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KARNAK

Temple de Ramsès III à Karnak, Égypte - crédits :  Bridgeman Images

Temple de Ramsès III à Karnak, Égypte

Derrière leurs hautes enceintes de brique crue, les monuments de Karnak, qui couvrent plus de 100 hectares sur la rive orientale du Nil, constituent encore l'ensemble monumental le plus imposant d'Égypte. Pourtant, jusqu'au milieu du xixe siècle, le site était la proie des carriers, des chaufourniers et des pillards ; bon nombre de ses constructions ont totalement disparu. Des vestiges du Moyen Empire attestent l'importance du site dès cette époque. Amon, supplantant Montou, devient le dieu principal de la région thébaine et bientôt le « roi des dieux ». Désormais, jusqu'à la fin de la civilisation égyptienne, Karnak reste le centre religieux de l'Empire ; son dieu (sous la forme solarisée d'Amon-Rê) et son clergé acquièrent une puissance prodigieuse qui menace l'institution pharaonique elle-même.

Obélisques de Thoutmosis I<sup>er</sup> et de Hatchepsout à Karnak, Égypte - crédits :  Bridgeman Images

Obélisques de Thoutmosis Ier et de Hatchepsout à Karnak, Égypte

La construction la plus importante de l'ensemble de Karnak est le grand temple d'Amon-Rê. Son plan très complexe témoigne des vicissitudes nombreuses de l'histoire pharaonique. L’entrée du temple, à l’ouest, est marquée par un pylône monumental (le premier pylône) donnant accès à une vaste cour. Entre le deuxième et le troisième pylône se dresse la grande salle hypostyle qui mesure 103 mètres de largeur sur 52 mètres de profondeur et qui renferme une forêt de 134 colonnes colossales. Celles de l’allée centrale, d’une hauteur de 22,40 m, sont surmontées de chapiteaux en forme d’ombelles de papyrus épanouis, tandis que celles des bas-côtés, moins éclairés, s’ornent d’une fleur en bouton et mesurent (seulement) 14,74 m.Bien que massives, ces colonnes ne donnent aucune impression de lourdeur ; les noms de Séti Ier et Ramsès II s'y lisent, répétés indéfiniment. Au-delà du IVe pylône commence le sanctuaire proprement dit, comprenant salle hypostyle, reposoir de barque et saint des saints, où s’accomplissaient les rituels de culte.

Karnak, Égypte - crédits :  Bridgeman Images

Karnak, Égypte

Colonne du temple d'Amon-Rê, Karnak - crédits : Renaud de Spens

Colonne du temple d'Amon-Rê, Karnak

Temple d'Opet (détail), Karnak - crédits : Renaud de Spens

Temple d'Opet (détail), Karnak

L'axe nord-sud, quant à lui, correspond à une immense allée processionnelle faisant alterner cours et pylônes. Un vaste lac sacré correspond au plan de la nappe d'eau primordiale ; des cérémonies rituelles pouvaient y être célébrées. De très nombreux édifices secondaires complètent le grand temple d'Amon, à l'intérieur de l'enceinte de celui-ci ou à proximité : chapelles d'Osiris, expression de cultes populaires, dédiées en particulier par les Divines Adoratrices, temple de Ptah, temple d'Opet.

Temple de Khonsou, Karnak, Égypte - crédits : G. Sioen/ De Agostini/ Getty Images

Temple de Khonsou, Karnak, Égypte

C'est dans l'enceinte d'Amon que se trouvait le temple du dieu-enfant de la triade, Khonsou. D'une ordonnance régulière, il offre un plan en quelque sorte classique. Plus au sud, une vaste enceinte groupait les édifices dédiés à la déesse-épouse Mout ; le temple principal domine un lac en demi-cercle. De très nombreuses statues de lionnes semblent garder encore aujourd'hui ces ruines qui restèrent longtemps abandonnées, mais qui peu à peu sortent de l’oubli grâce aux fouilles menées depuis la fin des années 1970 par la Mut Expedition sous l’égide du Brooklyn Museum de New York.

— Jean LECLANT

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Écrit par

  • : secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

Classification

Pour citer cet article

Jean LECLANT. KARNAK [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Temple de Ramsès III à Karnak, Égypte - crédits :  Bridgeman Images

Temple de Ramsès III à Karnak, Égypte

Obélisques de Thoutmosis I<sup>er</sup> et de Hatchepsout à Karnak, Égypte - crédits :  Bridgeman Images

Obélisques de Thoutmosis Ier et de Hatchepsout à Karnak, Égypte

Karnak, Égypte - crédits :  Bridgeman Images

Karnak, Égypte

Autres références

  • AKHENATON ou AMÉNOPHIS IV (XIVe s. av. J.-C.)

    • Écrit par Christiane DESROCHES-NOBLECOURT
    • 1 705 mots
    • 4 médias
    ...où l'Égypte a pris de profonds contacts avec ses voisins, et doit maintenant tenir compte de l'évolution interne du pays. Dans le site désormais appelé Karnak, une cité de temples, au cœur desquels trône la demeure d' Amon, était le fief des grands prêtres du dieu dynastique. À l'est de cette enceinte,...
  • AMON

    • Écrit par Universalis, Yvan KOENIG
    • 757 mots
    • 3 médias

    D'origine obscure — hermopolitaine ou thébaine —, le dieu égyptien Amon n'est d'abord qu'une divinité tout à fait secondaire, à la fonction mal définie. Son extraordinaire faveur fut liée à l'ascension des princes thébains. Dieu dynastique sous la XIIe dynastie,...

  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'archéologie

    • Écrit par Jean LECLANT
    • 9 512 mots
    • 9 médias
    ...Haute Égypte, fut à son époque la plus glorieuse, celle du Nouvel Empire (vers 1550-1070 av. J.-C.), l'un des lieux majeurs de l'histoire égyptienne. À Karnak, le grand temple dynastique, avec ses annexes, mériterait à lui seul une longue étude, tant sa prospection a été l'objet de travaux – et pourtant...
  • ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - L'art

    • Écrit par Annie FORGEAU
    • 11 453 mots
    • 30 médias
    ...prédécesseurs, les souverains de la Troisième Période intermédiaire (1069-664 av. J.-C.) et de la Basse Époque (664-332 av. J.-C.) ont été d'actifs bâtisseurs. Karnak continue d'être l'objet de leurs soins (cour à portique des Bubastites à l'ouest du deuxième pylône, kiosques reposoirs aux colonnes campaniformes...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi