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MÉMOIRE DE TRAVAIL

Mémoire de travail, développement et vieillissement

L’empan en mémoire de travail augmente de manière spectaculaire et beaucoup plus régulière avec l’âge (de moins de 2 items aux alentours de quatre ans à 6, voire 7 ou plus, chez certains adultes) que ne le font les empans simples. Comme la mémoire de travail est par ailleurs conçue comme le cœur du système cognitif en charge de toutes les activités contrôlées, elle s’est vu accorder un rôle essentiel dans le développement cognitif. Nombreux sont les auteurs qui ont proposé que le développement de la mémoire de travail est un des moteurs essentiels du développement intellectuel. En intégrant un nombre toujours plus important d’informations, une plus grande capacité de mémoire de travail permettrait de se représenter et de comprendre des situations toujours plus complexes. Les déterminants de l’accroissement de cette capacité ont donné lieu à débat. Certains, les plus nombreux, conçoivent cet accroissement comme celui d’une capacité cognitive ou d’un pouvoir mental sous la dépendance de la maturation du système nerveux central. D’autres, au contraire, supposent que la capacité totale du système demeure stable au cours du développement, mais que l’espace pouvant être réservé au stockage de l’information augmente avec la diminution corrélative de celui requis par les traitements qui, au travers de l’expérience, s’automatisent et deviennent de moins en moins coûteux. Toujours est-il que les preuves de l’impact de la capacité de la mémoire de travail sur l’acquisition du vocabulaire, de la syntaxe, de l’arithmétique, de la lecture, de l’orthographe, ou encore sur la capacité à résoudre des problèmes et à raisonner abondent. De fait, de nombreux troubles des apprentissages et du développement s’accompagnent de déficits systématiques de la mémoire de travail. Il a été montré que, dans nombre de domaines, la relation entre mémoire de travail et performance s’observe même lorsque l’effet de l’âge est contrôlé. Ainsi, il ne fait guère de doute que le développement intellectuel est au moins en partie sous la dépendance de celui de la mémoire de travail. De même, il est admis que le vieillissement cognitif s’accompagne d’une diminution de la capacité de la mémoire de travail, qui aurait pour effet un ralentissement des processus cognitifs et une plus grande difficulté à inhiber les informations non pertinentes.

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Écrit par

  • : professeur ordinaire, université de Genève (Suisse)
  • : professeure en psychologie du développement, directrice du laboratoire de développement cognitif du département de psychologie, université de Fribourg (Suisse)

Classification

Pour citer cet article

Pierre BARROUILLET et Valérie CAMOS. MÉMOIRE DE TRAVAIL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • APPRENTISSAGE DE LA PRODUCTION ÉCRITE DE TEXTES

    • Écrit par Denis ALAMARGOT, Lucile CHANQUOY
    • 1 916 mots
    ...mentales impliquées dans l’activité. Outre la mémoire à long terme – pour le stockage des connaissances en lien avec le contenu et la forme du texte –, la mémoire de travail joue un rôle déterminant dans la mise en place et l’évolution des traitements rédactionnels. Les capacités de la mémoire de travail...
  • BADDELEY ALAN DAVID (1934- )

    • Écrit par Pierre BARROUILLET
    • 434 mots

    Alan David Baddeley est un psychologue britannique né en 1934. Ayant soutenu une thèse de doctorat en 1962 à l’université de Cambridge, il a dirigé pendant plus de vingt ans, de 1974 à 1995, l’unité de psychologie appliquée du Medical Research Council de Cambridge, avant d’occuper un poste...

  • DÉVELOPPEMENT DES FONCTIONS EXÉCUTIVES (psychologie)

    • Écrit par Olivier HOUDÉ
    • 1 278 mots

    Les fonctions exécutives (F.E.) sont des capacités du cortex préfrontal, à l’avant du cerveau, et plus exactement d’un circuit pariéto-frontal, qui contrôlent l’exécution des conduites, le choix des stratégies, la prise de décision. Les trois principales F.E. sont la mémoire de travail,...

  • DYSCALCULIE DÉVELOPPEMENTALE

    • Écrit par Marie-Pascale NOËL
    • 1 165 mots
    Les enfants dyscalculiques ont globalement des performances plus faibles que les enfants sans troubles d’apprentissage dans des tests mesurant la mémoire de travail et la résistance à l’interférence. La mémoire de travail nous permet de retenir un nombre limité d’informations pendant un court...
  • Afficher les 19 références

Voir aussi