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LES ESTAMPES JAPONAISES DANS LES COLLECTIONS PARISIENNES (expositions)

Deux expositions successives, venues s'intégrer aux manifestations organisées en 2008 pour célébrer le cent cinquantième anniversaire de l'établissement des relations franco-nippones, ont permis au public parisien de découvrir, s'il en était encore besoin, les richesses des collections publiques françaises en matière d'estampe japonaise. Les deux établissements organisateurs avaient puisé exclusivement dans leurs propres ressources pour organiser, l'un, le Musée national des arts asiatiques Guimet, à Paris, une rétrospective monographique, Hokusai, « l'affolé de son art », d'Edmond de Goncourt à Norbert Lagane (21 mai ‑ 4 août 2008), l'autre, la Bibliothèque nationale de France, une synthèse d'ensemble sur la gravure de l'ukiyo-e (les « images du monde flottant »), Estampes japonaises : Images d'un monde éphémère (Fundació Catalunya, Barcelone, 16 juin-14 septembre 2008 ; Bibliothèque nationale de France, Paris, 18 novembre 2008-15 février 2009).

La présentation des deux expositions mettait particulièrement en valeur l'aspect très spectaculaire de ces deux rassemblements de dessins et surtout de gravures sur bois en couleurs, technique de prédilection de l'ukiyo-e. Les à-plats de couleur, qui n'en restent pas moins variés dans de subtiles gradations de tons, les raccourcis autant que la finesse des traits, les gaufrages, les audaces de cadrage et la délicatesse de l'impression frappent d'abord l'œil de l'amateur, surtout lorsque les épreuves sont de qualité supérieure, ce qui était le cas tant au musée Guimet qu'à la Bibliothèque nationale. On ne rentre qu'ensuite dans le sujet, intimement lié aux conditions sociales et économiques dans lesquelles ces œuvres ont été créées, avec l'émergence à Edo, l'ancienne Tōkyō, d'une bourgeoisie commerçante éclairée. Le quartier réservé de Yoshiwara, avec ses courtisanes, ses maisons de plaisir, ses établissements de thé et de restauration, sa population tournée vers la littérature, la poésie, la musique, dans une imitation de la culture nobiliaire, sans compter les spectacles (c'est là que naquit le kabuki), en fut le cadre privilégié. C'est en grande partie ce « monde flottant » qui est retracé par l'image, les estampes constituant à la fois le reflet et une partie intégrante de cette culture tant populaire que savante.

La Bibliothèque nationale le montrait tout particulièrement, avec un parcours ouvert par une présentation technique très claire, et organisé ensuite thématiquement, rendant compte ainsi successivement du théâtre et du sumō deux expressions privilégiées aux origines de l'estampe, en tant qu'image publicitaire, puis de la représentation de la femme, où se distingue tout particulièrement le peintre Kitagawa Utamaro, et enfin de la vie quotidienne. Une section consacrée à des feuilles plus savantes, parodiques, illustrations littéraires ou de poèmes, et aux surimono, ces estampes de luxe, cartes de vœux, images de calendrier tirées à peu d'exemplaires et réservées à un cercle restreint d'amateurs, comportant aussi des allusions précises d'ordre tant littéraire qu'historique et théâtral, introduisaient aux aspects les plus raffinés de la culture de l'ukiyo-e. Venaient ensuite les estampes érotiques, et enfin un sujet qui n'apparaît qu'à la fin de la période, au xixe siècle, le paysage, avec Andō Hiroshige et son devancier, Katsushika Hokusai. Celui-ci était magistralement présenté au musée Guimet au fil d'un parcours réparti en trois temps, avec de nombreuses estampes, permettant de retracer l'évolution de son œuvre – des premières illustrations de poèmes jusqu'aux célèbres séries de paysages dont les Trente-Six Vues du mont Fuji, marquées par[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Pour citer cet article

Barthélémy JOBERT. LES ESTAMPES JAPONAISES DANS LES COLLECTIONS PARISIENNES (expositions) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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