KOWEÏT

Nom officiel

État du Koweït (KW)

Chef de l'État et du gouvernement

Cheikh Nawaf al-Ahmed al-Sabah (depuis le 30 septembre 2020). Premier ministre : Cheikh Sabah al-Khaled al Hamad al-Sabah (depuis le 19 novembre 2019)

Capitale

Koweït

Langue officielle

Arabe

Unité monétaire

Dinar koweïtien (KWD)

Population (estim.) 4 685 000 (2021)
Superficie 17 818 km²

La manne pétrolière

Le 30 juin 1946, l'émir ouvre la première vanne de pétrole. La production ne cesse de croître pour atteindre plus de 3 millions de barils par jour (Mb/j) en 1973. L'émirat décide alors d'amorcer une baisse de sa production pour ne pas gaspiller cette ressource unique. À partir de 1980, la production koweïtienne est de 1 à 1,3 Mb/j en moyenne et l'émirat, après des années de stratégie autonome, choisit de coordonner sa politique de production avec celle de l'Arabie Saoudite. Les revenus atteignent 18 milliards de dollars en 1980, un record qui va s'émousser rapidement du fait de la baisse de la production et des prix. Sa production en 2008 est de 2,6 Mb/j. Mais, avec 101,5 milliards de barils en réserves pétrolières prouvées (10 p. 100 des réserves mondiales prouvées), l'émirat est en quatrième position mondiale ; avec 72 milliards de barils à lui seul, le champ pétrolifère de Burgan est le deuxième en importance au monde.

Le Kuwait Project (7 milliards de dollars d'investissements, relancé en 2001) vise à développer plus encore la production nationale, en la protégeant de l'Irak et en mettant en place, avec l'aide de partenaires étrangers, un véritable développement pour un secteur pétrolier qui a connu dans les années 1990 une stagnation et un sous-investissement.

Le Koweït s'est distingué par les revenus substantiels générés par ses investissements à l'étranger et qui ont dépassé pendant quelques années ses recettes pétrolières. L'émirat ne s'est pas fait d'illusions sur les chances de diversification sur place de ses revenus. Il a donc été pionnier en matière d'intégration verticale, investissant dans le pétrole, depuis la prospection, au Koweït et ailleurs dans le monde, jusqu'à la distribution – « du puits à la pompe » – en passant par le transport et le raffinage. Dès 1983, il s'est assuré un réseau de distribution propre qui commercialisait les deux tiers de sa production. Au début de 1988, il possédait 5 p. 100 du réseau européen de distribution de pétrole, soit 4 650 stations et une capacité de raffinage de 135 000 barils par jour.

Le Koweït a aussi investi dans l'industrie, dans le domaine foncier et dans l'agriculture, et ce pratiquement sur les cinq continents.

L'émirat n'en a pas moins connu de graves crises de croissance. En 1982 éclatait la crise de Souq al-Manakh, une Bourse parallèle où les chèques postdatés servaient à acheter des actions dans des sociétés fantômes avec des primes de plus en plus élevées. Une spéculation fiévreuse aboutit à un krach énorme (94 milliards de dollars) quand certains titulaires de chèques allèrent les tirer auprès des banques plutôt que de les réinvestir sur ce marché surréaliste. Le gouvernement dut débourser plusieurs milliards pour dédommager les petits porteurs. Par chance, le scandale avait éclaté alors que l'émirat connaissait les bienfaits du second choc pétrolier, et le gouvernement put acheter près de 60 p. 100 des actions à la Bourse de Koweït. L'achat de la compagnie pétrolière américaine Santa Fe à un prix trop élevé a suscité les attaques de l'opposition. Mais, comparé aux autres pays du Golfe, le Koweït était perçu comme un modèle à imiter.

Cette image de marque est fortement ternie dès le lendemain de la libération du pays. Huit mois plus tard, grâce à plusieurs équipes internationales, l'émirat parvient à faire éteindre les feux allumés par les Irakiens avant leur retraite dans 650 puits et à réparer les installations détruites involontairement par la coalition. L'exportation du pétrole reprend très vite, mais l'émirat est secoué par une série de scandales financiers qui mettent en cause d'éminents dirigeants du pays. La facture de la guerre et de l'occupation se[...]

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Écrit par

  • Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
  • Ghassan SALAMÉ : directeur de recherche au C.N.R.S., professeur à l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

Pour citer cet article

Philippe DROZ-VINCENT, Ghassan SALAMÉ, « KOWEÏT », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Koweït : carte physique

Koweït : carte physique

Koweït : carte physique

Carte physique du Koweït.

Koweït : drapeau

Koweït : drapeau

Koweït : drapeau

Koweït (1961). On reconnaît ici les couleurs panarabes sur les trois bandes horizontales et sur le…

Guerre du Golfe : libération du Koweït

Guerre du Golfe : libération du Koweït

Guerre du Golfe : libération du Koweït

En mars 1991, des habitants de Koweït fêtent la libération de la ville après la défaite de l'Irak.

Autres références

  • KOWEÏT, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • ARABIE SAOUDITE

    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT, Ghassan SALAMÉ
    • 101 809 mots
    • 9 médias
    Deux ans plus tard, une nouvelle crise secoue le Golfe avec l'invasion du Koweït par l'Irak (août 1990). Le royaume surmonte rapidement (non sans pressions américaines) sa réticence bien établie à la présence de troupes étrangères sur son territoire et devient en fait le pivot d'une très large coalition[...]
  • ARABIE

    • Écrit par E.U., Robert MANTRAN, Maxime RODINSON
    • 41 870 mots
    L'invasion du Koweït par l'Irak en août 1990 a eu pour conséquence une collaboration étroite, diplomatique et militaire entre les États de la péninsule (à l'exception du Yémen), les États arabes du Proche-Orient (sauf la Jordanie) et les puissances occidentales. La guerre déclenchée le 17 janvier 1991[...]
  • ARAFAT YASSER (1929-2004)

    • Écrit par Nadine PICAUDOU
    • 7 678 mots
    • 1 média
    [...]conflit, dans la bande de Gaza encore occupée par les soldats israéliens, qu'il pose avec son ami Salah Khalaf (le futur Abou Iyad) les bases d'une organisation de résistance qui ne naîtra officiellement qu'en 1959 au Koweït et sera connue sous le nom de Fatah. Il travaille alors[...]
  • AZIZ TAREK (1936-2015)

    • Écrit par E.U.
    • 3 601 mots

    Homme d’État irakien, Tarek Aziz fut vice-Premier ministre (1979-2003) et ministre des Affaires étrangères (1983-1991) dans le gouvernement baasiste de Saddam Hussein.

    Né le 28 avril 1936 dans le nord de l’Irak, près de Mossoul, au sein d’une famille de confession catholique chaldéenne, Tarek[...]

  • C.C.G. (Conseil de coopération du Golfe)

    • Écrit par E.U.
    • 1 608 mots
    • 1 média

    Créé le 26 mai 1981, à l'initiative de Riyad, pour contrer les débordements possibles de la révolution islamique iranienne et limiter les retombées de la guerre Irak-Iran sur les monarchies pétrolières du golfe Persique, le C.C.G. regroupe les Émirats arabes unis, le Koweït[...]

  • Afficher les 16 références

Voir aussi