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MONTAÑÉS JUAN MARTÍNEZ (1568-1649)

Celui qui devait devenir le maître incontesté de l'école sévillane de sculpture baroque arriva dans la capitale de la basse Andalousie un peu avant 1587. Jusqu'à sa mort, il ne devait plus quitter cette ville, qui était alors un des principaux centres commerciaux du monde et plus spécialement un immense marché artistique. La production de Montañés, presque exclusivement religieuse, épousa les exigences de la dévotion du temps. Elle comprend des retables aussi bien que des statues isolées. Cependant Montañés n'a pas toujours conçu personnellement l'architecture de ses grands décors d'autel. De même, il confia fréquemment à des aides le soin de compléter les ensembles sculptés dont il se bornait personnellement à exécuter les morceaux les plus prestigieux. En outre, il s'assurait le service de peintres, comme Pacheco, pour donner leur polychromie à ses propres statues. Toutes ces collaborations étaient surveillées de très près par un maître autoritaire et avide de perfection.

L'influence de la Renaissance demeure très forte sur la plus ancienne de ses grandes sculptures, Le Christ de la clémence (1603-1605), de la cathédrale de Séville. Le corps de Jésus, traité avec un soin extrême, est d'une grande perfection formelle. Cependant sur le visage torturé, mais rempli d'une infinie compassion, apparaît une profonde sensibilité religieuse, qui se développa durant toute la période de maturité du sculpteur, entre 1603 et 1620. Celle-ci est dominée par le retable du maître-autel de San Isidoro del Campo (1609-1620), l'ancien couvent hiéronymite de Santiponce, dans les environs de Séville, tout près des ruines d'Italica. L'œuvre vaut moins par sa qualité architecturale — bien que le dessin en ait été fourni par Montañés lui-même — que par la maîtrise dont témoigne la statuaire, et spécialement le Saint Jérôme. L'observation directe de la nature élimine tout ce qu'il pouvait encore y avoir de maniérisme dans la production antérieure. À la même veine appartiennent les reliefs latéraux de L'Adoration des Bergers et de L'Adoration des Mages, conçus largement et harmonieusement composés.

Après une période d'activité réduite, entre 1620 et 1630, Montañés adopte le style baroque. Il effectue donc à Séville la mutation opérée au même moment à Valladolid par Gregorio Fernández. Il sculpte surtout, désormais, des statues isolées comme la très belle Immaculée Conception de la cathédrale de Séville, aussi admirée des artistes que vénérée par le peuple, ou le Saint Bruno du musée des Beaux-Arts de la ville (1638), une œuvre rayonnante de vie intérieure comme les plus inspirées des créations de Zurbarán.

— Marcel DURLIAT

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail

Classification

Pour citer cet article

Marcel DURLIAT. MONTAÑÉS JUAN MARTÍNEZ (1568-1649) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANDALOUSIE

    • Écrit par Michel DRAIN, Marcel DURLIAT, Philippe WOLFF
    • 10 381 mots
    • 17 médias
    Le génie de l'école sévillane, Juan Martínez Montañés (1568-1649), fut célébré par ses contemporains comme le « dieu du bois » et la postérité a ratifié cette consécration. Il réalisa le passage de la Renaissance au réalisme, au cours d'une évolution qui est marquée par le Christ...
  • PASOS, sculpture

    • Écrit par Marcel DURLIAT
    • 982 mots

    On désigne du nom de pasos, les statues isolées ou les groupes de statues portés à dos d'homme au cours des processions de la semaine sainte en Espagne. On a discuté sur l'étymologie du terme. Deux hypothèses sont avancées : ce sont des pasos soit parce qu'ils passent,...

Voir aussi