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AYMÉ MARCEL (1902-1967)

Depuis la fin du mécénat royal, puis la disparition du roman-feuilleton, la littérature est essentiellement devenue une activité d'amateur : à quelques exceptions près, les écrivains marquants du xxe siècle possédaient une fortune personnelle (parfois modeste, mais suffisante pour les faire vivre) ou exerçaient une activité annexe. Dans cet univers de dilettantes, Marcel Aymé représente un exemple assez rare d'écrivain « professionnel » : à vingt-quatre ans, jeune journaliste, il compose son premier roman, Brûlebois, pour distraire les loisirs forcés d'une convalescence. Trois ans plus tard, le prix Renaudot, en couronnant La Table-aux-Crevés, lui permet de se consacrer entièrement à la littérature. Dès lors, il ne s'arrête plus et publie, jusqu'à sa mort, survenue en 1967, un ouvrage par an, et parfois deux.

Écrivain « professionnel », cela signifie essentiellement que Marcel Aymé a toujours considéré son œuvre en artisan plutôt qu'en artiste. De l'artisan, il avait le sérieux, le goût du travail bien fait, le souci du détail, mais aussi la modestie. Il a toujours fui les honneurs, les manifestations mondaines et les colifichets de la gloire. C'est ainsi, par un juste retour des choses, que l'on peut devenir un grand écrivain sans l'avoir réellement cherché.

Un provincial à Paris

Marcel Aymé est né le 29 mars 1902 à Joigny (Yonne), sixième enfant de parents originaires du Jura. Son père est maréchal-ferrant. Devenu veuf assez tôt, il met ses enfants en pension ou les confie à sa belle-famille. C'est ainsi que le jeune Marcel passe toute son enfance chez ses grands-parents maternels, à Villers-Robert (Jura). Son grand-père possède une petite tuilerie. C'est une sorte de patriarche, radical et libre-penseur, dont l'attitude idéologique, en pays fortement clérical, a certainement contribué à faire naître le scepticisme souriant de Marcel Aymé.

Celui-ci fait ses études à l'école du village, puis au lycée de Dôle : des études médiocres, affirmera-t-il plus tard, et d'ailleurs interrompues par des ennuis de santé. En 1922-1923, il accomplit son service militaire en Allemagne occupée. Sitôt libéré, le jeune provincial débarque à Paris, où il trouve à s'employer comme journaliste.

Marcel Aymé - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Marcel Aymé

En 1925, au cours d'une convalescence, il écrit Brûlebois, roman rempli de souvenirs (et sans doute de nostalgie) franc-comtois. Ce livre est publié l'année suivante aux Cahiers de France. Marcel Aymé prend goût à l'écriture : en 1927, Aller-Retour paraît chez Gallimard, à qui il restera désormais fidèle. Deux ans et deux romans plus tard, La Table-aux-Crevés remporte le prix Renaudot. Le jeune écrivain décide de se consacrer entièrement à la littérature, non sans difficultés matérielles. Par chance, en 1933, La Jument verte connaît un immense succès, qui libère Marcel Aymé de ses angoisses économiques. Dès ce moment, sa biographie se confond avec sa bibliographie. D'ailleurs, s'il arrive qu'elle s'en éloigne, il en garde jalousement le secret.

Il existe deux types d'écrivains, qui définissent les deux voies principales de toute littérature. Il y a ceux qui s'écrient : « Regardez comme je suis intéressant ! », et ceux qui proposent : « Laissez-moi vous raconter une belle histoire... » Marcel Aymé se range évidemment parmi les seconds.

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Pour citer cet article

Jacques BENS. AYMÉ MARCEL (1902-1967) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Marcel Aymé - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Marcel Aymé

Autres références

  • URANUS, Marcel Aymé - Fiche de lecture

    • Écrit par Philippe DULAC
    • 1 048 mots

    Si Marcel Aymé (1902-1967) doit surtout sa popularité à des récits où le merveilleux fait intrusion dans le quotidien, ou bien à des peintures truculentes de la vie paysanne, il fut aussi le chroniqueur lucide et acerbe de son temps. Travelingue (1941) retrace l'avènement du Front populaire ;...

  • CONTES DE FÉES

    • Écrit par Marc SORIANO
    • 394 mots
    • 1 média

    Récits de voie orale, souvent antérieurs à la civilisation latine ou grecque et se retrouvant sous forme d'adaptations dans la littérature écrite. L'expression contes de fées est plus spécialement réservée aux récits qui comportent l'intervention d'êtres surnaturels du sexe féminin,...

  • LE MONDE SELON TOPOR (exposition)

    • Écrit par Nelly FEUERHAHN
    • 1 168 mots
    ...avec Jacques Sternberg ou Bernard Pivot accompagnent ces différentes étapes . On y voit également Topor dire son intérêt pour le fantastique de Marcel Aymé, qui lui inspira cent vingt images publiées dans les œuvres complètes du romancier (1977). La superbe affiche allégorique pour le mois...

Voir aussi