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JAUBERT MAURICE (1900-1940)

Maurice Jaubert est né le 3 janvier 1900 à Nice. Fils d'un bâtonnier, il a une carrière toute tracée dans la magistrature. Après avoir obtenu son baccalauréat, il se rend à Paris pour étudier le droit et préparer une licence ès lettres à la Sorbonne. En 1919, il devient le plus jeune avocat de France. Cependant, il a découvert la musique grâce à son père, mélomane, qui mène une activité d'animateur musical au sein d'un cercle, L'Artistique. Si bien que, dès l'âge de cinq ans, il a appris à jouer sur le piano familial et, alors qu'il préparait son baccalauréat, il a suivi les cours de piano, d'harmonie et de contrepoint au conservatoire municipal de Nice. C'est durant ses études à Paris que sa vocation est née. Alors qu'il exerce au barreau de Nice, il écrit, au cours de l'été de 1919, sa première œuvre, puis, durant l'hiver de 1920, parfait sa formation auprès d'Albert Groz, un ancien élève de la Schola Cantorum de Paris. Quelques mois après avoir terminé son service militaire, en avril 1922, il prend la décision de se consacrer entièrement à la musique.

À la mi-janvier 1923, Maurice Jaubert s'installe à Paris, où il commence par approfondir ses connaissances de l'harmonie et du contrepoint auprès d'Albert Groz. Il rencontre Arthur Honegger, qui lui dédiera l'un de ses Trois Contrepoints (1922), Maurice Ravel, qui sera son témoin de mariage, et se lie d'amitié avec Marcel Delannoy. Bien qu'il soit obligé d’assurer sa subsistance par un travail de bureau, bientôt remplacé par un emploi de réglage des rouleaux de piano mécanique Pleyela, il consacre l'essentiel de son temps à la musique, à la composition et à la critique. Jusqu'à la fin de la décennie, il compose une vingtaine d'œuvres, parmi lesquelles la Suite en la pour violoncelle et piano (1923), les Chants sahariens sur des poèmes touaregs (1924), la musique de scène pour Le Magicien prodigieux (1925) de Calderón de la Barca et un divertissement chanté et dansé, Les Pêcheurs (1925). Dans les années 1930, il en écrit une trentaine, dont le ballet Le Jour (1931), la musique de scène pour La guerre de Troie n'aura pas lieu (1935) de Jean Giraudoux montée par Louis Jouvet, Les Intermèdes pour orchestre à cordes (1936), Jeanne d'Arc, symphonie concertante pour soprano et orchestre (1937), et la Cantate pour le temps pascal (1938).

Après avoir « tâté » du cinéma en 1926 pour aider son ami d'enfance Jean Renoir à sélectionner les airs destinés à accompagner Nana, Maurice Jaubert compose, en 1929, sa première musique pour un film, muet, Die wunderbare Lüge der Nina Petrowna (Le Mensonge de Nina Petrovna) de Hanns Schwartz. Dès lors, son activité sera, pour moitié environ, consacrée à la musique de film comme compositeur, naturellement, et comme chef d'orchestre, puisqu'il sera, de 1930 à 1935, directeur musical chez Pathé-Natan. À ce titre, il collaborera avec Jean Painlevé, Alberto Cavalcanti, Henri Storck, Jean Vigo (Zéro de conduite, 1933 ; L'Atalante, 1934), Jacques et Pierre Prévert (L'affaire est dans le sac, 1932), René Clair (Quatorze Juillet, 1932 ; Le Dernier Milliardaire, 1934), Julien Duvivier (Un carnet de bal, 1937 ; La Fin du jour, 1939) et Marcel Carné (Drôle de drame, 1937 ; Le Quai des brumes, 1938 ; Hôtel du Nord, 1938 ; Le jour se lève, 1939).

Contrairement à nombre de compositeurs français, Maurice Jaubert ne sépare pas son activité pour le cinéma de son « œuvre d'auteur ». Il y a d'autant moins hiatus que certaines partitions pour le film seront à l'origine d'œuvres pour le concert. Le compositeur extrait ainsi du Mensonge de Nina Petrovna une Suite pour piano (1929) et un Intermezzo en forme de rondo pour piano et orchestre (1929), tandis que les splendides Suite française (1933) et[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Alain GAREL. JAUBERT MAURICE (1900-1940) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CINÉMA (Réalisation d'un film) - Musique de film

    • Écrit par Alain GAREL
    • 6 489 mots
    • 5 médias
    ...conférence donnée à Londres, en 1936, dont le texte a été publié dans le numéro d'avril de la revue Esprit sous le titre « Petite École du spectateur », Maurice Jaubert (1900-1940) s'en prit aux pratiquants du « 100 p. 100 musique », et plus particulièrement à Max Steiner, jugé responsable, non sans raison,...
  • LE JOUR SE LÈVE, film de Marcel Carné

    • Écrit par Michel CHION
    • 882 mots
    ...remâche le passé, le temps s'écoule, inéluctable, réel (ce que signifie le titre), et au passé, il est encore plein d'ellipses, d'ouvertures et d'espoirs. La musique à peine thématique de Maurice Jaubert assure admirablement la liaison entre les époques. Intense et sombre, elle renonce au pittoresque des...
  • VOYAGE À TRAVERS LE CINÉMA FRANÇAIS (B. Tavernier)

    • Écrit par Norbert CZARNY
    • 1 157 mots
    • 1 média
    ...montre à la fois l’art de Carné et celui de son décorateur. Ce même film permet à un grand musicien de s’illustrer. Un chapitre entier est consacré à Maurice Jaubert. Il a mis en musique l’œuvre deJean Vigo ainsi que des films de Carné, et Truffaut lui rendra hommage en reprenant ses musiques dans...

Voir aussi