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AYMÉ MARCEL (1902-1967)

L'auteur dramatique

En 1947, Douking fit représenter, au théâtre du Vieux-Colombier, Lucienne et le Boucher, une pièce écrite au début des années trente. Trois ans plus tard, Clérambard connaissait un durable succès. Dès lors, Marcel Aymé se consacra presque entièrement au théâtre. On retrouve, dans son œuvre dramatique, la plupart de ses personnages habituels (mais pas les paysans), grossis et simplifiés par la mécanique théâtrale. La verve de Marcel Aymé s'y déploie avec plus de rudesse, et même de fureur : Les Quatre Vérités (où l'on voit une famille bourgeoise aux prises avec le sérum de vérité) et surtout La Tête des autres (portrait-charge des magistrats de cour d'assises) sont des caricatures impitoyables.

Malgré son aversion pour les idées générales, à deux reprises, Marcel Aymé a formulé quelques opinions personnelles (et subversives) sur différents thèmes à la mode. En 1938, dans Silhouette du scandale, il prenait la défense du scandale comme « détonateur ». De quoi ? Eh bien, de la vérité sur le mensonge, du naturel sur les conventions sociales... Onze ans plus tard, dans Le Confort intellectuel, il s'attaque aux intellectualismes mondains, donnant ainsi quelques points de vue sur la littérature, les arts et la politique. Ces points de vue, aiguisés, lucides et à contre-courant de la mode, ont largement contribué à ruiner Marcel Aymé dans l'esprit des intellectuels d'avant-garde.

Tout cela n'a plus aucune importance, bien entendu : l'avant-garde de 1949 a disparu depuis longtemps, tandis que l'œuvre de Marcel Aymé demeure. Elle demeurera certainement, pour les générations à venir, comme une des plus représentatives du xxe siècle. Le petit monde de Marcel Aymé, rural ou citadin, révèle, avec une rare acuité, l'homme moyen de notre époque, avec ses chagrins et ses espérances, sa misère et son obstination, sa bonne humeur, son mauvais caractère et son immense pouvoir d'émerveillement.

Voilà comment un écrivain qui s'est seulement appliqué à raconter des histoires est devenu l'un des premiers témoins de son temps.

— Jacques BENS

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Pour citer cet article

Jacques BENS. AYMÉ MARCEL (1902-1967) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Marcel Aymé - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Marcel Aymé

Autres références

  • URANUS, Marcel Aymé - Fiche de lecture

    • Écrit par Philippe DULAC
    • 1 048 mots

    Si Marcel Aymé (1902-1967) doit surtout sa popularité à des récits où le merveilleux fait intrusion dans le quotidien, ou bien à des peintures truculentes de la vie paysanne, il fut aussi le chroniqueur lucide et acerbe de son temps. Travelingue (1941) retrace l'avènement du Front populaire ;...

  • CONTES DE FÉES

    • Écrit par Marc SORIANO
    • 394 mots
    • 1 média

    Récits de voie orale, souvent antérieurs à la civilisation latine ou grecque et se retrouvant sous forme d'adaptations dans la littérature écrite. L'expression contes de fées est plus spécialement réservée aux récits qui comportent l'intervention d'êtres surnaturels du sexe féminin,...

  • LE MONDE SELON TOPOR (exposition)

    • Écrit par Nelly FEUERHAHN
    • 1 168 mots
    ...avec Jacques Sternberg ou Bernard Pivot accompagnent ces différentes étapes . On y voit également Topor dire son intérêt pour le fantastique de Marcel Aymé, qui lui inspira cent vingt images publiées dans les œuvres complètes du romancier (1977). La superbe affiche allégorique pour le mois...

Voir aussi