Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LHC (Large Hadron Collider)

Le LHC (Large Hadron Collider) ou grand collisionneur de hadrons est l’accélérateur de particules le plus puissant au monde. Il est situé dans un tunnel circulaire de 27 kilomètres de circonférence à une centaine de mètres sous terre, près de Genève, à la frontière franco-suisse. Il a pour fonction d’accélérer essentiellement des protons (éléments de la famille des hadrons, qui constituent avec les neutrons les noyaux des atomes) et de provoquer des collisions. Deux faisceaux de protons circulent ainsi en sens inverse sur des trajectoires séparées, à une vitesse proche de celle de la lumière, et sont guidés pour s’entrechoquer en quatre points spécifiques de l’anneau où sont installés des détecteurs qui enregistrent les particules produites dans les collisions.

La première collecte de données, de 2010 à 2012, a été couronnée par la découverte du boson de Higgs, grâce à deux de ces détecteurs, ATLAS et CMS. Dès l’année suivante, le prix Nobel de physique a été attribué à François Englert et Peter Higgs, deux des théoriciens à avoir prédit l’existence de cette particule en 1964, soit près de cinquante ans auparavant. La seconde collecte de données, de 2015 à 2018, à des énergies encore plus élevées, pourrait apporter son lot de surprises.

Naissance et objectifs du LHC

Le projet de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire – le Cern – de construire un collisionneur de hadrons est évoqué dès les années 1980. Le principal objectif est de découvrir et étudier le boson de Higgs, particule prédite par le modèle standard, cadre théorique de la physique des particules. En outre, le LHC doit permettre d’explorer les extensions théoriques de ce modèle, telles que la supersymétrie, en recherchant de nouvelles particules prédites par ces théories. En effet, malgré ses succès à décrire les particules élémentaires et leurs interactions, le modèle standard présente des faiblesses. Certaines relèvent de concepts théoriques complexes comme le problème de la hiérarchie (pourquoi l’intensité de la gravitation est-elle si faible par rapport à celle des autres interactions ?), d’autres sont en lien avec des observations astrophysiques, telles que l’existence de la matière noire ou l’asymétrie matière-antimatière que le modèle standard n’explique pas. Il est possible de concevoir une théorie plus complète pour répondre à ces questions, mais elle reste à être vérifiée expérimentalement.

Localisation du LHC - crédits : photographies CERN

Localisation du LHC

Pour étudier cet univers de l’infiniment petit et mettre en évidence ces particules, il a donc été décidé de construire un collisionneur proton-proton de très haute énergie : 7 téraélectronvolts (TeV) par faisceau, ce qui correspond à une énergie de collision de 14 TeV. Un autre paramètre important pour un collisionneur est sa luminosité qui est directement reliée au nombre de collisions proton-proton par unité de temps. Pour le LHC, il est prévu environ un milliard de collisions par seconde. Cette puissante machine pourra également produire des collisions entre noyaux de plomb afin d’étudier la matière nucléaire à l’état de plasma, telle qu’elle devait être lors de la première microseconde après le big bang. Le projet est validé en 1994 et sera construit dans le tunnel déjà existant du LEP (Large Electron-Positron Collider), un collisionneur électron-positron mis en service en 1989 et dont l’énergie maximale de collision atteindra à la fin des années 1990 environ 200 gigaélectronvolts (soit 0,2 TeV).

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directrice de recherche au CNRS, laboratoire de physique nucléaire et de hautes énergies, Paris

Classification

Pour citer cet article

Lydia ROOS. LHC (Large Hadron Collider) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Localisation du LHC - crédits : photographies CERN

Localisation du LHC

Détection du boson de Higgs - crédits : Encyclopædia Universalis France

Détection du boson de Higgs

Désintégration d’un méson B<sub>s </sub>en une paire de muons - crédits : LHCb/ CERN

Désintégration d’un méson Bs en une paire de muons

Autres références

  • PARTICULES ÉLÉMENTAIRES

    • Écrit par Maurice JACOB, Bernard PIRE
    • 8 172 mots
    • 12 médias
    ...en circulation, protons et antiprotons se heurtant sans cesse de plein fouet. On y distingue enfin le L.E.P. (Large Electron Positron Collider) et le L.H.C. qui le remplace depuis 2008, le plus grand accélérateur actuel du monde, avec ses 27 kilomètres de circonférence. Le S.P.S., le L.E.P. et le L.H.C....
  • ACCÉLÉRATEURS DE PARTICULES

    • Écrit par Michel CROZON, Jean-Louis LACLARE
    • 3 528 mots
    • 3 médias
    ...Collider), machine de 20 + 20 TeV et de 87 km de circonférence, a été abandonné en 1993 à cause de son coût excessif et de choix techniques hasardeux. Ne subsiste aujourd'hui que le projet européen L.H.C. (cf. encadré « Le L.H.C. »), plus modeste, conçu pour être installé dans le tunnel circulaire long...
  • CHROMODYNAMIQUE QUANTIQUE

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 6 420 mots
    • 6 médias
    Le LHC du Cern accumule depuis 2008 les données sur les collisions de protons à très haute énergie dans le but principal de découvrir une physique nouvelle au-delà du modèle standard. Il n’a pas atteint ce but en plus d’une décennie de fonctionnement, mais des améliorations techniques devraient prochainement...
  • HIGGS BOSON DE

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 2 657 mots
    • 2 médias
    LeLHC (Large Hadron Collider, grand collisionneur hadronique) est un collisionneur de protons qui utilise la chaîne de préaccélération de faisceaux et le tunnel du précédent collisionneur (LEP) du Cern. L'énergie maximale prévue est de 7 téraélectronvolts (1012 eV) par faisceau avec...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi