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ROLAND FURIEUX, L'Arioste Fiche de lecture

C'est à Ferrare, important foyer culturel de la Renaissance, que l'Arioste (1474-1533) compose son poème, le Roland furieux, œuvre de toute une vie, qu'il ne cessera de reprendre jusqu'à sa mort. Au pouvoir, la famille des Este accueille et soutient les artistes, qui vantent la culture courtoise et chevaleresque. Le Roland furieux, poème chevaleresque en octaves (strophes de huit vers), composé de quarante-six chants, et dont l'édition définitive date de 1532, est dédié au cardinal Hyppolite d'Este.

La ville de Ferrare est depuis le xiiie siècle le berceau des chansons de geste et des romans bretons. Dans cet univers littéraire se reflète l'idéal d'un monde merveilleux où la bonté et la vertu sont de mise. Il n'est donc pas étonnant que l'Arioste combine ces deux matières, épique et amoureuse, pour créer, à la suite de son prédécesseur Matteo Maria Boiardo (1441-1494), un genre poétique nouveau.

Il s'agit en effet de renouveler le genre chevaleresque en cherchant à créer une structure plus unitaire, même si la narration n'est qu'un entrelacement continu de situations et de personnages qui se cherchent, se fuient, se perdent et se retrouvent. On peut cependant distinguer trois fils principaux : la geste guerrière entre chrétiens et Sarrasins, l'amour de Roland pour Angélique et celui du Sarrasin Roger pour la chrétienne Bradamante.

Une épopée guerrière et amoureuse

Le poème commence avec la fuite d'Angélique, retenue dans le camp chrétien par Charlemagne, pour éviter la discorde entre Roland et Renaud, tous deux amoureux de la belle : « Un peu auparavant, une lutte était née/ entre Roland lui-même et son cousin Renaud,/ qui éprouvaient tous deux pour la rare beauté/ un désir amoureux dont s'échauffait leur cœur. » Roland part à sa recherche, accomplissant sur son chemin des prouesses inattendues jusqu'à ce qu'il arrive par hasard dans un bois où Angélique et son amant, Médor, un jeune soldat sarrasin, ont inscrit leurs noms sur les arbres en gage d'amour. Désespéré, il perd la raison. Après avoir ravagé les lieux, il s'en va « poursuivre les hommes et les bêtes sauvages », en proie à une fureur sans pareille jusqu'à ce que le chevalier Astolphe, monté sur l'hippogriffe, un animal fabuleux, mi-cheval, mi-griffon, aille récupérer la raison de Roland sur la lune. Roland, redevenu lui-même, met alors un terme à la guerre.

Parallèlement, Roger aime Bradamante. Celle-ci est aidée par la magicienne Melissa, tandis que le vieux magicien Atlant retient prisonnier Roger dans son château magique ou dans le royaume d'Alcine pour le soustraire à son destin. Après de nombreuses aventures, une tempête jette Roger sur une île où il est baptisé par un ermite : il peut ainsi épouser Bradamante. C'est de ce couple mythique, dans l'imagination de l'Arioste, que descend la famille d'Este.

Quant à l'épopée guerrière, elle se concentre à Paris, où les Sarrasins conduits par Agramant mènent le siège contre Charlemagne. Vaincus à Arles, ils veulent rentrer en Afrique mais sont défaits par Roland et la flotte de Charlemagne dans l'île de Lipedusa. Les principaux chefs des infidèles sont tués, Agramant par Roland, Rodomont, son allié, par Roger.

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Écrit par

  • : agrégée d'italien, chargée de cours à l'université de Paris-III

Classification

Pour citer cet article

Pascaline NICOU. ROLAND FURIEUX, L'Arioste - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARIOSTE L' (1474-1533)

    • Écrit par Universalis, Paul RENUCCI
    • 6 194 mots
    Le Roland furieux peut passer pour le chef-d'œuvre littéraire du discontinu. La liberté d'invention de l'Arioste refuse les préceptes ou les axiomes des « arts poétiques » ; les critiques aristotéliciens de la seconde moitié du xvie siècle s'irriteront de son succès, de la...

Voir aussi