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CURIE MARIE (1867-1934)

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Le temps des Nobel, les épreuves de la célébrité

« En reconnaissance de leurs services rendus, par leur recherche commune sur le phénomène des radiations découvertes par le professeur Henri Becquerel », Marie et Pierre Curie reçoivent avec Henri Becquerel le prix Nobel de physique de 1903, deux ans après sa création. Elle est la première femme à en être récompensée.

Les répercussions de ce prix sont quasi immédiates. Dès octobre 1904, une chaire de physique est spécialement créée à la faculté des sciences de la Sorbonne pour Pierre Curie. Ce poste s’accompagne de la mise à disposition d’un petit laboratoire situé au 12 rue Cuvier. Marie y est nommée « chef de travaux ». Le 6 décembre, elle donne naissance à leur deuxième fille, Ève. L’université agrandit le laboratoire Curie pour en faire un laboratoire d’enseignement et de recherche. Ce dernier est opérationnel en février 1906. Pierre Curie est renversé par un attelage de chevaux rue Dauphine le 19 avril de la même année ; il meurt sur le coup à l’âge de quarante-sept ans.

La faculté propose à Marie Curie de reprendre la direction du laboratoire et d’assurer le cours de Pierre Curie. Ainsi, en 1906, Marie Curie devient la première femme directrice d’un laboratoire universitaire. Nommée chargée de cours sur la chaire de son défunt mari, elle reprend son enseignement le 5 novembre 1906, à l’endroit où il l’avait interrompu. Elle sera nommée professeur, titulaire de la chaire de physique générale le 16 novembre 1908. Elle est ainsi la première femme professeur d’université en France.

André Debierne (1874-1949), chimiste, découvreur de l’actinium (un autre élément radioactif présent dans le minerai d’uranium), et ami du couple Curie devient son adjoint. Avec son aide, Marie Curie reprend ses recherches et notamment la purification du radium métal qu’ils parviennent à réaliser en 1910. Elle publie cette même année son Traité de radioactivité, ouvrage de référence en la matière.

À la fin de 1910, contre l’avis de l’Institut de France, l’Académie des sciences accepte la candidature de Marie Curie et la présente en première ligne. Le savant Édouard Branly l’emporte de deux voix en janvier 1911. Marie Curie ne se représentera jamais.

Pourtant, la reconnaissance de ses travaux s’étend au niveau international. Elle est ainsi la seule femme invitée par Ernest Solvay (1838-1922) pour participer au premier Conseil Solvay de physique qui se tient du 27 au 31 octobre 1911 à Bruxelles. Ce conseil rassemble, sur des questions précises, les plus grands savants du monde : Ernest Rutherford, Niels Bohr, Albert Einstein, Jean Perrin… Au niveau national, en cette année 1911, Marie Curie assiste aux travaux de construction du futur Institut du radium, rue Pierre Curie à Paris. Cet institut dédié à l’étude des rayonnements et de leurs applications, issu d’un partenariat entre l’Université et l’Institut Pasteur, sera constitué de deux pavillons de recherche : un pour les recherches en chimie physique, dirigé par Marie Curie ; le second, pour les recherches biologiques et médicales, dirigé par Claudius Regaud de l’Institut Pasteur.

À cette même époque, la presse d’extrême droite profite de la liaison de Marie Curie – elle est d’origine étrangère, indépendante, n’exerce pas de pratique religieuse… – avec le physicien Paul Langevin (1872-1946) pour organiser une campagne à son encontre. Cette campagne d’une violence extrême s’arrête brutalement, lorsque Marie Curie est lauréate d’un second prix Nobel, celui de chimie cette fois, le 10 décembre 1911 « en reconnaissance de ses services dans le progrès de la chimie par la découverte des éléments radium et polonium, par l’isolation du radium et l’étude de la nature et des composés de cet élément remarquable ».

Malgré l’arrêt de la calomnie et l’obtention[...]

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Pour citer cet article

Natalie PIGEARD-MICAULT. CURIE MARIE (1867-1934) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 23/05/2023

Médias

Marie Curie - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Marie Curie

Marie Curie pendant la Grande Guerre - crédits : Universal History Archive/ Getty Images

Marie Curie pendant la Grande Guerre

Marie Curie (1867-1934) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Marie Curie (1867-1934)

Autres références

  • CURIE LES

    • Écrit par
    • 4 841 mots
    • 5 médias

    Dans l'histoire de la radioactivité, depuis sa découverte et pendant les soixante années qui suivirent, le nom des Curie s'inscrit au premier plan. Les plus éminents représentants de cette famille de savants français ont été Pierre Curie (1859-1906), sa femme Marie Curie née Sklodowska...

  • DÉCOUVERTE DE LA RADIOACTIVITÉ NATURELLE

    • Écrit par
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    • 1 média

    En février 1896, Henri Becquerel (1852-1908) prépare des cristaux de sulfate double d'uranyle et de potassium et, afin d'étudier leur phosphorescence, les place sur une plaque photographique entourée d'un papier. Le soleil étant absent, il enferme ses plaques dans un tiroir. Quelques jours plus...

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    1896 Après la découverte des rayons X par le physicien allemand Wilhelm C. Röntgen en 1895, de nombreux savants recherchent des sources naturelles de rayons X. Le physicien français Henri Becquerel découvre fortuitement que des sels d'uranium émettent des rayons nouveaux, qu'il appelle...

  • RADIOACTIVITÉ

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    • 5 420 mots
    • 2 médias
    L'émission des rayons « uraniques » aiguise la curiosité d'un couple de physiciens particulièrement motivés : Pierre et Marie Curie. Ceux-ci vont consacrer désormais leur vie à l'étude de cette radioactivité, comme l'appela alors Marie Curie. Avec du matériel précaire et dans des conditions...