NUCLÉAIRE MÉDECINE
La découverte de la radioactivité artificielle en 1934 par Irène et Frédéric Joliot-Curie a été à l'origine de l'émergence d'une discipline médicale nouvelle, la médecine nucléaire. Cette découverte a conduit à la production desisotopes radioactifs des éléments constituants de la matière vivante et à leur utilisation commetraceurs. L'élément radioactif est totalement indiscernable de son homologue stable naturel, sauf pour l'une de ses propriétés : il est capable de manifester sa présence dans l'ensemble des atomes par un rayonnement électromagnétique ou particulaire émis lors de sa désintégration. Introduit dans l'organisme, il permet ainsi de révéler ou « tracer » les différentes phases du processus dynamique biochimique dans lequel il est engagé.
Dès cette découverte, les applications médicales des radioéléments ont été envisagées aux États-Unis. En 1936, le phosphore radioactif 32 était utilisé comme agent thérapeutique de la leucémie. Quelques années plus tard, l'iode radioactif 131 commençait à être utilisé pour l'étude du fonctionnement de la thyroïde, et servit dès 1940 à traiter certains cas d'hyperthyroïdie.
Ainsi la médecine nucléaire se définit comme le regroupement des applications des substances radioactives en sources non scellées, au diagnostic, à la thérapie et à la recherche médicale.
L'activité diagnostique s'exerce dans l'imagerie fonctionnelle des organes et dans deux domaines où l'image est absente : l'exploration d'une fonction physiologique dont le radioélément est le traceur et les dosages radio-immunologiques donnant une mesure quantitative in vitro de substances présentes dans le sérum ou d'autres compartiments physiologiques.
L'activité thérapeutique utilise l'effet de destruction cellulaire produit par le radioélément, qu'il soit incorporé dans la chaîne métabolique (radiothérapie métabolique ou vectorisée) ou injecté à proximité du processus pathologique (radiothérapie interstitielle).
La recherche médicale bénéficie des avancées technologiques, par électronique et informatique interposées, conduisant à de nouvelles procédures de détection et d'analyse de la distribution des radioéléments captés par les organes, et aussi des progrès de la radiochimie dans la production de nouvelles molécules marquées, spécifiques d'une cible ou d'une fonction déterminées.
L'imagerie fonctionnelle dans le diagnostic médical
À la fin des années 1950, la médecine nucléaire reçut une impulsion nouvelle lorsque H. O. Anger, à Berkeley, construisit la première caméra à scintillations. Mieux que le simple comptage des rayonnements émis par le radioélément capté par l'organe, ce dispositif permettait d'en reproduire la distribution spatiale simultanément en tout point de la région étudiée. Il devenait possible de suivre l'évolution de la radioactivité au niveau des différentes régions de l'organe, au lieu d'avoir seulement l'évolution globale : l'imagerie scintigraphique dynamique était née.

Immunoscintigraphie
service de médecine nucléaire, hôpital du Haut-Lévêque, Pessac, Gironde
Immunoscintigraphie
Coupe frontale de la région abdomino-pelvienne obtenue trois jours après injection d'anticorps…
service de médecine nucléaire, hôpital du Haut-Lévêque, Pessac, Gironde
La caméra à scintillation est maintenant couplée à un ordinateur où l'image scintigraphique est numérisée. Des manipulations informatiques simples permettent d'améliorer la visibilité des structures, d'obtenir une information quantitative régionale de la distribution du traceur radioactif, et d'analyser une séquence d'images. Ce couplage informatique a permis l'émergence de la tomoscintigraphie, donnant, comme en tomodensitométrie X, des coupes transversales reconstruites à partir de données numériques des projections planes multiples, réalisées ici pendant la rotation de la caméra à scintillations autour de l'organe. Par rapport à la scintigraphie plane, la tomoscintigraphie[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Louis BARAT : praticien hospitalier, professeur de biophysique à l'université de Bordeaux-II, chef du service de medecine nucléaire au CHU de Bordeaux
- Dominique DUCASSOU : président de l'université de Bordeaux-II, professeur de biophysique à l'université de Bordeaux-II, directeur de l'unité I.N.S.E.R.M. U306, chef du service de médecine nucléaire à l'hôpital Haut-Lévêque, C.H.U. de Bordeaux
- Nathalie VALLI : auteur, maître de conférences des universités - praticiens hospitaliers (MCU-PH)
Classification
Pour citer cet article
Jean-Louis BARAT, Dominique DUCASSOU, Nathalie VALLI, « NUCLÉAIRE MÉDECINE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Médias

Immunoscintigraphie
service de médecine nucléaire, hôpital du Haut-Lévêque, Pessac, Gironde
Immunoscintigraphie
Coupe frontale de la région abdomino-pelvienne obtenue trois jours après injection d'anticorps…
service de médecine nucléaire, hôpital du Haut-Lévêque, Pessac, Gironde

Débit sanguin cérébral analysé par tomoscintigraphie
service de médecine nucléaire, hôpital du Haut-Lévêque, Pessac, Gironde
Débit sanguin cérébral analysé par tomoscintigraphie
Coupes tomographiques cérébrales (frontale à gauche et transverse à droite), après injection de…
service de médecine nucléaire, hôpital du Haut-Lévêque, Pessac, Gironde

Fixation d'un radiotraceur (thallium 201) lors de l'irrigation sanguine du myocarde
service de médecine nucléaire, hôpital du Haut-Lévêque, Pessac, Gironde
Fixation d'un radiotraceur (thallium 201) lors de l'irrigation sanguine du myocarde
Coupes tomographiques de la paroi myocardique, petit axe à gauche, grand axe à droite, obtenues…
service de médecine nucléaire, hôpital du Haut-Lévêque, Pessac, Gironde
Autres références
-
ANTIMATIÈRE
- Écrit par Bernard PIRE, Jean-Marc RICHARD
- 6 099 mots
- 4 médias
-
CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives)
- Écrit par Philippe GARDERET
- 981 mots
- 1 média
-
IMAGERIE MÉDICALE
- Écrit par Maurice LAVAL-JEANTET
- 4 316 mots
- 29 médias
-
NUCLÉAIRE (PHYSIQUE) - Les principes physiques
- Écrit par Bernard PIRE
- 2 718 mots
- 2 médias
Les radioéléments fabriqués par les laboratoires de physique et de chimie nucléaires trouvent de nombreuses applications dans les domaines du diagnostic et de la thérapeutique. La caméra à scintillations est un outil remarquable de diagnostic, puisqu'elle permet de suivre l'évolution de la radioactivité... -
NUCLÉAIRE (notions de base)
- Écrit par Universalis
- 3 633 mots
- 18 médias
L’imagerie nucléaire est une branche de la médecine nucléaire qui repose sur l’utilisation d’éléments radioactifs préalablement administrés au patient et d’une caméra enregistrant le rayonnement émis par les organes internes. On distingue l'imagerie conventionnelle, très répandue dans...
Voir aussi
- ARTÈRES CORONAIRES
- CORTICOSURRÉNALES
- ŒSOPHAGE
- EMBOLIE
- POUMON
- TOMOGRAPHIE PAR ÉMISSION DE POSITONS (TEP)
- RADIOCHIMIE
- NEUROLOGIE CLINIQUE
- SCINTIGRAPHIE ou GAMMAGRAPHIE, médecine
- RADIOÉLÉMENTS ou RADIONUCLÉIDES ou ISOTOPES RADIOACTIFS
- MÉDULLOSURRÉNALE
- RADIOTHÉRAPIE
- DÉBIT SANGUIN
- TRACEURS, biologie
- RADIO-IMMUNOLOGIE
- TRACEURS RADIOACTIFS ou RADIOTRACEURS
- IMAGERIE CÉRÉBRALE
- CUSHING MALADIE DE
- INSUFFISANCE CORONARIENNE
- MÉTHIONINE
- HYPERCORTICISME
- ORTHOSYMPATHIQUE SYSTÈME ou SYSTÈME NERVEUX SYMPATHIQUE
- POSITON ou POSITRON
- MARQUAGE ISOTOPIQUE
- DOSAGE, biologie et médecine
- TUMEUR MALIGNE
- HYPERALDOSTÉRONISME
- RECHERCHE BIOMÉDICALE
- GLUCOSE
- ANTICORPS
- NUMÉRISATION
- SCANNER, médecine
- MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES
- CARDIO-VASCULAIRES MALADIES
- THYMIDINE
- VIDANGE GASTRIQUE
- IMAGES TRAITEMENT D'
- EXPLORATION FONCTIONNELLE
- CIRCULATION SANGUINE
- HÉMODYNAMIQUE
- TUBE DIGESTIF
- DÉBIT SANGUIN CÉRÉBRAL
- ISOTOPES, biologie
- GÉNIE BIOMÉDICAL ET BIO-INGÉNIERIE
- RADIOACTIVITÉ ARTIFICIELLE
- CAMÉRA À SCINTILLATIONS
- TOMOSCINTIGRAPHIE
- IMAGE NUMÉRIQUE