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SCHONGAUER MARTIN (1435 env.-1491)

Peintre et graveur allemand de la seconde moitié du xve siècle. La date de naissance de Schongauer est inconnue et a donné lieu à de longues discussions ; on s'accorde aujourd'hui assez généralement à penser qu'elle doit se situer avant 1450. Il était fils d'un orfèvre d'Augsbourg venu s'établir à Colmar. Nous ignorons tout de sa formation de peintre, mais il est probable qu'il se rendit aux Pays-Bas pendant son tour de compagnon. Certaines de ses œuvres ont fait supposer qu'il avait aussi voyagé en Espagne. En 1469, il est établi à Colmar ; il s'y trouve encore en 1488, mais l'année suivante il est devenu bourgeois de Brisach dans le pays de Bade. C'est là qu'il meurt après avoir sans doute exécuté dans l'église de la ville une grande fresque du Jugement dernier : restaurée entre 1932 et 1934, cette fresque lui a été attribuée, bien qu'elle ne soit pas signée. Outre quelques dessins à la plume, esquisses ou études (dont une copie du Christ du Retable du Jugement dernier de Roger de La Pasture à Beaune, qu'il a donc certainement vu), sa production se partage entre la peinture et la gravure sur cuivre. Cette dernière technique, que venait d'illustrer le Maître E. S., était encore récente ; Schongauer l'éleva au rang de grand art. Ses nombreuses gravures (nous en possédons cent seize) connurent un immense succès et servirent de modèle à beaucoup de peintres de la fin du xve siècle. Le jeune Dürer y fut particulièrement sensible, et c'est en partie à leur exemple que se forma son style graphique. Les figures, de cette maigreur un peu anguleuse alors à la mode dans l'art allemand sous l'influence de la peinture flamande, sont traitées avec une élégance raffinée ; certaines compositions, très dépouillées, tirent de leur simplicité même leur pouvoir de suggestion. Mais l'œuvre la plus populaire de Schongauer est le grand tableau, malheureusement mutilé au cours des âges (il a été raccourci à la partie supérieure et à la partie inférieure), de La Vierge au buisson de roses, conservé dans la collégiale Saint-Martin de Colmar. C'est le thème de la Vierge au jardinet, souvent traité dans la peinture rhénane au xve siècle (en particulier par Lochner), après l'avoir été en Italie du Nord (Stefano da Verona), mais auquel Schongauer confère une monumentalité et une gravité sans exemple. Il est encore l'auteur d'un retable provenant de l'ancien couvent des Antonins d'Issenheim, le Retable d'Orlier, pour lequel Grünewald peignit une vingtaine d'années plus tard son célèbre chef-d'œuvre (musée Unterlinden, Colmar), ainsi que de quelques petits tableaux d'un faire très précieux (Adoration des bergers, musée de Berlin-Dahlem ; Sainte Famille, pinacothèque de Munich ; Sainte Famille, musée de l'Académie des beaux-arts, Vienne ; Vierge à l'Enfant, musée de Bâle). En revanche, si une participation partielle de Martin Schongauer n'est pas à exclure complètement, les vingt-quatre panneaux du Retable des Dominicains (musée Unterlinden, Colmar) provenant de l'église des Dominicains à Colmar sont considérés comme une œuvre d'atelier (on signalera dans les huit panneaux du retable fermé La Visitation et L'Adoration des Mages et dans les seize panneaux du retable ouvert le Noli nie Tangere.

<it>La Vierge au buisson de roses</it>, M. Schongauer - crédits :  Bridgeman Images

La Vierge au buisson de roses, M. Schongauer

<it>Noli Me Tangere</it>, M. Schongauer et son atelier - crédits :  Bridgeman Images

Noli Me Tangere, M. Schongauer et son atelier

— Pierre VAISSE

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Genève

Classification

Pour citer cet article

Pierre VAISSE. SCHONGAUER MARTIN (1435 env.-1491) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>La Vierge au buisson de roses</it>, M. Schongauer - crédits :  Bridgeman Images

La Vierge au buisson de roses, M. Schongauer

<it>Noli Me Tangere</it>, M. Schongauer et son atelier - crédits :  Bridgeman Images

Noli Me Tangere, M. Schongauer et son atelier

Autres références

  • DÜRER ALBRECHT (1471-1528)

    • Écrit par Pierre VAISSE
    • 4 510 mots
    • 6 médias
    ...fut placé dans l'atelier de Wolgemut, artiste médiocre et tourné vers le passé. En 1490, il part pour Colmar avec l'intention de travailler auprès de Martin Schongauer, que ses gravures sur cuivre avaient fait connaître au loin. Cet espoir, qui fut déçu par la mort du maître, est révélateur de l'orientation...
  • DVOŘÁK MAX (1874-1921)

    • Écrit par Roland RECHT
    • 988 mots

    Né à Roudnice, en Tchécoslovaquie, Dvořák fait ses études à l'université de Vienne où il est l'élève de Riegl et de Wickhoff et où il est nommé à son tour titulaire de la chaire d'histoire de l'art. De l'enseignement de ses maîtres, il retient que l'histoire de l'art doit porter sur l'inventaire,...

  • GRAVURE

    • Écrit par Barthélémy JOBERT, Michel MELOT
    • 8 567 mots
    • 3 médias
    ...le portrait et la caricature, par exemple, le paysage aussi dans le xviie siècle hollandais et le xixe siècle français, la scène de genre surtout. Celle-ci apparaît dès le xve siècle avec Martin Schongauer qui représente des paysans allant au marché ou des ouvriers orfèvres se battant.
  • HOLBEIN LES

    • Écrit par Pierre VAISSE
    • 2 607 mots
    • 4 médias
    ...selon l'hypothèse traditionnelle, ou peut-être à Augsbourg, dont la peinture est mal connue jusqu'à la fin du xve siècle. Il a subi l'influence de Martin Schongauer et plus encore celle de la peinture flamande, manifeste dans son chef-d'œuvre, La Passion grise (volets d'un retable peint entre...

Voir aussi