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LINDBERG MAGNUS (1958- )

Un souci de l'expression

Au début des années 1980, Lindberg se rend à Paris, où il travaille avec Vinko Globokar et Gérard Grisey, qui l'initie à l'harmonie spectrale. Il suit également les cours de Franco Donatoni à Sienne et ceux de Brian Ferneyhough à Darmstadt. Son esthétique subit une rupture radicale : ses compositions vont être caractérisées par les recherches sur la fusion en une seule sonorité de celles de plusieurs instruments n'appartenant pas à la même famille. Lindberg apparaît en cela comme l'inventeur de la synthèse instrumentale. Dans Linea d'ombra (1981), il mêle les sonorités de la flûte, du saxophone alto, de la guitare et des percussions de façon telle que le public pense entendre un seul et unique instrument. Sculpture II, pour orchestre (1981), présente des « couches » sonores plus ou moins indépendantes mais qui forment au bout du compte une seule et même entité.

Lindberg va ensuite s'attacher à créer des structures rythmiques complexes et mouvantes, pour lesquelles il élabore un programme informatique. Il utilise pour la première fois ses « transformations d'états rythmiques » dans Zona, « concerto pour violoncelle et septuor divers » (1983). À la création de Kraft (1985), pour grand orchestre et cinq instruments solistes amplifiés électroniquement, qui repose également sur la transformation rythmique, la critique s'émut du fait que la plupart des percussions utilisées par les solistes étaient des objets de récupération ; le compositeur avait simplement mis à profit une large gamme de sons métalliques pour obtenir les effets voulus. Les sonorités de UR, pour cinq instruments et électronique en direct (1986), sont plus riches qu'auparavant grâce à l'importance croissante que Lindberg confère désormais à l'harmonie, qui devient luxuriante et franchement consonante à la fin des années 1980, puisqu'elle est à base d'accords parfaits ; en témoignent des œuvres comme Kinetics, pour grand orchestre (1989), ou Joy, pour grand ensemble et électronique en direct (1990).

Après avoir fait une relecture très libre du passé musical (utilisation de formes anciennes comme la chaconne dans Kraft et Kinetics), Lindberg inscrit des allusions – qui ne sont jamais des citations – aux figures majeures de la musique occidentale : Marea (1990) retentit ainsi d'échos lointains de Beethoven, Richard Strauss, Debussy et Sibelius. En ancrant de plus en plus son langage dans la tonalité et en composant essentiellement pour grand orchestre symphonique, Lindberg affiche un néo-classicisme croissant et s'inscrit depuis le début des années 1990 dans la grande tradition symphonique de Sibelius.

Composé en 1998 et 1999, Cantigas, pour grand orchestre, est créé le 1er avril 1999 par l'Orchestre de Cleveland sous la baguette de Christoph von Dohnányi. Dans cette pièce, Lindberg revisite la chaconne, forme qui était très utilisée aux xviie et xviiie siècles.

Célébrant l'architecture de Frank O. Gehry, Sculpture, pour grand orchestre, est créé le 6 octobre 2005 au Walt Disney Concert Hall de Los Angeles par l'Orchestre philharmonique de Los Angeles placé sous la direction d’Esa-Pekka Salonen. Des polarités harmoniques fortes, des rythmes et des sonorités de fanfares créent une ambiance de solennité rituelle qui fait penser à l'univers musical de Stravinski. Une écriture « en relief », par blocs-impulsions et blocs-timbres, par accords androgynes majeur-mineur, ainsi que des successions d'accords parallèles contrecarrés par des mouvements contraires sont largement utilisés.

Le 25 août 2007, l'Orchestre philharmonique de Berlin sous la conduite de Simon Rattle crée Seht die Sonne, pour grand orchestre. Le lien de parenté avec la Neuvième Symphonie de Gustav Mahler est évident, notamment dans le choix de l'instrumentation[...]

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

Classification

Pour citer cet article

Juliette GARRIGUES. LINDBERG MAGNUS (1958- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SALONEN ESA-PEKKA (1958- )

    • Écrit par Universalis, Charles TRUMBULL
    • 982 mots

    Le chef d’orchestre finlandais Esa-Pekka Salonen est aussi un compositeur reconnu, dont les œuvres témoignent d’une grande originalité.

    Esa-Pekka Salonen naît le 30 juin 1958 à Helsinki. Il étudie à l’académie Sibelius de la capitale finlandaise : le cor d’harmonie de 1973 à 1977, puis la ...

Voir aussi