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BOIARDO MATTEO MARIA (1441-1494)

Le Roland furieux a éclipsé le Roland amoureux auquel il doit beaucoup. On ignore trop souvent la valeur du poème et la personnalité de Boiardo, son auteur, dont la vie pittoresque, la culture et la sensibilité sont caractéristiques de l'humanisme italien du xve siècle.

Un humaniste mêlé à la vie de son temps

Palais d'agrément percé de hautes fenêtres où subsistent, au sommet des tours carrées qui flanquent sa longue façade, d'élégants mâchicoulis plus nostalgiques que fonctionnels, le château de Scandiano se voit encore aux environs de Reggio, en Émilie. C'est là que naquit Matteo Maria Boiardo, appelé à devenir, au sortir de l'adolescence, comte de Scandiano. Il passa dans ce château, en compagnie d'un grand-père féru de belles-lettres, la majeure part de sa jeunesse, plus vouée à l'étude qu'aux plaisirs. Sa famille était acquise aux intérêts de la maison d'Este, dont elle tenait son fief, et Matteo ne manqua jamais à cette tradition d'allégeance : sa première composition connue est, en 1463, un poème en vers latins à la gloire de la dynastie ferraraise. C'est en latin aussi qu'il écrira avant sa trentième année dix églogues de cent vers chacune qui attestent, à tout le moins, une excellente assimilation de la poésie bucolique de Virgile. Après quoi, et exception faite de huit épigrammes d'époque indéterminée, il n'écrira plus qu'en langue vulgaire. À cette période initiale de sa vie appartiennent aussi des traductions d'Hérodote, de Xénophon (sur la version latine de la Cyropédie donnée par le Pogge), de Lucien, d'Apulée. Il annonce par là une génération, celle de l'Arioste et de Bembo, où la versification latine apparaît comme un exercice de bravoure, formateur et vaguement absolutoire, avant l'adoption de la langue vulgaire pour les œuvres les plus inspirées.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Paul RENUCCI. BOIARDO MATTEO MARIA (1441-1494) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANGÉLIQUE

    • Écrit par Nicole QUENTIN-MAURER
    • 321 mots

    Héroïne de Boiardo, puis du Roland furieux de l'Arioste. Angélique était princesse du royaume de Cathay, aux Indes, quand Roland l'amène en France dans l'espoir de se faire aimer d'elle. Au camp de Charlemagne, Renaud de Montauban s'éprend aussitôt d'elle, et la dispute à son cousin. Charlemagne,...

  • ARIOSTE L' (1474-1533)

    • Écrit par Universalis, Paul RENUCCI
    • 6 194 mots
    ...ils le jugent comme un pernicieux exemple et le sentent comme une provocation. Le poète ne s'est pas laissé lier les mains ni par le Roland amoureux de Boiardo, dont il ne reprend que ce qui lui convient, laissant en suspens bien des narrations amorcées, ni par l'usage de conduire toute aventure jusqu'à...
  • ESTE LES

    • Écrit par Hervé PINOTEAU
    • 564 mots

    Issue des marquis de Toscane au xe siècle, tirant son nom du marquisat d'Este (ville proche de Padoue), la maison d'Este entre vraiment dans l'histoire avec les deux mariages d'Azzo II (mort en 1097). De sa première union avec Cunégonde, héritière des Welf, sortira la branche allemande des Welf...

  • ROLAND FURIEUX, L'Arioste - Fiche de lecture

    • Écrit par Pascaline NICOU
    • 999 mots
    Le Roland furieux reprend l'action du Roland amoureux (1494), roman inachevé de Boiardo, là où celui-ci l'avait interrompue. Il s'inspire donc d'un certain nombre d'inventions narratives et stylistiques de son prédécesseur, par exemple la pluralité des tons. Mais l'Arioste confère à ses personnages...

Voir aussi