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ZAY JEAN (1904-1944)

Jean Zay, l’un des plus brillants hommes politiques de la jeune génération de l’entre-deux-guerres, devait mourir à quarante ans, assassiné par la Milice du régime de Vichy.

Issu d’une famille de juifs alsaciens ayant opté pour la France en 1871 et venue s’installer à Orléans, Jean Zay, né le 6 août 1904, est élevé, comme sa sœur, dans la religion protestante, celle de leur mère. Fils de Léon Zay, rédacteur en chef du journal radical Le Progrès du Loiret, il est imprégné, dès sa jeunesse, des valeurs républicaines et, parallèlement aux études de droit qu’il entreprend et qui vont le conduire au métier d’avocat, il se montre très tôt attiré par la politique. Il milite d’abord aux Jeunesses laïques et républicaines qui rassemblent les étudiants de gauche de sa génération, et, tout naturellement, adhère au Parti républicain, radical et radical-socialiste (ou, plus communément, Parti radical) qui, dans les années 1920, fait figure de grand parti de la gauche française. Engagement confirmé en quelque sorte par son entrée en franc-maçonnerie, au Grand Orient de France, en 1926. Toutefois, au sein de cette mouvance traditionnelle de la gauche française, Jean Zay est aussi l’un des représentants de la jeune génération venue à la politique dans les années qui suivent la Première Guerre mondiale et qui ne se satisfait pas des positions d’une formation politique née au début du xxe siècle. Aussi figure-t-il, au côté d’hommes comme Pierre Cot ou Pierre Mendès France, dans les rangs de l’aile gauche des Jeunes radicaux qui entendent rénover le programme de leur parti pour l’adapter à la situation nouvelle issue de la guerre. À ce titre, il participe, à partir de 1931, à tous les congrès nationaux du Parti radical pour y défendre les vues de ce groupe et y apparaît vite comme une des étoiles montantes du parti. C’est que, dès 1932, Jean Zay est élu député du Loiret et réélu en 1936. Il joue alors un rôle essentiel dans la formation du Front populaire en étant désigné en 1935 comme rapporteur général du congrès qui précède le scrutin de 1936 et qui, sur sa proposition, ratifie l’adhésion des radicaux au Rassemblement populaire.

Devenu une personnalité de premier plan, il voit s’ouvrir à lui une carrière ministérielle. Dès janvier 1936, à trente-deux ans, il devient, comme sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil du second cabinet Albert Sarraut, le plus jeune ministre de la IIIe République. Mais il va donner toute la mesure de ses capacités en étant nommé par Léon Blum, en juin 1936, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du premier gouvernement de Front populaire et en conservant ce poste sous les divers gouvernements qui se succèdent jusqu’en 1939. Homme de gauche, il réforme le système d’enseignement avec la volonté de corriger les inégalités d’origine sociale et en établissant la sélection par le mérite. Il prolonge la scolarité obligatoire de treize à quatorze ans, limite à trente-cinq le nombre d’élèves par classe, rend l’éducation physique obligatoire, généralise la médecine préventive pour les étudiants et crée un Comité supérieur des œuvres sociales en faveur des étudiants. Il dépose un projet de loi créant une École nationale d’administration qui ne verra le jour qu’après la guerre ; il est également l’initiateur du Centre national de la recherche scientifique. Comme ministre des Beaux-Arts, il donne l’impulsion à la création du musée d’Art moderne et du musée national des Arts et Traditions populaires, et dépose un projet de statut du cinéma français et prépare pour septembre 1939 le premier festival de Cannes.

Mais, fidèle à l’esprit du Front populaire, Jean Zay, s’il poursuit son œuvre ministérielle, est de plus en plus mal à l’aise dans des gouvernements qui, à partir de juin 1937 et de la chute du gouvernement Blum,[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

Pour citer cet article

Serge BERSTEIN. ZAY JEAN (1904-1944) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FRANCE (Arts et culture) - L'art public

    • Écrit par Caroline CROS, Universalis
    • 3 242 mots
    • 1 média
    Il faut attendre les années 1930 et l'arrivée de Jean Zay au ministère de l'Éducation nationale pour constater les premiers signes avant-coureurs d'un retour de l'art dans l'espace public. Entouré de Jean Cassou, de Georges Huisman et de Louis Hautecœur, le ministre relance la commande publique...
  • OCÉANOGRAPHIE

    • Écrit par Patrick GEISTDOERFER
    • 10 052 mots
    • 11 médias
    Préparée par Jean Zay – ministre de l’Éducation nationale du Front populaire (poste qu’il conserve jusqu’à sa démission en septembre 1939 pour rejoindre l’armée française au combat) – et Jean Perrin – prix Nobel de physique en 1926 et sous-secrétaire d’État à la recherche –, la fondation...

Voir aussi