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MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME (exposition)

Le bimillénaire de la mort d’Auguste (63 av. J.-C.-14 apr. J.-C.) a été l’occasion d’une manifestation franco-italienne à la mesure du personnage célébré. Les musées du Capitole, avec son ancien directeur, Eugenio La Rocca, et son successeur, Claudio Parisi Presicce, se sont associés aux conservateurs du département des Antiquités étrusques, romaines et grecques du musée du Louvre, Daniel Roger et Cécile Giroire, pour présenter une exposition, d’abord à Rome, aux Scuderie del Quirinale (18 octobre 2013-9 février 2014), puis à Paris, au Grand Palais (19 mars-13 juillet 2014).

Mythe et histoire

L’exposition s’ouvre avec l’imposante statue en marbre de l’empereur découverte dans la villa de son épouse Livie à Prima Porta. Cette statue, conservée aux musées du Vatican, est un monument unique et insigne de l’art romain, puisqu’on y voit le fondateur du régime impérial arborant une cuirasse dont le décor, riche et complexe, est une célébration de la pacification et du retour de l’âge d’or, garanti par la collaboration avec la royauté céleste d’Apollon. Le modèle statuaire de la représentation d’Auguste est emprunté au classicisme grec, notamment au Doryphore de Polyclète. Cette illustration du « canon », définissant les proportions idéales du corps masculin athlétique, est représentée par une copie en marbre provenant de Pompéi.

L’inscription du temple dédié à Rome et à Auguste, dit le « monument d’Ancyre » (aujourd’hui Ankara, Turquie), était une reproduction, en version latine avec une traduction grecque, du texte qu’Auguste a laissé à la postérité pour faire connaître le récit de ses actions publiques, et dont l’original était gravé sur des tables de bronze à l’entrée de son tombeau, situé à proximité du Tibre. Dans l’exposition, l’inscription est présentée par un relevé à échelle réelle sur une toile peinte en 1862 par l’architecte Edmond Guillaume.

Ainsi plongé dans l’atmosphère d’un régime politique qui a utilisé « la puissance des images » – pour reprendre le titre du livre de Paul Zanker consacré à Auguste en 1987 – mais aussi la force des inscriptions pour s’autocélébrer dans les moindres recoins d’un immense empire, le visiteur effectue un parcours à la fois thématique et chronologique, qui se conclut, avec la statue posthume d’Auguste du théâtre d’Arles, par l’apothéose de l’empereur, devenu à sa mort le « divin Auguste » (Divus Augustus).

Des témoignages sculptés évoquent les guerres civiles romaines, avec les images de César, Pompée et Crassus, qui avaient formé un triumvirat pour s’emparer du pouvoir, et surtout avec une frise en marbre, Le Relief d’Actium, qui représente la dernière phase de cette guerre entre Romains qui dura un siècle et dont le futur Auguste est finalement sorti vainqueur.

Pour la première fois sont réunis les reliefs du palais des ducs de Medinaceli (Espagne) et du Szépművészeti Múzeum de Budapest (Hongrie), découverts à la Renaissance dans l’ancien royaume de Naples, puis dispersés. Cette longue frise, incomplète, de datation et d’interprétation controversées, comporte diverses scènes célébrant les victoires d’Auguste, et montre une représentation unique de la victoire navale d’Actium en présence du dieu Apollon, dont le sanctuaire dominait le lieu de la bataille et que des poètes proches d’Auguste et de Mécène, comme Virgile et Properce, ont imaginé intervenir au milieu de l’action en faveur du futur maître de l’empire.

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Écrit par

  • : professeur d'archéologie romaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Pour citer cet article

Gilles SAURON. MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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