'empereur) peuplent le ciel, les arbres, les pierres (nature), les outils aratoires, les instruments de cuisine (culture) ; ils président aux joies et aux peines de leurs successeurs, ils les récompensent et les châtient éventuellement ; en revanche, ils ont besoin des hommes qui facilitent leur existence (offrande d'une épée aux guerriers, d'un miroir aux femmes). Les plus illustres des kami ou, du moins, les plus puissants accèdent au rang des divinités et sont l'objet de cultes directs. De même, les Israélites de l'époque primitive pensaient que leurs morts vivaient dans le sheōl, où ils s'intéressaient au sort de leurs enfants et petits-enfants : Jérémie évoquera encore, sur le lieu de la sépulture de Rachel, « ses pleurs amers » (Jérémie, xxxi, 15). Les Hébreux nomades – par opposition aux sédentaires qui rendaient le culte aux baals – vénéraient les elohim, c'est-à-dire les esprits des morts doués de pouvoir surhumain et de savoir étendu. Sans se réduire, comme on l'a cru, à l'« ancestrolâtrie », ni même à l'« ancestrisme », l' animisme négro-africain revêt une réelle importance : soit qu'on évoque les morts de manière anonyme et collective (ancêtres lointains) ou qu'on les interpelle en les nommant (ancêtres immédiats, ancêtres mythiques divinisés pouvant être le premier homme, le démiurge ou le moniteur associé à Dieu dans l'acte créateur, un ancêtre tribal accédant au panthéon) ; soit que le culte s'adresse à l'ancêtre comme fin unique (nombreux Bantu, Kabre du Togo, Zulu d'Afrique du Sud), ou à Dieu par la médiation de l'ancêtre (Ba Kongo de l'Inkisi, Bwa du Burkina Faso, Sérer du Sénégal), ou au Génie, c'est-à-dire à la divinité seconde créée par Dieu pour le bénéfice de l'homme, par le truchement de l'ancêtre (Diola) ; soit qu'il s'agisse seulement d'invocations verbales, de cérémonies sacramentelles ou d'offrandes simples, individuelles ou familiales, avec ou sans effusion sanglante ; soit que l'homme seul détienne le couteau du sacrifice ou que la femme puisse participer au rite, éventualité assez rare, il est vrai ; soit, enfin, qu'on rende le culte sur un autel, sur une tombe, sur une pierre levée, sur un reliquaire, en un lieu déterminé de la brousse, en n'importe quel endroit.

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Écrit par

  • : professeur de sociologie à l'U.E.R. des sciences sociales de l'université de Paris-V.

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Le monde des morts - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le monde des morts

Mobilier funéraire, art égyptien, Moyen Empire - crédits :  Bridgeman Images

Mobilier funéraire, art égyptien, Moyen Empire

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