Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GALLIENI JOSEPH-SIMON (1849-1916)

L’outre-mer

En 1872 commence la carrière coloniale de Gallieni. Il est d’abord affecté pour trois ans à la Réunion, puis rejoint le Sénégal, où il mène plusieurs missions de reconnaissance et de délimitation vers l’intérieur des terres (1877-1881). Officier modèle, il est promu capitaine en 1878. L’année suivante, il prend la tête de la Direction des affaires politiques du Sénégal et conduit l’avancée française en direction du Niger, en installant un poste à Bafoulabé. En 1880, Gallieni dirige une mission diplomatique à Ségou, capitale du souverain Ahmadou, fils d’El Hadj Omar et principal adversaire des Français dans la région. L’objectif est d’ouvrir aux établissements français du Sénégal (notamment Médine et Bakel) de nouveaux débouchés commerciaux dans l’intérieur des terres. La mission résiste à un guet-apens tendu par les Bambara à Dio le 4 novembre 1880, mais Gallieni est fait prisonnier. La signature du traité de Nango entérine le protectorat exclusif de la France sur les terres d’Ahmadou, territoire désigné par les autorités coloniales sous le nom de Soudan français. Après plusieurs mois de captivité, Gallieni revient en France en 1881, auréolé du succès de sa mission, largement relayé par les sociétés de géographie métropolitaines, auprès desquelles il multiplie les conférences. En poste à Toulon, il rencontre Marthe Savelli, fille d’un des riches propriétaires de Saint-Raphaël, qu’il épouse le 27 août 1882.

De mai 1883 à mai 1886, Gallieni est affecté à la Martinique, séjour durant lequel il rédige son Voyage au Soudan. En 1886, il est rappelé au Soudan français comme commandant supérieur du Haut-Fleuve ; la même année, il est promu lieutenant-colonel. Jusqu’en 1888, Gallieni s’attache à réprimer les résistances africaines à la colonisation. C’est surtout sa campagne contre Samory Touré, émir du Wassoulou, qui dirige un État puissant dans la région du haut Niger et de ses affluents, qui lui apporte la gloire. Cette campagne est caractérisée par l’importance des effectifs africains recrutés localement, qui constituent l’essentiel du contingent français : ce procédé sera constamment réutilisé par Gallieni dans les différents territoires coloniaux. En 1887, Gallieni parvient à signer un traité avec Samory par lequel ce dernier place ses États sous le protectorat de la France. Durant les quelques années qu’il passe ensuite en métropole (de 1888 à 1892), Gallieni manifeste sa distance à l’égard des crises qui agitent le pays. Officier discipliné et profondément attaché au régime républicain, il se tient soigneusement à l’écart du boulangisme. Il profite de son séjour en France pour obtenir le brevet de l’École de guerre en 1889 et pour rédiger ses souvenirs de campagne au Soudan, qui paraissent en 1891. Il y expose les fondements de sa politique coloniale, qui repose sur l’organisation des territoires conquis par la mise en place d’une administration indirecte et de l’impôt personnel, et sur la construction de postes, de forts et de routes.En mars 1891, il est promu colonel et, en septembre 1892, il embarque pour le Tonkin. Il consacre les quatre années suivantes à « pacifier » le territoire, en employant, outre les méthodes mises au point au Soudan, celle de la « tache d’huile », qui consiste à occuper effectivement le pays en le quadrillant de petits postes français et en l’intégrant peu à peu dans un réseau administratif aux mailles serrées. Dans cette tâche, il est secondé par Lyautey, qui lui voue une admiration durable.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteure en histoire, rattachée au Centre d'histoire du XIXe siècle, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Stéphanie SOUBRIER. GALLIENI JOSEPH-SIMON (1849-1916) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Gallieni - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Gallieni

Autres références

  • GUERRE MONDIALE (PREMIÈRE)

    • Écrit par Marc FERRO
    • 12 473 mots
    • 51 médias
    ...une autre surprise. Avançant au-delà de la Somme, von Kluck et von Bülow n'avaient pas réussi à envelopper l'aile gauche des armées franco-anglaises ; Gallieni invita alors Joffre et French à tenter un coup d'arrêt par une percée sur la Marne. Joffre avait réussi à ramener assez d'effectifs devant Paris...
  • LYAUTEY LOUIS HUBERT GONZALVE (1854-1934)

    • Écrit par Jean-Marcel CHAMPION
    • 768 mots
    • 2 médias

    Fils d'un ingénieur des Ponts et Chaussées, issu lui-même d'une famille d'officiers, Lyautey naît dans un milieu d'aristocratie et de grande bourgeoisie lorraine dont il conservera toujours les sentiments monarchiques ainsi que le sens de l'autorité et de la hiérarchie qu'il équilibre, sous l'influence...

  • MADAGASCAR

    • Écrit par Marie Pierre BALLARIN, Chantal BLANC-PAMARD, Hubert DESCHAMPS, Bakoly DOMENICHINI-RAMIARAMANANA, Universalis, Paul LE BOURDIEC, David RASAMUEL
    • 35 132 mots
    • 11 médias
    Pendant neuf ans (1896-1905), le général Gallieni, secondé un temps par le colonel Lyautey, imprime sa marque à la colonisation. Il se comporte en véritable proconsul de la République française, attachant définitivement son nom à l'histoire moderne de Madagascar. Jusqu'en 1972, sa statue équestre (retirée...
  • MARNE PREMIÈRE BATAILLE DE LA (6-12 sept. 1914)

    • Écrit par Universalis
    • 406 mots

    Offensive conjuguée, du 6 au 12 septembre 1914, de l'armée française et du corps expéditionnaire britannique, la première bataille de la Marne arrête la progression des Allemands qui ont envahi la Belgique et le nord-est de la France et se trouvent alors à moins de 50 kilomètres de ...

Voir aussi