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THOMAS JESS (1927-1993)

Après un siècle d'omniprésence allemande et scandinave, Jess Thomas restera dans l'histoire du chant wagnérien comme le premier Heldentenor américain à s'être imposé à Bayreuth.

Jess Floyd Thomas naît à Hot Springs (Dakota du Sud), le 4 août 1927, et reçoit une formation de psychologue à l'université du Nebraska et à celle de Stanford (Californie). Puis il se consacre au chant, qu'il étudie avec Otto Schulman, et débute en 1957 à l'Opéra de San Francisco dans le rôle du Majordome (Le Chevalier à la rose de Richard Strauss). En 1958, il vient en Europe pour travailler avec Emmy Seiberlich et entre dans la troupe de l'Opéra de Karlsruhe, où il restera jusqu'en 1961. Dès 1960, il est invité à l'Opéra de Stuttgart. Un an plus tard, il débute à Bayreuth dans le rôle-titre de Parsifal sous la direction de Hans Knappertsbusch. Il y chante ensuite Lohengrin, Walther von Stolzing (Les Maîtres chanteurs de Nuremberg), Tannhäuser et Siegfried jusqu'en 1969, puis, en 1976, pour le centenaire de la création de la Tétralogie. Toujours en 1961, il est invité à la Deutsche Oper de Berlin (Radamès dans la production d'Aïda réalisée par Wieland Wagner). Il fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York en 1962 (Walther von Stolzing) et y chante régulièrement au cours des douze saisons suivantes (quatre-vingt-dix-sept représentations autour de quinze rôles). En 1963, il débute à l'Opéra de Munich (l'Empereur dans La Femme sans ombre de Richard Strauss), dont il deviendra Kammersänger. L'année suivante, il chante pour la première fois à l'Opéra de Vienne (l'Empereur) et au festival de Salzbourg (Bacchus dans Ariane à Naxos de Richard Strauss). Il participe à l'inauguration de la nouvelle salle du Met au Lincoln Center en 1966 (création d'Antony and Cleopatra de Samuel Barber). L'Opéra de Paris l'accueille en 1967 (Siegmund) et en 1972 (Tristan), Covent Garden de 1969 à 1971. Herbert von Karajan lui confie le rôle de Siegfried dans la production de la Tétralogie réalisée au festival de Pâques de Salzbourg (1969-1970). À partir de 1975, il chante à l'Opéra de Zurich. Il fait ses adieux à la scène en 1982. Il meurt à San Francisco, le 11 octobre 1993.

Jess Thomas a incontestablement dominé le répertoire wagnérien pendant les années 1960 et le début des années 1970. Wieland Wagner en avait fait son ténor de prédilection, véritable passeport qui lui a ouvert la porte des théâtres lyriques du monde entier. Au sommet de ses moyens vocaux, il possédait une voix puissante, mais un peu métallique, qui a malheureusement perdu assez tôt de son éclat. Son intelligence musicale et scénique a marqué un tournant dans l'approche dramatique des héros wagnériens. En dehors des grands rôles de Wagner et de Richard Strauss, il s'est illustré dans Florestan (Fidelio de Beethoven), Radamès et Samson. Il se produisait parfois au concert, mais essentiellement avec orchestre (lieder de Mahler, Requiem de Verdi ou Neuvième Symphonie de Beethoven). Il a laissé un livre de souvenirs, Kein Schwert verhieß mir der Vater. Das Opernbuch meines Lebens (avec Kurd P. Judman ; Paul Neff, Vienne, 1986).

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Pour citer cet article

Alain PÂRIS. THOMAS JESS (1927-1993) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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