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LIBÉRATION, France (1944-1946)

La libération de la France intervient après quatre années d'occupation. Elle se déroule selon un scénario qui était certainement espéré, mais qui n'était pas le mieux assuré. Les Alliés et les résistants prévoyaient une bataille prolongée. La Résistance était atomisée et ses principales composantes se disputaient de plus en plus vivement sa direction. Le risque de chaos était grand. Or l'essentiel du territoire national est libéré en deux mois, entre juillet et septembre 1944, sans guerre civile, sous l'autorité d'un pouvoir légitime. En l'espace d'un an, l'épuration est en grande partie achevée, le processus électoral est rétabli, des réformes profondes sont entamées et la France est reconnue comme l'une des quatre puissances victorieuses.

La liberté retrouvée (été de 1944)

Combats

Omaha Beach, 7 juin 1944 - crédits : Wall/ MPI /Getty Images

Omaha Beach, 7 juin 1944

Commencée avec la Corse en octobre 1943, la Libération connaît une étape décisive avec le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie (opération Overlord) et un mouvement insurrectionnel d'une ampleur inédite. Prises d'otages, représailles, liquidation de résistants répondent aux innombrables actions de la Résistance. Le village martyr d'Oradour-sur-Glane (642 hab. assassinés le 10 juin), non loin de Limoges, et le maquis du Vercors, anéanti entre le 17 et le 23 juillet, témoignent d'une situation qui vaut, même si le nombre de victimes est moindre, dans des centaines d'autres lieux et sur l'ensemble du territoire. Entre juin et août, la France presque tout entière est un champ de bataille, d'autant que les bombardements alliés se multiplient sur les voies de communication et les villes (ils feront au total 67 000 morts). La percée d'Avranches (31 juillet) et le débarquement américain dans le Var (opération Dragoon), le 15 août, constituent la deuxième étape d'une libération militaire, accélérée par le repli que Hitler ordonne à une partie de ses unités. Toulouse est aux mains des résistants le 20 août, Paris est libéré le 25, Toulon et Marseille les 27 et 28, Lyon au début de septembre. Le 12 septembre, les troupes débarquées en Normandie et celles qui viennent de Provence font leur jonction en Bourgogne.

Insurrection

Le général Leclerc à Paris, 25 août 1944 - crédits : National Archives, Washington, D.C.

Le général Leclerc à Paris, 25 août 1944

Les résistants, regroupés dans les Forces françaises de l'intérieur (F.F.I.), n'ont pas attendu la retraite allemande pour intervenir, y compris dans certaines villes comme Marseille où l'insurrection est lancée en présence des occupants. Ces actions, qui ont une efficacité militaire limitée, veulent prouver que les Français participent à leur propre libération. Les péripéties de la libération de Paris sont significatives de ce souci partagé par Londres comme par toute la Résistance intérieure. Alors que le général Eisenhower, commandant en chef des forces alliées en Europe, entend contourner la capitale pour des raisons stratégiques et pratiques, l'état-major F.F.I. dirigé par Henri Rol-Tanguy appelle à l'insurrection le 19 août, organise la prise de contrôle des lieux de pouvoir, désapprouve la trêve négociée le 20 entre le représentant du général de Gaulle en France et le commandant allemand von Choltitz. Son souci de faire intervenir les troupes régulières rejoint celui du général de Gaulle pour qui la libération de Paris doit être le fait des Français. Cette tâche est finalement dévolue au général Leclerc, dont la 2e D.B. pénètre à Paris le 24 août. De Gaulle arrive le 25 août et descend en triomphateur les Champs-Élysées le lendemain, alors que les combats ne sont pas terminés.

La libération est joie, douleur, exutoire. L'enthousiasme est général au passage des soldats français ou alliés. Faisant la guerre par procuration, à travers les combats suivis à la radio, la grande majorité des Français espérait cet événement depuis longtemps. Cette attente et les souffrances endurées, à des[...]

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Pour citer cet article

Jean-Marie GUILLON. LIBÉRATION, France (1944-1946) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Omaha Beach, 7 juin 1944 - crédits : Wall/ MPI /Getty Images

Omaha Beach, 7 juin 1944

Le général Leclerc à Paris, 25 août 1944 - crédits : National Archives, Washington, D.C.

Le général Leclerc à Paris, 25 août 1944

Charles de Gaulle, 26 août 1944 - crédits : Ralph Morse/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Charles de Gaulle, 26 août 1944

Autres références

  • BECKER JEAN-JACQUES (1928-2023)

    • Écrit par Erwan LE GALL
    • 920 mots

    Historien français né le 14 mai 1928, Jean-Jacques Becker est l’auteur de travaux sur la Première Guerre mondiale faisant référence. Spécialiste de l’opinion, sa contribution à l’histoire politique de la France du xxe siècle est également importante. Nommé maître assistant à Nanterre...

  • BILLOTTE PIERRE (1906-1992)

    • Écrit par Charles-Louis FOULON
    • 867 mots
    • 3 médias

    Né à Paris le 8 mars 1906, Pierre Billotte, saint-cyrien à vingt ans, suit un parcours militaire classique. Lieutenant en 1930, élève de l'École supérieure de guerre de 1934 à 1936, le commandant Billotte est blessé pendant la campagne de France et fait prisonnier. Évadé d'Allemagne par l'U.R.S.S.,...

  • BOUCHINET-SERREULLES CLAUDE (1912-2000)

    • Écrit par Charles-Louis FOULON
    • 679 mots

    Claude Bouchinet-Serreulles, fils d'industriel, né le 26 janvier 1912 à Paris, licencié en droit et diplômé de l'École libre des sciences politiques, avait observé les méfaits du nazisme en 1937-1938 lorsqu'il avait été attaché du conseiller commercial à Berlin. Officier d'ordonnance...

  • BUCKMASTER MAURICE (1902-1992)

    • Écrit par Charles-Louis FOULON
    • 909 mots
    • 1 média

    De 1941 à 1945, le colonel Buckmaster est entré dans l'histoire et la légende de la Résistance française et des services secrets britanniques ; il fut, en effet, chef de la section française du Special Operations Executive (S.O.E.) qui devait « mettre l'Europe en feu » à la demande de ...

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Voir aussi