Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FRIEDMAN MILTON (1912-2006)

Une critique globale des politiques de relance

En ce qui concerne la politique de change, Friedman s'oppose là encore à la vision keynésienne d'un système de change fixe dans lequel la dévaluation, augmentant les débouchés à l'exportation et donc la demande, a un effet de relance. Pour lui, les changes fixes sont dépassés : le prix d'une devise, comme les autres prix, relève du marché et non d'un accord entre les autorités monétaires. Il préconise l'adoption d'un système de changes flottants, c'est-à-dire de laisser le cours des monnaies se fixer librement, au jour le jour, sur le marché des changes. Il en attend, en particulier, la possibilité pour les banques centrales de concentrer leur action sur les problèmes monétaires internes.

En ce qui concerne la politique budgétaire, il se fonde sur sa théorie du revenu permanent. Il considère que la consommation n'est pas un acte instantané mais que chaque consommateur inscrit ses dépenses dans une perspective longue, dans laquelle il intègre l'évolution probable de son revenu. Par conséquent, toute mesure de relance par injection de revenus supplémentaires liée à une augmentation des dépenses publiques ou à une baisse des impôts modifie la situation de court terme, mais peu le revenu permanent, si bien qu'elle n'a aucun impact durable.

Selon Milton Friedman, l'intervention de l'État perturbe donc l'économie de marché plus qu'il ne la régule, y introduisant soit l'inflation, soit la déflation comme en 1929.

Marginale dans les années keynésiennes, la stagflation (croissance ralentie et inflation) des années 1970 donne à Friedman une influence déterminante : en 1973, les changes flottants s'imposent ; en 1979, Margaret Thatcher gagne les élections sur la base d'un programme monétariste et, au G7 de Tōkyō, le démocrate James Carter impose la lutte contre l'inflation. Consécration suprême, Friedman obtient le prix Nobel d'économie en 1976.

Cette reconnaissance n'entame pas sa pugnacité et, l'âge venant, il n'en continue pas moins à multiplier les prises de position sur la politique économique mais aussi sur des sujets très divers : pour lutter contre la pauvreté, il préconise les versements directs aux particuliers, baptisés impôt négatif, et condamne les hausses de salaire imposées par l'État, qui pénalisent les entreprises. L'un de ses derniers combats fut celui qu'il mena pour la dépénalisation de la drogue, au nom de la responsabilité des individus et pour éviter la création d'une criminalité directement liée à la prohibition.

— Jean-Marc DANIEL

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean-Marc DANIEL. FRIEDMAN MILTON (1912-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LA THÉORIE QUANTITATIVE DE LA MONNAIE, Milton Friedman - Fiche de lecture

    • Écrit par Jean-Sébastien LENFANT
    • 1 042 mots
    • 1 média

    The Quantity Theory. A Restatement („La Théorie quantitative de la monnaie. Une nouvelle présentation“) marque le retour au cœur des débats macroéconomiques de l'après-guerre de la théorie quantitative de la monnaie ; c'est aussi la première contre-attaque théorique d'envergure à l'encontre de l'orthodoxie...

  • UNE HISTOIRE MONÉTAIRE DES ÉTATS-UNIS, 1867-1960, Milton Friedman et Anna Schwartz - Fiche de lecture

    • Écrit par Jean-Marc DANIEL
    • 1 001 mots

    Lorsque paraît, en 1963, Une histoire monétaire des États-Unis, 1867-1960, sous la plume de Milton Friedman et d'Anna Schwartz, le monde de la pensée économique est dominé par le keynésianisme. Le but du livre est de se démarquer de ce mode de pensée dominant.

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par Christian de BOISSIEU
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...expliquer la révision des anticipations inflationnistes dans les conjonctures d'hyperinflation. Elles ont été ensuite appliquées à de nombreuses questions : définition par Milton Friedman (1957) du revenu permanent (envisagé comme le revenu « normal anticipé ») ; révision des prévisions de taux d'intérêt ;...
  • CHANGE - Les théories du change

    • Écrit par Hélène RAYMOND-FEINGOLD
    • 9 106 mots
    • 1 média

    Depuis l'abandon, en 1973, du système de changes de Bretton-Woods, l'évolution des parités entre devises a souvent défié la logique des théories. Pourtant, le résultat prévisible du passage aux changes flexibles était a priori simple. D'une part, il devait restituer à la politique monétaire son...

  • CHILI

    • Écrit par Raimundo AVALOS, Olivier COMPAGNON, Universalis, Roland PASKOFF, Sergio SPOERER, Sébastien VELUT
    • 19 444 mots
    • 17 médias
    ...l'influence des théories néo-libérales élaborées aux États-Unis, et plus particulièrement à la School of Economics de l'université de Chicago autour de Milton Friedman. Le processus d'importation du néo-libéralisme commence au milieu des années 1950 par des accords de partenariat entre l'université...
  • CHÔMAGE (NOTION DE)

    • Écrit par Denis CLERC
    • 1 696 mots
    ..., notamment dans le domaine salarial, comme l'existence d'un salaire minimum, de cotisations sociales (souvent qualifiées de « charges ») excessives. Milton Friedman (Prix Nobel d'économie en 1976) a d'ailleurs suggéré qu'il existerait un « taux de chômage naturel », qui serait le ...
  • Afficher les 17 références

Voir aussi