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ISOPTÈRES

Nidification

Les termites ne vivent pas à l'air libre, mais habitent des nids où l'air demeure calme et où le degré hygrométrique reste toujours élevé (plus de 50 p. 100 d'humidité rémanente). La lumière n'y pénètre jamais, et la teneur en gaz carbonique est importante. Les termites savent parfois maintenir sa constance.

Tous les degrés dans l'art de bâtir s'observent chez les termites ; mais ce ne sont pas obligatoirement les espèces les plus évoluées qui construisent les édifices les plus complexes et les mieux organisés : on ne peut donc pas établir une phylogénie fondée sur la seule considération des nids. Certaines espèces se cantonnent dans le bois où elles creusent leurs galeries ; c'est le cas de Kalotermes flavicollis. D'autres, comme Reticulitermes lucifugus, ont des nids mixtes qui s'étendent dans le bois et dans la terre. Ces deux espèces (les seules qui vivent dans la France méridionale) sont très nuisibles, mais n'ont pas de nids spectaculaires. En revanche, les espèces tropicales fabriquent des nids compliqués, parfois entièrement souterrains, comme les Odontotermes ou les Apicotermes africains qui sont les plus habiles des Insectes bâtisseurs. Les ouvriers utilisent essentiellement du mortier stercoral ; ils défèquent au point voulu de l'édifice, puis triturent la pâte avec les appendices buccaux, l'étalent et la lissent. Leur nid enfoui dans le sol est composé d'étages reliés entre eux par une rampe hélicoïdale placée en leur centre. Ce nid extrêmement complexe est formé chez Apicotermes lamani de plusieurs unités (de 2 à 5) ou calies (de 30 cm de diamètre environ) communiquant entre elles par des galeries (nid polycalique). La construction de la calie ne résulte pas de l'agrandissement progressif d'un nid de petite taille, mais elle se fait du haut vers le bas dans une cavité préalablement creusée à la mesure de la future calie. Cette manière très particulière de procéder met souvent en défaut la logique humaine (P.-P. Grassé, 1981).

D'autres espèces font des nids mixtes souterrains et épigés. C'est le cas des Bellicositermes dont les nids sont sans doute les plus compliqués que construisent des animaux : celui de B. natalensis atteint quatre mètres de hauteur et quinze mètres de circonférence à la base. À l'intérieur du sol est d'abord édifié l'habitacle, isolé de la terre qui l'entoure par une cavité et porté par des piliers. Puis, au-dessus du sol, est érigée la muraille au-dedans de laquelle l'habitacle qui s'est accru est suspendu par des lamelles latérales, remplaçant les piliers.

D'autres espèces enfin, comme Amitermes evuncifer d'Afrique occidentale, font des nids mixtes qui atteignent cinq mètres de haut et s'appuient toujours à des arbres morts. Leur structure est alvéolaire, moins complexe que dans le cas précédent, mais leur population peut comprendre dix millions d'individus. Amitermes meridionalis d'Australie est connu sous le nom de « termite-boussole » : son nid épigé, qui a quatre mètres de haut et trois mètres de large mais dont l'épaisseur est limitée à un mètre, a l'aspect d'un mur, et il est toujours orienté nord-sud, les deux grandes faces étant tournées l'une vers l'est et l'autre vers l'ouest.

Certains termites enfin font des nids arboricoles, entièrement libérés du sol. C'est le cas de nombreuses espèces de Nasutitermes, comme N. arborum d'Afrique qui maçonne sur les branches des nids sphériques de structure alvéolaire ou comme N. graveolus d'Australie qui les colle contre le tronc.

— Robert GAUMONT

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Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Robert GAUMONT. ISOPTÈRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TERMITE

    • Écrit par Catherine BLAIS
    • 450 mots

    Insecte social, vivant surtout dans les régions tropicales, capable de construire les édifices les plus importants du règne animal.

    Classe : Insectes ; ordre : Isoptères

    Les termites, représentés par quelque 2 000 espèces, constituent l'ordre des Isoptères (« à ailes égales »). Leurs...

  • FLAGELLÉS

    • Écrit par Robert GAUMONT
    • 4 582 mots
    • 9 médias
    Ces Flagellés représentent jusqu'au tiers du poids total de leur hôte. Leur présence est liée au régime alimentaire xylophage del'insecte, à la vie sociale et à l'existence d'une vaste dilatation rectale où stagnent des aliments. On retrouve d'ailleurs ces Flagellés dans le tube digestif d'une...
  • GRASSÉ PIERRE-PAUL (1895-1985)

    • Écrit par Jean PIVETEAU
    • 1 047 mots

    Savant hors pair, Pierre-Paul Grassé, né à Périgueux le 27 novembre 1895, fut un des rares naturalistes à qui n'échappa aucun domaine du monde vivant, aucun problème que celui-ci soulève. Ce qui caractérise son œuvre si diverse, ce qui en fait l'originalité et en souligne la profondeur, c'est que toujours,...

  • NÉOTÉNIE

    • Écrit par Lieba LAZARD
    • 1 687 mots
    La néoténie a été particulièrement bien étudiée chez les Isoptères (termites), chez qui elle est occasionnelle et peut affecter les deux sexes. Si une colonie de termites se trouve privée de l'un des deux seuls individus sexués de la collectivité – son roi ou sa reine – ou des deux, alors apparaissent...
  • STIGMERGIE

    • Écrit par Pierre-Paul GRASSÉ
    • 1 333 mots

    On désigne sous le terme de stigmergie un ensemble de réactions automatiques qu'exécutent des groupes d' Insectes sociaux, aboutissant à une œuvre cohérente, exigeant apparemment une étroite corrélation entre les actes. Les enveloppes en forme de montgolfière de certains guêpiers, les rayons...

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Voir aussi