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HICKS JOHN RICHARD (1904-1989)

Économiste britannique, Hicks a mené de front des activités de professeur (à l'université de Manchester jusqu'en 1946, puis, à partir de 1952, au All Souls College à Oxford) et la rédaction de nombreux ouvrages de qualité.

Dès 1932, il publie La Théorie des salaires (Theory of Wages), où il développe sa conception des « inventions induites » ; selon lui, les entrepreneurs sont peu enclins à consacrer des efforts à la recherche d'améliorations techniques et d'innovations dans une conjoncture caractérisée par un taux de chômage élevé. Il dégage les implications fâcheuses de cette situation.

Bien que se classant parmi les tenants de l'école néo-classique, il remet en cause le modèle d'équilibre général de Walras, et ses recherches sur ce problème lui permettent d'écrire, dans Value and Capital (1939), qu'« il s'agit en l'occurrence de l'effondrement de la presque totalité de l'équilibre général ». Toutefois, loin de renier l'ensemble des principes posés par les classiques, il procède à un approfondissement de leurs enseignements.

Hicks a porté ses recherches sur des problèmes très variés. Après avoir abordé la question des salaires et les divers aspects de l'équilibre économique, il se consacre à l'analyse : du cycle des affaires (A Contribution to the Theory of the Trade Cycle, 1950) ; de l'utilité et de la demande (A Revision of Demand Theory, 1956) ; de la croissance (Capital and Growth, 1965) ; de la monnaie (Critical Essays in Monetary Theory, 1967) ; et, dans son livre le plus récent, du capital (Capital and Time, 1973).

Dans A Contribution to the Theory of the Trade Cycle, il reprend le modèle élaboré par Samuelson, qu'il affine en y introduisant plusieurs conceptions, en particulier sur le rôle que joue le plein-emploi dans la limitation des fluctuations économiques. Il met l'accent sur les incidences des tensions inflationnistes sur le déroulement des cycles économiques.

Il est également l'auteur, avec A. Hansen, d'un schéma devenu d'usage courant sous le nom de modèle IS-LM, qui exprime l'articulation entre les variations de la politique budgétaire et celles de la politique monétaire. Le revenu national est porté en abscisses, le taux d'intérêt en ordonnées sur un graphique qui comporte deux courbes retraçant l'une (décroissante) les relations entre l'épargne et les investissements (IS, Investment/Saving), l'autre (croissante) entre l'offre et la demande de monnaie (LM, Liquidity/Money). À une baisse du taux d'intérêt correspond une augmentation des investissements et, en conséquence, une hausse du revenu national. Une action des pouvoirs publics sur le taux d'intérêt aboutit donc à une modification du revenu national, qui est produite par le jeu de deux mécanismes : en premier lieu, les variations du taux d'intérêt déplacent le niveau des investissements dans un sens inverse ; d'autre part, l'effet multiplicateur déjà évoqué amplifiera les conséquences des variations des investissements sur le revenu national, en raison des « dépenses induites ».

Instrument d'analyse, ce schéma permet de saisir un ensemble complexe de phénomènes économiques. Samuelson a pu écrire : « Il réalise la synthèse des politiques monétaire et budgétaire, et aussi de la théorie de la monnaie ; il contribue en outre à faire la synthèse des conceptions classiques et keynésienne de la macro-économie, en nous dotant d'une théorie nette et générale de la vitesse de circulation de la monnaie. »

L'ensemble de cette œuvre a été couronnée en 1972 : le jury de Stockholm a décerné à Hicks (en même temps qu'à l'Américain K. Arrow) le prix Nobel de sciences économiques.

— Christine BARTHET

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Écrit par

  • : licenciée en droit, diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

Pour citer cet article

Christine BARTHET. HICKS JOHN RICHARD (1904-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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