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RUSKIN JOHN (1819-1900)

Rossetti et Ruskin - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Rossetti et Ruskin

Écrivain, critique d'art et réformateur social, Ruskin eut une influence considérable sur le goût de l'Angleterre victorienne et s'opposa aux doctrines économiques de l'école de Manchester. Dans ses ouvrages sur l'économie, la violence et l'amertume sont souvent comparables à celles de Swift. Ses réflexions sur l'art furent accueillies avec enthousiasme et respect ; sa critique sociale souleva, en revanche, une réprobation mêlée de crainte. Professeur d'art à Oxford, il partagea son temps entre l'enseignement et le mécénat.

La sensibilité de Ruskin trouve son expression dans un style solennel et orné, aux cadences oratoires. De puissantes affinités électives unissaient Ruskin à Proust, qui traduisit La Bible d'Amiens et Sésame et les lis. Proust décrit ainsi l'effet décisif de la révélation de Ruskin sur sa propre conception de l'art et de la vie : « Mon admiration pour Ruskin donnait une telle importance aux choses qu'il m'avait fait aimer qu'elles me semblaient chargées d'une valeur plus grande même que celles de la vie. »

Éducation et formation

John Ruskin naquit à Londres et mourut à Brantwood, dans la région des Lacs. Ses parents, d'origine écossaise, entourèrent d'infinies précautions l'éducation de leur fils et le choix de ses maîtres. Ils lui permirent de développer son goût et son intelligence. Le père, négociant en vins, s'intéressait aux classiques anglais du xviiie siècle et à la peinture. Il aimait visiter les musées, en particulier la Dulwich Gallery et les collections privées, et fit donner à son fils des leçons par l'aquarelliste Copley Fielding. La mère, d'un puritanisme rigide, fit étudier la Bible à son fils, mais encouragea également son goût pour la musique, le dessin, l'observation de la nature. Toute sa première éducation se fit chez ses parents. Ruskin a décrit ces années de jeunesse dans sa dernière œuvre, Praeterita (Londres, 1885-1900). À partir de quatorze ans, il accompagna ses parents dans plusieurs voyages en Europe, en Flandre, sur les bords du Rhin, dans la Forêt-Noire, et dans les Alpes. D'une précocité remarquable, il commença à écrire à sept ans, et composa des drames et des poèmes à l'imitation de Pope, Byron, Walter Scott et Shelley. En mars 1834, le Magazine of Natural History accepta sa première publication, un essai sur les montagnes et le Rhin. En 1836, Ruskin partit étudier à Oxford, sous la surveillance de sa mère. Il y obtint le prix de poésie Newdigate, et se mit à collectionner les peintures de Turner. En 1837, il publia dans l'Architectural Magazine une série d'articles sur The Poetry of Architecture, inspirés par l'apôtre du néo-gothique, A. W. Pugin. De 1843 à 1860 se poursuivit la publication des cinq volumes de Modern Painters, qui eut un succès considérable.

— Claude JACQUET

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Pour citer cet article

Pierre GEORGEL et Claude JACQUET. RUSKIN JOHN (1819-1900) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Rossetti et Ruskin - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Rossetti et Ruskin

Autres références

  • RELIRE RUSKIN (ouvrage collectif)

    • Écrit par François-René MARTIN
    • 983 mots

    C'est un Ruskin démultiplié que l'on découvre dans cet ouvrage collectif. Prenant place dans la collection « Principes et théories de l'histoire de l'art », publiée par le musée du Louvre et l'École nationale supérieure des beaux-arts, Relire Ruskin (2003) vient...

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature

    • Écrit par Elisabeth ANGEL-PEREZ, Jacques DARRAS, Jean GATTÉGNO, Vanessa GUIGNERY, Christine JORDIS, Ann LECERCLE, Mario PRAZ
    • 28 170 mots
    • 30 médias
    ...sociale moderne dans Past and Present (1843). Enthousiaste de la littérature allemande, Carlyle en continua la divulgation commencée par Coleridge ; John Ruskin (1819-1900) combattit la menace de laideur issue de la civilisation industrielle (Unto this Last, 1860) et les conventions révolues de l'art...
  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Architecture

    • Écrit par Monique MOSSER
    • 7 827 mots
    • 30 médias
    ...sir Gilbert Scott (1811-1878), l'auteur de l'Albert Memorial et de l'hôtel St. Pancras. Ce moment du gothique fut en partie dominé par les théories de John Ruskin (1819-1900). Dans ses livres (Les Sept Lampes de l'architecture, Les Pierres de Venise), il développe une conception éthique et mystique...
  • ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - Architecture et société

    • Écrit par Antoine PICON
    • 5 782 mots
    ...de ce genre d'utopie, la critique anglo-saxonne des méfaits de l'industrialisation atteint son paroxysme sous la plume de l'esthète et critique d'art John Ruskin (1819-1900) qui se fait le chantre d'un Moyen Âge caractérisé par une harmonie profonde entre organisation sociale et processus de production....
  • CARLYLE THOMAS (1795-1881)

    • Écrit par Michel FUCHS
    • 1 713 mots
    ...voir une préfiguration du nazisme. Les ambiguïtés ne disparaissent pas pour autant ; car si le héros est le « sage » donné en exemple, un peu comme pour Ruskin, chez qui les distinctions sociales deviennent métaphores morales, il est aussi celui que la masse des hommes ne peut imiter, quand bien même elle...
  • Afficher les 14 références

Voir aussi